Ca n’aurait dû être q’une petite coupure, une pause cigarette tout au plus. Un court besoin d’air, de reprendre ses sens, de se remettre vite fait les idées en place.
Mais, Bettie ne fait jamais les choses à moitié. Du coup, quand elle apprend que son amant la délaisse pour une femme plus jeune, elle plaque son restaurant en plein service du dimanche midi. De fil en aiguille, de rencontre en coup du sort, Bettie quitte Concarneau et ses environs, pour le Limousin, puis le lac d’Annecy et enfin l’Ain.
Parcours de vie
En chemin, Bettie va (en vrac) renouer avec sa fille (hystérique, interprétée par la boudeuse chanteuse, Camille), s(attacher à son petit-fils, prendre ses distances avec sa mère, s’égarer dans le lit d’un homme jeune, participer à une réunion d’ex-miss France et (re)découvrir l’amour.
Ecrit et réalisé tout à l’honneur de Catherine Deneuve, ce road-movie au propos réaliste, du moins au départ, devient vite une suite pas très cohérente de rencontres improbables. Les faits se succèdent sans plus d’explications et si certaines scènes sont réellement attachantes, comme celle du vieux monsieur qui roule une cigarette à Catherine Deneuve avec une lenteur et une application magnifiques, elles deviennent de moins en moins intéressantes au fur et à mesure que le film avance.
Perdue
Celle de la photo des ex-miss est d’une cruauté pathétique, celle de la colère idiote de sa fille aussi. Comme si Emmanuelle Bercot (et c’est un reproche qu’on peut souvent lui faire) perdait progressivement l’attrait pour ses personnages. Du coup, le cheminement de Bettie/Deneuve semble interminable et bien peu enrichissant, tant la réconciliation familiale devient artificielle. Dommage, Catherine Deneuve était sûrement capable de défendre un personnage plus complexe et plus profond jusqu’au bout. Là, ce n’est pas le cas.
D’Emmanuelle Bercot, avec Catherine Deneuve, Camille, Claude Gensac, Mylène Demongeot, Hafsia Herzi…
2013 – France – 1h57
Sorties du 18 septembre 2013 sur cine-woman. Ma vie avec Liberace de Steven Soderbergh, La bataille de Solferino de Justine Triet, L’oeil du cyclone de Fred Schepisi, Moi & toi de Bernardo Bertolucci et Barcelone, avant que le temps ne l’efface de Mireia Ros
La boucle serait bouclée. Steven Soderbergh, réalisateur américain révélé à Cannes en 1989 avec Sexe, mensonges et vidéos (Palme d’Or) achève sa carrière avec vingt-sixième et soi disant dernier film, lui aussi présenté à Cannes en 2013, Ma vie avec Liberace (Behind the Candelabra).
Biopic classique
Après une carrière prolifique, qui a traité de sujets aussi différents que la misère sexuelle, le combat d’une mère de famille contre la mafia de l’eau, les accords industriels occultes, qui a abordé le cinéma dans à peu près tous ses genres allant même flirté avec l’expérimental, Soderbergh finit son œuvre par un biopic des plus classiques, qui met en valeur dans des rôles à Oscar (mais complètement oublié du palmarès cannois) deux acteurs dont on connaissait déjà le talent : Michael Douglas et Matt Damon.
Au hasard d’une de ses liaisons amoureuses, Scott, un petit gars de Wisconsin très beau garçon, rencontre Liberace, un pianiste, une star spectaculaire qui se produit à Las Vegas. Liberace est richissime, extraverti, homosexuel (non revendiqué officiellement même si cela semble difficilement à croire aujourd’hui) à la libido épanouie. Scott est plus réservé mais il finit par se laisser séduire par l’homme, par sa vie fastueuse et par tomber très amoureux. Mais, évidemment la belle romance finit par se gâter… et après plusieurs tempêtes les deux hommes se séparent. Liberace tombe malade et meurt du sida en 1987.
