Chérif, 15 ans, traverse une adolescence difficile. Avant qu’il ne bascule inéluctablement dans la délinquance, sa mère débordée se résout à l’envoyer chez sa sœur à Strasbourg, où le père de Chérif vit depuis leur divorce. Non pour l’éloigner, mais pour protéger son petit frère.
A couvert
Une famille structurante, un oncle autoritaire, un cousin de son âge, son père à proximité, Chérif semble armé pour réussir son CAP de maçonnerie. Sauf que Thomas, le cousin, cache un secret : la nuit,il « graffe ». Il risque sa vie pour recouvrir les murs de la ville de dessins et de lettrages. Un soir, il emmène Chérif avec lui qui découvre ainsi un nouveau moyen d’exorciser sa violence.
C’est un film simple, concentré et parfaitement tenu qui raconte le destin d’un adolescent turbulent. Sans jugement, mais avec une dynamique étonnante, ce premier long métrage se vit comme un arc tendu prêt à rompre à chaque instant tout en nous envoyant dans un ailleurs, le monde nocturne, feutré et périlleux des graffeurs où il est primordial de se faire un nom et de défier les lois de la gravité. A ses risques et périls. Mais, l’adolescence peut-elle être vécue sans se frotter au danger ? C’est en s’y risquant que Chérif (formidablement joué par le jeune Zinedine Benchenine) deviendra un homme complet, sensibilité et sans doute plus responsable.
Les autres sorties du 9 octobre sur cine-woman : Prisoners de Denis Villeneuve, La vie d’Adèle d’Abdellatif Kechiche, la Palme d’or de Cannes 2013, le dernier Disney, Planes et la magnifique reprise Sidewalk Stories de Charles Lane.
Brigitte Fontaine est tout à la fois une énigme et une rareté. Le beau documentaire que lui consacrent Benoît Mouchard et Thomas Bartel éclaire un peu cette créatrice audacieuse
Juliette, Bac + 5, a quitté son poste de prof pour tenter sa chance dans l’édition. Elle est d’ailleurs en course pour un bel emploi dans ce secteur. En attendant, elle va remplir comme elle peut, c’est-à-dire en faisant les courses, en s’occupant des enfants, en allant chez le coiffeur et en préparant un dîner, sa vie trépidante de femme de banlieue, exilée volontaire de la ville et de la vie active pour avoir choisi de suivre son proviseur de mari.
Remplir le vide
Ce résumé vous semble méprisant. Le film est à l’avenant. En voulant dénoncer la vie mollassonne de femmes au foyer de lointaine banlieue parisienne, la réalisatrice Isabelle Czajka a développé un parti pris contre-productif.
Non seulement, on ne parvient pas à plaindre ces femmes dans la quarantaine qui ont structuré leur vie autour des horaires de l’école et du retour du mari, qui regardent s ‘écouler leur journée en s’invitant à boire un café ou en allant faire du shopping, voire un peu de ménage. En grande partie parce qu’on ne comprend pas, à l’exception du personnage de Julie Ferrier qui a pris un ascenseur social ennuyeux (mais le confort semble à ce prix), pourquoi ces femmes ont choisi d’être les meilleurs fossoyeurs de leur vie. Elles ont épousé le conformisme (leurs maris sont gratinés, eux aussi) et finalement s’arrangent assez bien de cette frustration, suffisamment pour ne pas chercher à en briser le cercle.
Filmer l’indicible
En fait, le sujet aurait été passionnant si… la réalisatrice avait su donner du relief à l’indicible qu’elle a choisi de traiter. Ce n’est pas le cas. Le film ne raconte rien si ce n’est le vide de la vie de cette femme entre deux dîners où elle s’oblige à aller et qu’elle se force à préparer. Les personnages sont mal croqués, sans intérêt et ne représentent eux même pas grand chose. Une histoire secondaire de misère sociale est plaquée sur le récit principal, sans que rien de tangible n’en ressorte. Et je passe sur la démonstration de féminisme à la petite semaine de la scène de l’atelier littéraire.
Même la banlieue qu’Isabelle Czajka prétend filmer l’est sans talent. Pourtant, il suffit d’une seule visite à Val d’Europe et alentours pour mesurer la cinématographie des lieux. Des lotissements à l’américaine qui s’étendent à l’infini, des maison sans âme et toutes identiques, des parcours bien tracés, une vie sociale bien rangée, une Victoria Lane en copie conforme.. mais qui n’apparaît pas ici.
