Blackbird (oiseau noir en français ou plutôt vilain petit canard) est un premier film canadien qui se reçoit comme un coup de poing dans le ventre. Pas tellement à cause de sa violence physique mais plutôt à cause de l’acharnement psychologique que subit Sean, un ado mal dans sa peau, justement parce qu’il est mal dans sa peau.
Sean (formidable Connor Jessup) a 15 ans au début du film, il vient de déménager chez son père depuis que son beau-père l’a chassé à cause de son look gothique. Des ongles noirs, un blouson à clou, un tatouage d’anarchiste… bref, un look de rebelle qui a le tort de déplaire à la petite communauté dans laquelle il vit.
L’enfer, c’est les autres
Parce qu’il est nouveau, parce qu’il s’habille autrement, on commence à l’humilier et à l’accuser du pire. Il a le malheur de se défendre et s’embarque dans un engrenage kafkaïen.
Victime de la majorité bien pensante et surtout du fameux principe de précaution, il mettra plusieurs années à sortir de cet enfer, à faire entendre sa vérité.
Mais, puisque ce qui ne tue pas rend plus fort, il y trouvera aussi le chemin vers l’affirmation de sa personnalité. Une vraie leçon de vie qui rappelle à tous de ne jamais juger sur les apparences et que la majorité n’a pas toujours raison. Loin de là.
Avec Connor Jessup, Michael Buie, Alexia Fast et Alex Ozerov…
Le soir d’une violente tempête, Ploddy, la voiture de police d’une petite ville du nord de la Norvège, part réparer un générateur électrique. Elle en revient électrifiée, littéralement transformée en véhicule électrique.
Ecolo
Le commandant de police lui impose le repos complet tant qu’elle n’a pas retrouvée son état « normal ». En convalescence, Ploddy repère bientôt des malfrats qui ont décidé de s’accaparer l’eau de la région… pour la revendre en bouteilles en plastique. Au début, tout le monde voit Ploddy comme un oiseau de mauvais augure. Bientôt elle sera pourtant la seule à pouvoir tous les sauver.
Dessin animé norvégien au propos très écolo, Ploddy mérite un joli coup d’œil. Parce qu’il n’est jamais trop tôt pour éveiller les consciences à l’écologie, au respect de la nature et des autres.
Ses dessins comme son scénario ont été conçus pour les très jeunes enfants (ce qui est rarement le cas des films à message). Tout leur est accessible : les méchants sont clairement identifiés, les amis de Ploddy sont rigolos… Enfin son suspense, bien mené avec de nombreux rebondissements, fera qu’ils s’attacheront à cette voiture intelligente et amusante et qu’ils seront alors tout à fait sensibilisés à son discours.
Quand Brahim avait 10 ans, il habitait en banlieue parisienne, près d’une usine de grues dont son père était le gardien. Son meilleur copain s’appelait Salvador, il venait du Chili. La cour de l’usine était un terrain de jeu formidable. Steve McQueen passait à la télévision…
Trente ans plus tard, Brahim Fritah se souvient de cette enfance pleine de rêves et d’aventures, de cette année charnière où enfant, il a commencé à s’émanciper de sa famille, à se souvenir de ses rêves et où l’usine de son père a déménagé à Perpignan.
1980’s
La manière dont Brahim Fritah revient sur cette année est , au début, un peu déroutante. Il procède comme s’il feuilletait un album photo. Chaque image lui rappelle alors un évènement, une sensation, un rêve, une punition… Et c’est à partir de ces souvenirs furtifs qu’il recompose ce qui s’est passé d’important dans sa vie d’alors, à Pierrefitte-sur-Seine en 1980.
La reconstitution de l’ambiance, du rythme que l’on donnait à l’existence au début des années 1980 est extrêmement fidèle et étrangement, on plonge avec délice dans une nostalgie bienveillante qui devrait séduire autant les parents que les enfants qui jetteront un œil curieux sur cette époque révolue.