Numéro d’acteurs
Que dire de cette passion déçue sinon que la grandiloquence des décors lui donne la forme d’un grand spectacle kitsch à ravir, au mauvais goût revendiqué, sauvé par un duo d’acteurs exceptionnel ? Michael Douglas revient sur le devant de la scène avec un rôle à sa démesure, dans lequel il prend manifestement « son pied ». Sans être caricaturale mais toutefois très démonstrative, sa prestation est impeccable depuis ses débuts flamboyants à sa déchéance due à la maladie. Matt Damon, dans une interprétation moins spectaculaire, parvient à garder toute sa place. Liberace est avant tout un numéro d‘acteurs donc.
On attendait plus de Soderbergh pour la fin de sa carrière, un film plus surprenant, plus époustouflant, plus innovant aussi et de facture moins classique.… Un sujet qui parle plus de son époque, qui manie avec plus d’intensité une mise en scène impeccable avec un thème déroutant. Peut-être le prochain.
De Steven Soderbergh, Avec Michael Douglas, Matt Damon, Dan Aykroyd…
2013 – USA – 1h58
Sorties du 18 septembre 2013 sur cine-woman. La bataille de Solferino de Justine Triet, Elle s’en va d’Emmanuelle Bercot, L’oeil du cyclonede Fred Schepisi, Moi & toi de Bernardo Bertolucci et Barcelone, avant que le temps ne l’efface de Mireia Ros
Qu’est-ce qu’un réalisateur de 70 ans passés a-t-il à dire sur la jeunesse d’aujourd’hui ? Que chaque âge a ses charmes mais aussi ses problèmes et qu’il est toujours bon de s’ouvrir aux autres pour grandir, s’améliorer, s’enrichir. Voilà en substance le message plutôt sage que Bernardo Bertolucci livre ici, avec une humilité bienvenue.
Duel fraternel
Dans ce qu’on pourrait qualifier un petit film, tant il est habitué aux grosses productions internationales, Bertolucci convie deux jeunes acteurs à un duo/duel plutôt inédit.
Lorenzo, 14 ans, est un adolescent étrange, peu sociable, introverti. Alors que ses camarades d’école partent en classe de neige, il organise sa retraite au fond de la cave de son immeuble : il a pensé à tout, à sa nourriture, à ses jeux, à sa survie…. Sauf à sa demie-sœur qui, par surprise, vient un jour chercher des affaires. Fugueuse, sans attaches, droguée, bannie de la fratrie, elle profite de la présence de ce frère qu’elle connaît mal pour se réfugier dans la cave. Au contact l’un de l’autre, ils vont finir par s’ouvrir, par s’affirmer, par grandir et par se découvrir une complicité surprenante.
Ce film est un peu un défi, un quasi huis-clos dans un souterrain vaste et confortable, une scène unique où de nouveaux liens familiaux vont se nouer. On étouffe dans ce lieu plutôt glauque, mais pas seulement, on s’y évade aussi, et son confinement offre une lecture de l’intime profonde, inattendue.
Exclus
En mettant en scène deux exclus volontaires du puissant modèle familial italien (bien plus uniforme et conformiste que le français), Bertolucci offre une lecture intéressante, inhabituelle de la jeunesse actuelle. Une jeunesse gâtée, apparemment sans problème financier ni de reconnaissance sociale, mais complètement perdue dans ses choix affectifs, incapables de prioriser ses désirs, de hiérarchiser ses souffrances et donc de se débattre hors du cocon protecteur.
Il choisit pour cela de confier leurs rôles à deux inconnus au physique hors norme, assumant ainsi un choix radical qui donne encore plus de force à la désillusion qu’il filme sans la juger.
De Bernardo Bertolucci, avec Jacopo Olmo Antinori, Tea Falco
Nouveaux critiques, nouvelles rubriques, nouveau décor…, Le Cercle, l’émission critique du cinéma diffusée sur Canal+ a revu sa formule. Et cine-woman était là pour essuyer les plâtres.
Le rendez-vous était fixé à 9h, jeudi 12 septembre 2013 dans un bâtiment de Canal + à Boulogne. Exit la salle de jeu de l’Académie de Billard de la rue de Clichy, c’est sur un plateau de télé adapté pour ressembler à une vraie salle de cinéma que s’est jouée cette première.