Loin des Desperate Housewives
C’est vrai qu’il est toujours difficile de filmer le rien, la médiocrité. Mais, la vitalité des Desperate Housewives prouve que c’est possible à condition de ne pas s’y prendre frontalement et en composant avec habilité des personnages charnels. Quant à la longue et pernicieuse descente en enfer dont seules les femmes sont capables, la manière dont elles parviennent à se résigner et à abandonner toute velléité d’épanouissement personnel, il a été filmé, et avec une autre ampleur, dans le magnifique « A perdre la raison » de Joachim Lafosse.
D’Isabelle Czajka, avec Emmanuelle Devos, Julie Ferrier, Helena Noguerra, Natacha Régnier, Laurent Poitrenaux…
Un film sur Diana ? Evidemment ! Elle qui a été la femme la plus connue et la plus photographiée au monde, elle qui fut l’icône de la fin du XXème inspirerait forcément un jour scénaristes, réalisateurs ou producteurs. Encore fallait-il attendre que l’émotion immense qui a suivi sa mort accidentelle, le 31 août 1997, se dissipe en Angleterre et ailleurs, que le deuil soit enfin fait et que la famille royale anglaise découvre d’autres bonheurs. Seize ans plus tard, « Diana », le film, tombe donc à pic.
Sulfureux
Il est plus étonnant que ce soit Oliver Hirschbiegel qui s’y colle. Connu pour avoir tourné « La chute », qui contait de l’intérieur les derniers jours de la vie d’Hitler dans le bunker, ce réalisateur allemand à la réputation de fait sulfureuse ne semblait pas sentimental, pas au point de consacrer un de ses films à une princesse adulée, à la reine de la presse people. Et puis, qu’allait-il nous apprendre qu’on ne savait déjà sur cette femme à la fois ultra-gâtée mais blessée par la vie, sur cette mère écartelée entre son devoir, les contraintes dues à son rang et des émotions qu’elle avait la réputation de ne pas bien savoir maîtriser ?
Plutôt que de retracer Diana à travers les grandes dates qui ont jalonné sa courte existence, Stephen Jeffreys, le scénariste, et Ecosse Films, la société de production qui a eu l’idée de ce récit, se sont concentrés sur l’épisode sans doute le plus paradoxal de sa vie. En 1995, alors qu’elle est en plein divorce d’avec le prince Charles, Diana est en train de se sculpter un nouveau personnage médiatique : elle n’est plus depuis longtemps la cruche blonde choisie pour son sang bleu comme potentielle représentante de la monarchie anglaise, ni l’empêcheuse de tourner en rond dans l’organisation huilée du palais, ni même l’épouse bafouée d’un prince qui ne l’aurait jamais aimée.
Reborn
Non, elle est une femme de son temps, amincie, épanouie, enfin jolie, qui semble en voie d’assumer sa personnalité et ses propres désirs. Sa notoriété est immense, sa popularité au top. Et pourtant, c’est au moment où elle occupe sans cesse le devant de la scène qu’elle va le mieux parvenir à dissimuler ce qui comptera le plus dans sa vie : son envie d’être utile et son amour le plus sincère.
Le film commence (après une scène de flash back sur sa dernière soirée à Paris) donc au moment où Diana, séparée, est en train de découvrir la liberté et surtout de se demander ce qu’elle pourrait bien en faire. Donner un sens sa vie, voilà la question. Une visite dans un hôpital va la guider dans ce choix. Elle y rencontre un chirurgien passionné par son métier, Hasnat Khan, avec qui elle ne tarde pas à débuter une liaison. Elle l’admire, il ne la traite pas comme une princesse, elle le respecte, il s’intéresse à l’être humain qui est en elle et lui fait comprendre comme utiliser à bon escient son statut, sa notoriété, bref son pouvoir à un peu plus que des bonnes oeuvres. Ce qui n’avait jamais été le cas jusqu’à présent… Diana s’engage alors dans ce qui restera son combat le plus pertinent : la lutte contre les mines antipersonnel.
