Qui est la prisonnière de Bordeaux, puisqu’aucune des deux protagonistes n’est en prison ? Patricia Mazuy s’amuse à déjouer le propos mais sans son esprit punk habituel. Lisse malgré les actrices. A la Quinzaine des Cinéastes 2024.
Récemment réhabilité par la cinéphilie française, Paul Verhoeven est invité à participer à la Sélection Officielle de Cannes 2016 avec un suprenant thriller au casting français : Elle.
Quand le futur s’invite au cœur d’une relation du passé qu’on croyait stable, voire éternelle, cela donne L’avenir, le très beau film de Mia Hansen-Love, porté avec vigueur par une Isabelle Huppert inoxydable et sacré de l’Ours d’Argent à la Berlinale 2016.
Une commissaire de la Police des Polices (Isabelle Huppert) assistée d’une gradée placardisée et godiche (Sandrine Kiberlain) partent enquêter dans le Nord sur la disparition inexpliquée d’un indic, un ancien policier algérien reconverti dans l’information auprès de la police française.
Pas top
Disons qu’il s’agit là du contexte dans lequel Serge Bozon va donner libre court à son imagination et à son humour décalé. Au fur et à mesure que se poursuit cette enquête très chaotique, parsemé de bagarres, de morts inexpliquées, d’interrogatoires bizarres…, on découvre que chaque personnage a quelque chose à cacher et que ceux qu’on accuse le plus sont souvent les plus innocents du lot.
Un film de Serge Bozon est une expérience. Rien n’y est rationnel et on peut difficilement se raccrocher aux dialogues absurdes pour s’y frayer un chemin. Il faut aussi être sensible à son humour, à ses effets de manche (l’un d’entre eux concernant Isabelle Huppert et son mari est plutôt amusant). C’est bien la seule scène un peu surprenante (dans le bon sens) de ce long métrage.
Ce film qui n’a ni queue ni tête qui multiplie les personnages et les situations étranges sans raison ni logique apparentes devient vite une épreuve, un pensum où les acteurs donnent l’impression de se débattre sans but, répétant à l’envi des gags et des postures du plus mauvais goût. Bref, on passe, malgré le cast impressionnant. Pas top du tout.
Avec Isabelle Huppert, Sandrine Kiberlain, François Damiens, Karole Rocher, Sami Naceri…
« T’as aimé Amour ? » « Euh… disons que ça ne se pose pas en ces termes là. C’est difficile d’aimer Amour ». Amour, le nouveau film du réalisateur autrichien Michael Haneke, la Palme d’or du dernier festival de Cannes, n’est pas un film aimable. Ni au sens propre, ni au sens figuré.
C’est l’histoire d’Anne, une ancienne professeur de piano, mariée à Georges depuis la nuit des temps qui, suite à un accident vasculaire, perd peu à peu ses sens, son autonomie, sa vivacité intellectuelle pour ne plus devenir qu’un légume, une déchéance charnelle et spirituelle, un poids qui, malgré elle, va pourrir la vie et la vieillesse de son bien-aimé. Au-delà du supportable. Et c’est cette longue descente vers la mort qu’Haneke filme au plus près, crûment, quasiment comme un documentaire.
Si vous ne l’êtes pas vous-même, la salle autour de vous est généralement en pleurs, en assistant à cette fin de vie à la fois singulière et pourtant si banale de cette femme qui fut brillante et raffinée. Car rien ou presque ne nous est épargné. Conçu comme un quasi huis clos, le film quitte rarement le lit où Anne s’étiole, la suivant pas à pas vers une fin qui tarde, malgré tout, à venir. Et ce n’est pas sa fille, qui vit à l’étranger et a les problèmes de son âge (40/50 ans) et de son temps, qui, à coup de « faut qu’on » ou de « y’a qu’à », va alléger le fardeau d’un père bien éprouvé.
Comme souvent et une fois la thématique du sujet expliquée, le film d’Haneke vaut surtout pour ses acteurs. Jean-Louis Trintignant est au delà de l’excellence, toujours juste et inquiet pour celle qui fut la compagne de sa vie, quand bien même elle délirerait, deviendrait agressive ou simplement inhumaine. Isabelle Huppert, qui joue la fille, trouve le ton et l’arrogance juste, la distance qui sans l’empêcher d’être concernée la préserve de trop d’implications. J’aime moins le jeu, un peu précieux d’Emmanuelle Riva, même s’il faut reconnaître que sa performance de grande malade est extraordinaire. C’est d’ailleurs elle, cette femme de 85 ans qui recueille tous els suffrages, tous les prix et même pour la première fois de sa vie, une nomination à l’Oscar de la meilleure actrice. Mention spéciale à Alexandre Tharaud, pianiste de renom qui s’essaie à la comédie avec une aisance certaine.
Inutile de vous raconter la fin, elle est évidente même si la forme n’est pas écrite à l’avance.
Reste à savoir si Amour est un grand film. Impossible à dire, même si comme Emmanuelle Riva, il est en passe de marquer l’histoire de son palmarès. Palme d’Or à Cannes en 2012, citée cinq fois à l’Oscar, le film est vénéré par les critiques du monde entier – le film a raflé trois des plus importants Pirx Lumière le 18 janvier 2013 -. C’est incontestablement un choc, plus fort que les autres Haneke, plus fort que Funny Games ou Le ruban blanc, presqu’une démonstration naturaliste de ce que le cinéma peut apporter. A vous de voir…
Avec Jean-Louis Trintignant, Emmanuelle Riva, Isabelle Huppert, Alexandre Tharaud…
2012 – France/ Allemagne/ Autriche – 2h07
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