Mise en place
La télé, c’est un peu comme le cinéma. Chaque tournage est avant tout une longue, très longue attente, avec autour de soi, un paquet de gens qui s’agite, qui se parle par oreillette interposée (du coup on entend qu’une partie de la conversation ce qui peut donner lieu à des dialogues étranges : « je suis quel numéro moi? Pourquoi tu veux je la rallonge de 60 cm? Nan mais c’est tout noir, là! etc etc).
On règle les lumières, les distances, on ajuste puis on nettoie une table branlante, on se voit en énorme plan pour des essais lumière (et c’est atroce, forcément) et on suit les conseils des pros. « Rapproche-toi. Tiens toi droit. Applaudis, plus fort…Silence! Raccord maquillage ». On vous fait asseoir là, non là, enfin si là… Dans un coin, un critique répète sa prestation future, debout devant un écran, l’autre rigole, l’un vient nous saluer sans nous embrasser « je suis maquillé » etc etc
A 10h30, les critiques invités arrivent les uns après les autres : Marie Sauvion de Marie France, François Bégaudeau, Michaël Mélinard de l’Humanité Dimanche, Adèle van Reeth de France Culture sont prêts et s’installent au bord de la vaste table grise et ronde qui constitue le décor principal de l’émission. Les uns sont contents de se retrouver – Bégaudeau et Marie Sauvion n’arrêtent pas de papoter et de se marrer, Michaël est nouveau, donc un peu intimidé et Adèle de dos…
Enfin Beigbeder, veste grise et chemise blanche, élégant, s’annonce, salue et prend les commandes de l’émission. L’enregistrement peut commencer…
Au sommaire
Ca ne tarde plus en effet. A peine le temps de s’en apercevoir que le pré-générique est déjà fini. Au sommaire de cette émission de rentrée : Le majordome de Lee Daniels, Jimmy P., psychothérapie d’un indien des plaines d’Arnaud Desplechin, Tip-Top de Serge Bozon, La danza de la realidad d’Alejandro Jodorowsky et No pain, no gain de Michael Bay.
Inutile de refaire ici les débats qui seront plus relevés en « live ». Sachez juste que les avis furent partagés concernant No pain No gain et étonnamment consensuels sur l’ir-regardable Tip-Top. Merci à Philippe Rouyer de Positif, venu rejoindre la troupe d’avoir renvoyé sur mars cet ovni cinématographique.
Delta
Ovni, duel, événement de la semaine, les débats sont désormais structurés en rubrique et à géométrie variable quant au nombre de participants. Cinq critiques (contre 6 auparavant) se relayent sans toutefois tous participer à la discussion. Et deux d’entre eux, en l’occurrence, Philippe Rouyer et François Begaudeau continuent à animer des séances de décryptage de scènes. Avec un talent lui aussi variable… Si la comparaison des deux tableaux de Jimmy P m’a paru très judicieuse parce qu’apportant une vraie lecture à ce film statique, je n’ai pas trouvé convaincant le décryptage des deux scènes de Tip-Top (une, c’était déjà trop) et surtout cinq explications de séquences dans la même émission ça commence à faire beaucoup!
Honneur aux blogs
Autre vraie nouveauté que cine-woman ne peut que saluer : la venue surprise d’un cine-blogger qui s’invite au débat. C’est Linda, d’almost-kael.com, une jeune fan de cinéma américain qui écrit en anglais (bravo) qui a défendu becs et ongles le film de Michael Bay, avec une aisance remarquable et des arguments très pointus.
12h30. Après la virgule sur la Mostra de Venise par Xavier Leherpeur (Studio Ciné-Live), l’enregistrement est (enfin) fini: deux heures pour une première, c’est normal d’autant que très peu de secondes prises ont été nécessaires.
Deux heures de débats enlevés sur le cinéma, avec des degrés de lecture différents, c’est franchement passionnant. C’est aussi le sentiment qu’a eu Michaël Mélinard, de l’autre côté de la caméra. « J’ai eu le même sentiment que si j’avais été sélectionné en Equipe de France pour la première fois, confirme ce marathonien habitué des challenges sportifs, c’était intéressant…et stressant. il faut trouver sa place au sein d’une équipe déjà formée, réussir à apporter sa touche personnelle et savoir rebondir pile au bon moment ». Espérons qu’il trouvera ses marques, comme ce nouvel opus, franchement enthousiasmant.
