Magnifique idée que celle du tableau, le nouveau film de Jean-François Laguionie. Les personnages d’une toile de maître inachevée ne parviennent pas à comprendre pourquoi certains d’entre eux sont Toupins, d’autres Pafinis et les derniers, les Reufs, carrément à peine esquissés. Tandis que les plus achevés prennent le pouvoir et font régner la terreur, les autres vivent mal cette injustice. Les circonstances amèneront trois d’entre eux à partir à la recherche du peintre pour avoir une explication. En chemin, ils croiseront d’autres créatures peintes, d’autres passions du Peintre, Venise et ses mystères… Véritable film d’aventure au coeur d’un décor sidérant de beauté, ce film très poétique est aussi une manière de se familiariser à la peinture et à la lecture des images. C’est dommage que la toute fin ne soit plus à la hauteur de ce sublime livre d’images aux enjeux aussi sociaux qu’artistiques.
La rébellion adolescente peut prendre des formes étranges. C’est le propos de 17 filles de Delphine et Muriel Coulin. Dans leur premier film, elles transposent un fait divers américain en Bretagne. Et en profitent pour interroger le féminin. Passionnant.
Martin Scorsese a de la mémoire. Il avait déjà rendu un vibrant hommage aux films fondateurs du cinéma américain et un autre, plus médiocre, au cinéma italien. Là, il s’intéresse là aux tout-débuts du septième art et donc au cinéma français. Pas aux frères Lumière tournés vers le documentaire, mais à l’inventeur du spectacle cinématographique, Georges Méliès. Et, comme Martin Scorsese est aussi un fabuleux conteur, il choisit évidemment une fiction pour rendre cet hommage. En adaptant « L’invention de Hugo Cabret », livre signé Brian Selznick, il rejoint sans fausse note l’univers déjantée et merveilleux du créateur des premiers effets spéciaux.
Hugo Cabret est un jeune orphelin qui vit dans une gare. Le seul héritage que lui a laissé son père, horloger, avant de mourir est un vieil automate qu’il peinait à réparer. Une machine de forme humaine, extraordinaire, capable d’écrire. Le jeune garçon n’a qu’une idée en tête : remettre ce robot en état de marche pour enfin capter le message que son père lui a sûrement laissé avant de partir. En fait, c’est un univers entier qu’il va découvrir, celui du magicien du cinéma, Georges Méliès.
De Méliès, il reste aujourd’hui assez de peu de choses. Des films plus ou moins complets, des objets… et un chef d’oeuvre : son fameux Voyage dans la lune. Si Scorsese en rappelle la genèse dansHugo Cabret, ce court-métrage est à découvrir, pour la première fois, dans son intégralité et en couleur. Serge Bromberg, spécialiste des restaurations désespérées, raconte le long processus qui a vu naître puis quasiment disparaître ce fameux Voyage, alors même que la Lune souriante, percutée par un obus est une des images les plus emblématiques du cinéma mondial.
Aucun des deux films n’a été conçu spécialement pour les enfants. Pourtant, l’un comme l’autre leur fera découvrir une partie de l’histoire d’aujourd’hui, la construction d’un monde irréel et fabuleux et d’une aventure merveilleuse qui sont aujourd’hui ceux du cinéma, puis de la télévision et même finalement des jeux vidéos.
de Martin Scorsese
Avec Ben Kingsley, Sacha Baron Cohen, Asa Butterfield, Chloë Grace Moretz, Emily Mortimer, Jude Law
« T’as aimé le Marsupilami? « . « Ben non, rien que la scène du Chihuahua, ça suffit à me dégouter du film ». « Qu’est-ce qu’ils ont tous avec, alors? » « T’inquiète, ça doit être un truc de mecs, on peut pas comprendre »… Je n’ai pas épluché toutes les critiques mais c’est vrai que la majorité étant masculines (je relate plus haut une discussion avec une consoeur, à l’esprit très large), on peut dire que le film d’Alain Chabat a été SOU-TE-NU. Même si ce n’est pas ça qui fera son succès public. Moi aussi, j’ai trouvé nulle cette scène du Chihuahua qui se soulage dans l’oreille de Jamel, comme j’ai trouvé pathétique le final de Lambert Wilson en Céline Dion. Et comme le début du film manque sérieusement de rythme, que les blagues sentent la naphtaline, que Jamel et Chabat sont exactement comme il y a dix ans, … je n’ai pas trouvé grand chose pour sauver le film. Et plus j’y réfléchis, moins j’en trouve.
Inutile de me balancer « t’aimes pas rire, t’aimes pas la BD, t’aimes pas Chabat« …. etc, parce que j’adore rire, Franquin et j’aime bien Chabat (j’adore Astérix & Obélix : Mission Cléopâtre). Mais c’est vrai que je n’aime pas l’humour potache, facile, de mec-qui-n’s’assume-tellement-pas-qu’il-doit-s’habiller-en-robe-à-paillettes-pour-avoir-l’impression-d’être offensant, politiquement incorrect ou tout simple drôle. Bref, je n’aime pas cet humour de mec-là, gras, sans finesse et je suis sûre que pleins de filles ne s’y retrouvent pas non plus, même si elles n’osent pas trop le dire. Sur Facebook, une autre collègue disait qu’elle trouvait les gags du film embarrassants. Je suis d’accord avec elle, même s’ils ne me choquent pas : je les trouve bêtes et pas marrants du tout. Débiles en un mot.
Allez, Chabat, grandissez un chouïa, je suis sûre que vous êtes capable de bien mieux. De beaucoup mieux.