De Brahim Fritah, avec Yanis Bahloul, Rocco Campochiaro, Vincent Rottiers, Mostefa Djadjam…
La vie des professionnels de cinéma est rythmée par des rendez-vous importants, tout au long de l’année et, une fois par an, par ce que les Américains appellent un Climax. Une apothéose, un « orgasme », un nirvana, bref, un moment qui dépasse tous les autres : le Festival de Cannes. Alors que se passe-t-il après Cannes?
Certains parleraient de repos du guerrier ou d’autres de dépression post-cannoise. Car, une fois passés les polémiques, les innombrables commentaires sur un palmarès non négociable, les accusations gratuites sur le mauvais goût supposé ou l’absence de cinéphilie du jury, sur la prise de leadership de certains membres non identifiés (du jury toujours), il faut vivre le retour à Paris, à Tokyo, à Moscou ou à Los Angeles, plus rarement à Limoges (quoique), la réadaptation au monde normal et à la vraie vie, bref gérer au mieux la sortie de la Bulle que constituent dix jours durant la Croisette et son palais.
Films de juin…
Surtout, il y a le retour au quotidien, soit pour un journaliste, aller projections des films qui sortent en juin. Et croyez-moi, c’est loin d’être le moment le plus agréable de l’année. Car, on a beau râler sur la qualité des sélections cannoises, c’est évidemment là-bas qu’on voit les meilleurs films de l’année (et je vous jure qu’il finit toujours par y avoir un consensus là-dessus).
Le retour est toujours un choc. Alors, qu’y aura-t-il à voir en juin en salle?
… ca craint!
Passons sur « Star Trek into Darkness », le reboot de Superman, « Man of Steel », dont Cine-Woman ne fera pas l’écho. Donc de quoi a-t-on envie?
– « The Bling Ring » de Sofia Coppola? Pas sûr, son dernier film était une punition et celui-là ne semble guère plus avenant. On verra ça le 12 juin.
– De l’adaptation de « Belle du Seigneur », le roman mythique d’Albert Cohen? Pourquoi pas, pour celles qui comme moi, n’ont jamais réussi à aller au bout des 1110 pages du livre. Le casting laisse à désirer mais le réalisateur, un vieux monsieur débutant qui est mort avant d’avoir vu son film fini, y a joué sa vie. Faut voir donc…
– « Joséphine » d’Agnès Obadia? Misons que la réalisatrice de « Romaine par moins 30 » et autres comédies loufoques a gardé son étrangeté.
– « Les beaux jours » qui signent le retour en grand de Fanny Ardant? La fin de la trilogie Julie Delpy/Ethan Hawke/ Richard Linklater avec « Before Midnight »?
Belles reprises
De ce que j’ai déjà vu, je mise sur trois reprises magnifiques : « Les parapluies de Cherbourg » de Jacques Demy et « Le choix de Sophie » d’Alan J. Pakula ou « Femmes au bord de la crise de nerfs » de Pedro Almodovar.
Sinon, c’est du côté des enfants qu’il faut traîner avec « Ploddy – la voiture électrique mène l’enquête » et surtout l’hilarant « Moi, moche et méchant 2 ».
Ou encore, fréquenter les festivals, celui des Champs Elysées, d’Annecy, de Cabourg ou de Paris Cinéma. Voire la Fête du cinéma. Mais, là, on sera déjà en juillet, la donne sera différente.
Soupçonniez-vous que la nature, dès lors qu’on la regarde avec patience et insistance, est le théâtre d’un féroce combat entre ceux qui revendique la vie et ceux qui prônent la décomposition ?
Le père de Mary-Kate en a depuis longtemps l’intuition, mais personne ne le croit. Jusqu’à ce que Mary-Kate soit un jour réduite à une taille microscopique et engagée malgré elle dans une singulière tâche : celle de sauver un bourgeon et ainsi le monde entier.