Sur Canal + Cinéma, vendredi 13 septembre à 22h45 (multi rediffusé tous les jours de la semaine).
Ils s‘appellent Aboubacar, Dalel, Hamza, Cholly, arrivent de Côte d’Ivoire, d’Algérie, du Mali ou du Congo Brazzaville et ont entre 12 et 16 ans. Quelque que soit la manière ou la raison pour lesquelles ils se retrouvent en France, qu’ils soient venus clandestinement ou non, l’Education Nationale a obligation de les accueillir pour les instruire et leur apprendre le français.
Trouver sa place
Nous voici donc plongés au cœur de la classe de Mme Legrand qui a la charge d’une bonne vingtaine de jeunes au passé souvent douloureux et dont l’objectif est de tout faire pour qu’ils puissent trouver une place dans notre société. Ce qu’elle s’applique à construire avec un dévouement très louable.
Le réalisateur suit donc la classe au complet durant une année scolaire et montre leurs progrès dans le maniement d’une langue qui n’est pas la leur, dans l’acquisition d’une culture qu’ils découvrent. Il s’attache aussi à quelques destins individuels, notamment lors du stage en entreprise qu’ils réalisent tous et qui doit leur montrer la voie de la vie active. On perçoit mieux alors les difficultés qu’ils ont à s’adapter ici, à cet environnement familial compliqué qui est désormais le leur, puisque tous ont fui une situation complexe, parfois dangereuse mais où ils avaient leurs repères et un cadre affectif qui leur fait cruellement défaut désormais. Certains en sortiront grandis, d’autres non. Instructif.
Madem, 17 ans, est en vacances avec son père, son jeune frère, ses cousins et cousines dans la maison familiale de l’ïle de Ré. Elle est adolescente, très mystérieuse et son père, sans être vraiment maladroit, n’arrive plus à communiquer avec elle. Repliée sur elle-même, elle passe son temps à scruter la boîte à lettres.
Grandir
Madem a un secret qu’elle partage parfois avec son jeune cousin Vadim : elle entretient une correspondance intime avec un prisonnier qui a le double de son âge et qui est justement détenu à St Martin de Ré. Autant les paroles de son père ne lui seront d’aucun recours, autant la vitalité de la cette fratrie sera un soutien bienvenu.
Pour son premier film, la réalisatrice Shalimar Preuss opte pour une sorte de huis-clos familial, assez silencieux mais parvient à filmer aussi bien l’ennui, la pesanteur des vacances, la difficulté de communiquer avec des adolescents que la joie de se retrouver entre cousins et l’énergie qui en ressort. Ses choix de mise en scène (en caméra portée et subjective) qui la pousse à filmer souvent ses personnages de dos sont contestables mais elle possède a un véritable don pour montrer la nature et la mer, écrasées par le soleil de l’été. Prometteur.
Avec Lou Aziosmanoff, jocelyn Lagarrigue, Nine Aziosmanoff, Manon Aziosmanoff
Quand j’ai ouvert cine-woman, je me suis jurée DE NE PLUS JAMAIS ALLER VOIR les blockbusters décérébrants qui hantent par centaines de copies nos salles de cinéma. Un soulagement!
Ras le bol de ces héros plus ou moins supers qui passent leur temps à sauver le monde contre des attaques imaginaires, de ces films de propagande virile qui ne servent qu’à rassurer les mâles sur leur toute puissance, de ces montagnes de muscles à la sexualité pré-ado, prêts à en découdre mais incapables de parler à une femme en regardant autre chose que le bout de leurs chaussures. C’était idiot. Tout combat mérite un ultime acte de bravoure. Il serait donc intéressant d’aller voir un tel film en le décryptant d’un point de vue féminin. Ok, mais lequel?
Trop bonne…
No pain, no gain s’est imposé tout seul. Un film signé de Michael Bay, celui à qui je dois l’un de mes pires souvenirs de cinéma où les jouets de mon fils se transformaient en machine à sauver le monde (et encore je me suis épargnée les Transformers 2 et 3) sur un monsieur muscle de Miami, campé par Mark Wahlberg, peu connu pour sa finesse d’esprit, accompagné du catcheur Dwayne Johnson, l’affiche était trop bonne.