Mumble était le seul pingouin plus à l’aise en dansant qu’en chantant. Son fils trouve, lui, plus utile d’apprendre à voler qu’à danser. Ce qui servirait pour délivrer leur colonie prise au piège…Encore une histoire d’initiation où le père transmet autant à son fils qu’il en apprend de lui. A part de belles images et des crevettes hilarantes, ce Happy Feet 2 est décevant. Non seulement la BO qui donnait le tempo du premier épisode, Happy Feet sorti en 2006, est inintéressante, mais l’histoire, téléphonée, ne séduit pas non plus.
Vous connaissez bien sûr le conte d’Andersen. Le russe Garri Bardine (La nounou) est un réalisateur bien trop imaginatif pour ne y avoir glisser son grain de sel! Un oeuf trop gros arrive dans une basse-cour très ordonnée. Il en sort un volatile, noir, pelé, différent des autres qui, malgré toute sa volonté et son courage, ne parvient pas à se faire accepter. Après bien des malheurs, il finira par trouvera sa famille, celle de magnifiques cygnes blancs qui l’emporteront bien au delà de cet enclos étriqué. Bien sûr il est ici question de tolérance, d’espoir, de quête d’amour et d’identité. Mais, en se raillant cette basse-cour militairement organisée, Garri Bardine donne une dimension politique innovante et très amusante à ce conte d’abord philosophique. Son talent principal reste pourtant celui d’exprimer les émotions les plus fortes poétiquement, notamment grâce à la musique de Tchaikovski. On met au défi quiconque, grands et petits, de regarder ces volatiles s’étriper sans verser la moindre larme…
Sawyer, un jeune garçon très réservé, trouve par hasard un dauphin échoué et blessé. A l’hôpital où on le transporte, Winter, le dauphin, se laisse mourir jusqu’au jour où Saywer s’occupe de lui. Ensemble, ils vont franchir pas à pas le chemin qui leur ouvre un monde apaisé, Sawyer socialise quand Winter accepte la prothèse qui lui est nécessaire pour nager. Autant cette histoire vraie est exceptionnelle, autant le film qui en est tiré est d’un classicisme ultra-conventionnel. Tant pis, car la rédemption du petit garçon comme du dauphin mérite qu’on s’attarde à cette relation hors pair qui unit le plus sensible des cétacés à l’humain.
De Charles Martin Smith, avec Harry Connick Jr, Ashley Judd, Nathan Gamble, Kris Kristofferson, Morgan Freeman
Le cinéma japonais, sans être moraliste, ne s’interdit jamais d’aborder de front des sujets douloureux mais universels. Makoto, un ado mal dans sa peau, vient de suicider.Sa famille est éplorée. Un ange gris lui offre une seconde vie. A condition que Makato accepte une douloureuse mise à l’épreuve et comprenne ainsi la raison de son acte. Le chemin sera long, difficile.
Ici, tous les thèmes de l’adolescence sont traités sans détour : la sexualité, la mort, la violence, l’isolement, l’incompréhension familiale, l’ennui, les passions révélées, les amitiés nécessaires… Et le parcours de l’âme de Makato est parsemée d’embûches. Toutes l’aideront à grandir, à faire et à assumer ses choix.
Adapté d’un roman de Eto Mori par Keiichi Hara, le réalisateur talentueux d’Un été avec Coo, Colorful, au graphisme épuré, s’installe alors comme une subtile leçon de vie, pertinente, actuelle et une profonde réflexion sur l’adolescence d’aujourd’hui.
Séance de rattrapage o-bli-ga-toi-re! Non content d’avoir raflé près de 1,5 millions de spectateurs lors de sa première sortie le 11 octobre dernier, d’avoir amassé déjà 20 prix dans les compétitions et festivals du monde entier dont le prix d’interprétation pour Jean Dujardin à Cannes, d’être nominé 10 fois aux prochains Oscar parmi les plus prestigieux, d’avoir propulsé des talents déjà reconnus en France partout dans le monde, The Artist ressort en salle.
Véritable hommage au cinéma hollywoodien de la grande époque, celle du muet puis des comédies musicales, The Artist raconte le destin croisé de deux acteurs. George Valentin est la superstar de son époque. Tout lui sourit. Il est riche, beau, célèbre, adulé et fait la pluie et le beau temps dans les studios. Mais, il perçoit mal quelle révolution va être le cinéma parlant et il va se faire balayer par ce passage à une nouvelle ère. Peppy Miller, elle, est une figurante que sa rencontre avec George Valentin va propulser au sommet.
De facture très classique, calqué tant dans son scénario que dans sa réalisation sur un standard cinématographique de la fin des années 1920, ce nouveau film de Michel Hazanavicius (auteur des deux OSS récents, avec le même Dujardin) séduit par son audace : il fallait être fou pour imaginer un film muet, en noir et blanc aujourd’hui. Par le jeu absolument merveilleux de ses deux acteurs : Jean Dujardin , en passe de devenir un des acteurs français sacré par Hollywood, est formidable tant il est comme toujours expressif et juste, mais Bérénice Bejo lui ravit la vedette avec une facilité déconcertante. C’est elle la vraie surprise du film, elle est mériterait amplement de décrocher la statuette.
Dommage pourtant que l’audace s’arrête là. Tant qu’à faire, on a aurait adoré que le film s’émancipe des codes, qu’il explose les cadres, bref, qu’il innove dans l’hommage. Un peu comme Michel Hazanavicius avait si bien sur le faire dans le premier opus d’OSS 117, Le Caire, nid d’espions ou, sans être purement parodique, il mettait une gifle bien sentie aux super-justiciers et autres espions officiels. N’empêche on lui souhaite toutefois de réussir à rafler le maximum de statuettes.. Ne serait-ce que parce qu’on a hâte de voir ce qu’il nous réserve pour la suite.
avec Jean Dujardin, Bérénice Bejo, John Goodman, James Cromwell
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