Micro-monde
Inspiré d’un livre pour enfants et réalisé par Chris Wedge, le réalisateur de « L’Age de glace » 1 et 2 et de « Robots », « Epic » est, comme son nom l’indique, une épopée dans le petit monde des insectes, de ceux qu’on voit à peine à l’œil nu.
Un vrai film d’aventure, dans un univers qui nous est très familier (une forêt de feuillus) qui fait un peu penser à la trilogie des « Arthur » de Luc Besson. Mais, ici, l’ambition du scénario est encore plus grande (il s’agit de sauver le monde, pas un monde) et le dessin des personnages plus soigné, sans aucune image réelle cette fois. Mais, c’est surtout l’animation des décors et les jeux de lumière qui font la différence ainsi que la petite audace dans la relation des deux jeunes héros. Charmant mais déjà vu.
De Chris Wedge, avec les voix françaises de Mélanie Laurent, Jérémie Rénier et Garou.
Pour Asghar Farhadi, le réalisateur iranien d’Une séparation, le passé, ce sont tous les liens de votre vie qui vous entravent, qui vous empêchent d’avancer, d’aller de l’avant. C’est aussi le sujet de son sixième film.
One piece est le manga de tous les records. Au Japon, la série des 67 volumes a été vendue à plus de 270 millions d’exemplaires et à plus de 9 millions en France. Elle a déjà été déclinée à la TV et 1 fois au cinéma. Autant dire que One piece est un phénomène. Mieux vaut être un peu au fait de son histoire avant de découvrir ce film, qui livre toutefois tout ce qu’il faut savoir au fur et à mesure.
Une histoire de pirates
One piece est un fabuleux trésor que les pirates du monde entier recherchent. Luffy est l’un d’eux. Comme ceux qui l’accompagnent – Zoro, Nami, Usopp, Sanji, Chopper, Robin, Franky ou Brook – il a est doté d’un super-pouvoir et d’un super défaut. Son corps s’étire comme un élastique, mais coulerait à pic s’il tombait à l’eau. Avec son équipage, Luffy part à la conquête du Nouveau monde et ne va pas tarder à trouver sur sa route, Z, un ancien marine dont le but est d’exterminer tous les pirates. Qui va gagner ?
One piece, le film, est un vrai manga conçu et dessiné comme tel. Dès que les personnages se rencontrent, ils se battent et le plus fort gagne. Ce qui lui permet de poursuivre son aventure, un peu comme dans un jeu vidéo. Aucune fantaisie n’est appliquée à l’animation : les plans sont souvent fixes (seules les lèvres de celui qui parle bougent), les dessins anguleux, pointus, les personnages caractérisés par des accessoires très typés et l’ensemble des couleurs très criardes. Il sera pourtant difficile aux mordus de ne pas se précipiter vivre ces aventures sur grand écran, et c’est peu dire qu’ils apprécieront.
Le film commence sur une fausse piste et se dénoue dans un labyrinthe. Donc, tout ce que vous lirez à partir de maintenant le concernant sera vrai ou peut-être faux. Inutile de s’attarder sur la trame, puisqu’il faut la vivre pour l’apprécier et en digérer les nombreux rebondissements.
Sachez simplement qu’il est question d’un escroc (Frank) et d’un commissaire-priseur (Simon) qui s’associent pour voler un tableau de Goya, Le vol des sorcières lors d’une vente aux enchères à Londres. Le vol réussit, le tableau disparaît.
Hynopse
Dans sa fuite, Simon reçoit un très violent coup à la tête et sombre dans le coma. A son réveil, il est incapable de se souvenir où il a caché le tableau. Les menaces, les coups, la torture n’y feront rien. Franck songe alors à l’envoyer en séances d’hypnose pour retrouver trace du tableau… A Elisabeth, la thérapeute d’exercer ses talents.