Le début du film tient ses promesses. Mark Wahlberg, devenu « viandard » selon mon voisin de projection (un marathonien affûté), fait des abdos perché à 20m du sol quand retentissent les sirènes de la police venu l’arrêter. Très vite, il se met à raconter, en flash-backs évidemment, sa vie de coach sportif dopé aux stéroïdes et happé par le rêve américain. On est à Miami, ville réputée aussi vulgaire, clinquante que malsaine, où l’argent coule à flot et s’exhibe, les gonzesses sont des bimbos en maillot qui roulent du cul comme les mecs roulent des pectoraux. Même les dialogues sont à la hauteur, avec des phrases aussi définitives que « I believe in fitness ». Bref, je sens que je vais me régaler…
… trop cons
Sauf que de manière complètement inattendu, Michael Bay prend le contre-pied total du premier degré auquel il nous avait habitué. Daniel Lugo (Mark Wahlberg) et ses copains forment une bande de bras cassés de classe IN-TER-NA-TIO-NA-LE. Très forts en biceps mais zéro en stratégie d’adaptation, ils sont tellement obsédés par leur part du gâteau qu’ils font n’importe quoi. Pour commencer, ils kidnappent, dans le but de lui piquer son fric et son identité, un richissisme business man qui a le tort de se vanter de son train de vie. Mais, l’homme est ultra-coriace et rien ne se passera comme prévu.Et les kidnappeurs sont capables de tout, sauf de réagir à l’imprévu…
Tout ce qui est dans le film est vrai, paraît-il. On voit même à la fin du film les vrais protagonistes de l’histoire avec mention de ce qu’ils sont devenus. Mais, ce n’est pas le plus important. No Pain, no gain raconte une histoire complètement dingue et stupide. Sauf que Michael Bay le fait avec une habileté rare. Plutôt que de condamner ses héros en les méprisant, il les traite avec le plus grand sérieux tout en les plongeant dans les codes habituels de ces films musclés et décérébrés.
Du coup, c’est l’intelligence du spectateur qui est mise à contribution et sa capacité à prendre du recul. Contre toute attente, cette comédie tragique devient la démonstration enthousiasmante qu’un film d’action peut être une récréation sympathique, bien menée, pleine d’humour et qu’un concentré de testostérone peut être alléchant!
De Michael Bay, avec Mark Wahlberg, Dwayne Johnson, Ed Harris, Anthony Mackie, Rebel Wilson…
Une commissaire de la Police des Polices (Isabelle Huppert) assistée d’une gradée placardisée et godiche (Sandrine Kiberlain) partent enquêter dans le Nord sur la disparition inexpliquée d’un indic, un ancien policier algérien reconverti dans l’information auprès de la police française.
Pas top
Disons qu’il s’agit là du contexte dans lequel Serge Bozon va donner libre court à son imagination et à son humour décalé. Au fur et à mesure que se poursuit cette enquête très chaotique, parsemé de bagarres, de morts inexpliquées, d’interrogatoires bizarres…, on découvre que chaque personnage a quelque chose à cacher et que ceux qu’on accuse le plus sont souvent les plus innocents du lot.
Un film de Serge Bozon est une expérience. Rien n’y est rationnel et on peut difficilement se raccrocher aux dialogues absurdes pour s’y frayer un chemin. Il faut aussi être sensible à son humour, à ses effets de manche (l’un d’entre eux concernant Isabelle Huppert et son mari est plutôt amusant). C’est bien la seule scène un peu surprenante (dans le bon sens) de ce long métrage.
Ce film qui n’a ni queue ni tête qui multiplie les personnages et les situations étranges sans raison ni logique apparentes devient vite une épreuve, un pensum où les acteurs donnent l’impression de se débattre sans but, répétant à l’envi des gags et des postures du plus mauvais goût. Bref, on passe, malgré le cast impressionnant. Pas top du tout.
Avec Isabelle Huppert, Sandrine Kiberlain, François Damiens, Karole Rocher, Sami Naceri…
Surtout ne pas se fier au titre. Il a la légèreté d’annoncer une comédie décalée (ce qui n’est pas du tout le cas), voire une bluette enfantine (ce qui l’est encore moins), sans parler de la référence animale qui pourrait faire songer à une fiction animalière (n’y pensez même pas !).