Le film commence donc comme un film noir, un film de gangster banal pour devenir une sorte de thriller psychologique à plusieurs étages. Et si le début de l’énigme est séduisante à décrypter, les méandres infinis qui suivent avec force rebondissements finissent par lasser. Du coup, on perd la finalité du film, le vrai sujet pour une surenchère de découvertes qui n’ont plus rien d’étonnantes tant elles finissent par se neutraliser entre elles.
Clinique
Un mois après avoir vu le film et avoir ressenti une certaine satisfaction en le voyant – on passe un bon moment : la mise en scène est brillante, le rythme du récit haletant, les acteurs au top etc- on a complètement perdu de vue la trame du récit et finalement le pourquoi du comment d’un tel film. C’est dommage… et cela n’enlève rien au talent de Danny Boyle, sans doute trop préoccupé par la mise en scène de la cérémonie des JO de Londres pour se concentrer sur la limpidité de son récit. Next film, please.
De l’engagement politique, un changement radical d’époque, une course poursuite inégale, des secrets enfouis, un passé qu’il ne fait pas bon découvrir, une sorte de chasse à l’homme à travers tous les Etats-Unis… tous les ingrédients réunis dans ce film donnent envie de le voir, comme on reverrait avec plaisir un film des années 70. Et pourtant…
Le film commence par un acte suicidaire. Sharon Solarz (Susan Sarandon, fait tout pour se faire arrêter par la police. Elle a fait partie d’un groupe de militants radicaux dans les années 1960, les Weather Underground, qui a revendiqué des attentats pour protester contre la guerre du Vietnam, puis vécu dans la clandestinité sous une fausse identité depuis tout ce temps.
Régler son passé
Son arrestation va provoquer des effets en cascade. Jim Grant (Robert Redford), qui vivait tranquille avec sa fille, va soudainement devoir régler un vieux contentieux, révélé un vieux secret, et pour cela repartir sur la piste de ces anciens amis militants qu’ils n’avaient plus revu depuis 40 ans. Pour cela, il va mettre sa vie en danger, le FBI étant à ses trousses ainsi qu’un journaliste local qui a absolument besoin d’un scoop pour continuer à travailler.
Basé sur des faits historiques, le film est inspiré d’un roman de Neil Gordon. Contrairement au livre qui adoptait le point de vue de la fille de Grant, le scénario est raconté du point de vue du journaliste sans ampleur qui s’enthousiasme pour cette enquête.
C’est sa première faiblesse, car ce pauvre type, même s’il a des intuitions, n’a aucun moyen pour poursuivre un tel enjeu seul, au nez et à la barbe du FBI. On comprend à peine sa détermination (il risque de perdre son job, ok) et encore moins son obstination. En plus, il est joué par Shia Labeouf qui a le charisme d’une chaussette sale et une palette d’émotions des plus réduites. S’il avait été porté par le regard de la fille Grant, tout eut été changé. Impliquée involontairement dans cette embrouille historique, elle avait effectivement un besoin vital de connaître la vérité. Le journaliste, non.
Nostalgie 1970’s
Lancé sur la piste de Jim Grant, qu’on suit à la semelle, on perd en 10 minutes la situation initiale pour une course-poursuite toute à la faveur de Robert Redford. Certes, il n’a pas perdu grand-chose de sa splendeur. Il sait tenir un film… comme acteur. Comme acteur et réalisateur, c’est beaucoup plus contestable. Du coup, le film vire assez vite dans la caricature (le FBI est à pleurer) mais est régulièrement sauvé par des scènes ou des rencontres d’anthologie qui remettent le niveau hors d’eau. Celle avec Julie Christie, par exemple, ou encore la manière dont Redford échappe au FBI à l’hôtel de New York.
D’un film qui disposait de nombreux ingrédients ainsi que de la nostalgie pour ce qu’il a représenté, Redford ne tire que quelques moments à partager, mais pas un film de grande envergure. Insuffisant !
Avec Robert Redford, Shia Labeouf, Julie Christie, Richard Jenkins, Nick Nolte, Susan Sarandon…
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies pour nous permettre de réaliser des statistiques de visites.AccepterConfidentialité