Fausse piste
Vic et Flo est une tragédie, une vraie qui se passe au fond d’une érablière québécoise, dans et autour d’une cabane à sucre. Pour ceux qui l’ignorent, la cabane à sucre est un lieu de fête, très fréquentée au printemps quand on récolte la sève des érables pour en faire du sucre. Tout le monde y va, goûter au dernier crû, rouler des sucettes de sirop d’érable dans la neige, la fameuse « tire ». C’est une des traditions les plus vivaces du Québec et une des plus joyeuses, des plus familiales aussi.
Rien de tout ça ici. Vic, pour Victoria, sort d’une longue peine de prison et se réfugie dans la cabane à sucre de son oncle. Elle compte y finir ses jours, isolée de tout et de tous. Enfin, de presque tous, puisque Florence (Romane Bohringer), sa compagne, vient l’y rejoindre. Les deux femmes sont différentes (Vic est plus âgée par exemple) mais elles partagent toutes les deux un lourd passé judiciaire.
Faux espoirs
Vic pense pouvoir finir sa vie, ainsi, au calme, loin du monde et de la civilisation. Flo en est moins certaine, elle est plus instable aussi. Elle se verrait bien s’installer ailleurs.. Elles n’en auront pas le temps, car le passé va brutalement refaire surface.
Quasi huis-clos forestier, Vic + Flo… reste un film inabouti. Il souffre des mêmes défauts que « Tirez la langue , Mademoiselle » d’Axelle Ropert qui sort aussi ce mercredi 4 septembre 2013. A force de ne vouloir rien révéler des personnages, de leur passé pour ne pas que le spectateur les juge, on se désintéresse totalement de leur sort. On comprend mal ce qui les unit autant (notamment pourquoi Florence reste auprès de Vic), pourquoi Vic se retrouve isolée, abandonnée de tous et incapable de s’occuper de son oncle, comment elles vivent…
Faux rythme
Même l’échelle du temps n’est pas suffisamment maîtrisée pour qu’on accorde une quelconque crédibilité à cette histoire. On s’ennuie donc rapidement, alors que un portrait sensible de ces deux femmes fortes et faibles à la fois, mais à la langue bien pendue (ce qui était l’ambition de Denis Côté selon ses propres dires) méritait vraiment que l’on s’y attarde. Surtout que le trio d’acteurs (Pierrette Robitaille, Romane Bohringer, absente des écrans depuis longtemps, et Marc-André Grondin) fonctionne bien. Dommage même si le film a toutefois reçu l’ours d’argent au Festival de Berlin 2013.
De Denis Côté, avec Pierrette Robitaille, Romane Bohringer, Marc-André Grondin
Jiale, dix ans, est un garçon turbulent, pas très bien aimé et du coup plutôt mal élevé. Sa mère enceinte décide, pour soulager son quotidien, d’engager une nounou philippine pour s’occuper de son foyer et surtout de son fils. Celui-ci l’accueille très mal mais finit par s’y attacher. On est en 1997, à Singapour, qui vit alors une des pires crises économiques de son histoire récente…
La crise et Singapour
Comment les enfants font-ils les frais des décisions de leurs parents ? Voilà le sujet de ce premier film très touchant qui a reçu lors du dernier Festival de Cannes, la Caméra d’or, le premier grand prix international récompensant un film de Singapour, et qui représentera son pays dans la course à l’Oscar du meilleur film étranger.
On y découvre un pays en voie vers une démocratie où la discipline laisse peu de place aux libertés individuelles, où le respect des plus faibles ne va pas de soi, où l’argent et la réussite sociale sont les seules valeurs d’une classe moyenne ambitieuse, laborieuse mais peu considérée…
Quête d’amour
En filmant souvent à hauteur de Jiale, le réalisateur Anthony Chen parvient très justement à décrire à la douleur et donc l’agitation de cet enfant auquel personne ne s’intéresse vraiment et qui finit par trouver un peu d’affection auprès de sa nounou, mais ni auprès de sa mère autoritaire et débordée, ni de son père lâche et démissionnaire.
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