A sa perte
Pourtant, même si leur amour est vraiment partagé, il va être sérieusement contrarié par des obstacles multiples : l’extrême médiatisation de Diana, qui ne facilite pas l’intimité, la tradition musulmane de la famille du médecin, l’impétuosité de leurs caractères respectifs, les contraintes de leurs occupations respectives… Au bout de deux ans et après plusieurs ruptures, le couple se sépare une nouvelle fois. Par dépit (selon la thèse du film) Diana accepte l’invitation de Dodi Al-Fayed à passer des vacances sur son yacht et invite les photographes à la rendre publique. On connaît la suite et sa fin tragique…
En révélant cette histoire d’amour plutôt discrète et surtout ce qu’elle a changé dans la personnalité et l’attitude de Diana, le film a l’intelligence d’éviter tous les travers d’une hagiographie qui n’aurait pas été palpitante. Certes, ce portrait n’est pas à charge, mais il a l’humilité de chercher à comprendre un personnage éminemment public à travers une histoire fondamentale dans son cheminement personnel mais qui aurait gagné justement à rester très privée. On s’intéresse de très près au destin contrarié de cette femme, apparemment puissante mais aux failles (notamment affectives) évidentes, à sa quête d’amour revendiquée, à sa perspicacité dans ce que le monde attend d’elle et ce qu’elle est capable de lui donner… On la découvre intuitive et finalement extravertie, peinant à desserrer le corset de son rang et de son éducation.
Se révéler à soi-même
A travers elle, le film aborde aussi et en finesse une problématique très féminine. Sans se poser plus de questions, Diana a d’abord vécu à travers les autres (son mari, sa charge, ses enfants, sa famille, son rôle dans la monarchie…). Son divorce lui fait prendre conscience qu’elle est une personne à part entière même si cette indépendance a un goût amer. Sa liaison avec ce chirurgien lui prouve qu’elle peut faire quelque chose de sa vie. A elle de décider désormais comment répondre à l’éternel questionnement entre le dévouement et l’accomplissement personnel!
Très bien documenté, conçu et mise en scène avec une précision méthodique, avec sérieux et sans folie, « Diana » est une très belle surprise. Impossible de rester froid aux tentatives de la vraie Diana pour être heureuse, à la conviction qu’elle met dans les projets qu’elle entreprend, à la générosité parfois maladroite dont elle fait part. Naomi Watts, qui l’interprète avec application, rend cette émotion plus que palpable. Et sans vraiment la mimer, elle a su s’approprier ses tics, son accent, l’ensemble de ses expressions. Un seul point faible dans cette recherche: sa démarche beaucoup trop banale.
Complexe
En se concentrant sur son sujet c’est-à-dire sur cette liaison méconnue, le scénario évite aussi tous les travers qui l’auraient rendu peu crédible : on voit à peine les arcanes de la monarchie anglaise, le lustre des palais et les obligations familiales ou « institutionnelles » qui rythment la vie de Diana. Et sa vie telle qu’elle est décrite ne porte ni au fantasme, ni à la pitié populaire. Un équilibre subtil, sensible dont Oliver Hirschbiegel a su se satisfaire et qui révèle au plus près une personnalité plus ambivalente que prévue.
De Oliver Hirschbiegel, avec Naomi Watts, Naveen Andrews, Douglas Hodge, Charles Edwards…
2013 – Grande-Bretagne/France/Belgique – 1h48
A consulter aussi sur cine-woman : la conférence de presse de Paris, avec Naomi Watts, Naveen Andrews, Oliver Hirschbiegel et le producteur Robert Bernstein.
Ah les femmes, la femme ! Tout au long de sa carrière de réalisateur, Woody Allen leur a consacré régulièrement de très beaux portraits qui, aujourd’hui, rejaillissent comme ses oeuvres les plus intéressantes, les plus sincères et donc les réussies.
Un réalisateur amoureux
On se souvient, émue, d’ « Annie Hall », vraie ode d’un homme amoureux à sa femme d’alors, Diane Keaton, de sa période Mia Farrow, (« Hannah et ses sœurs », « Alice » etc…) et de tant d’autres héroïnes… Bref, chez Woody Allen, la muse est forcément féminine, et il restera sans doute l’un des réalisateurs américains à avoir confié à ses actrices les rôles les plus riches et dans des histoires beaucoup plus variées que la production courante.
« Blue Jasmine » s’inscrit dans cette lignée. Et c’est peu dire que c’est une excellente nouvelle tant les derniers films de Woody Allen n’avaient pas été très convaincants. Par pudeur nous ne mentionnerons ni « To Rome with Love », ni « Minuit à Paris », deux errances insignifiantes bourrées de clichés touristiques… Il faut revenir à « Vicky Cristina Barcelona », qui opposait la brune incendiaire Penelope Cruz à la blonde ultra sexy Scarlett Johansson pour retrouver la verve qui fut la sienne. Encore une histoire de femme…
Déchue
Dans son nouveau film, Jasmine est une femme perdue. On fait sa connaissance juste après son divorce, quand elle est à la dérive complète d’une vie qui fut autre fois magnifique, pour ne pas dire luxuriante. Défaite, à terre, elle a quitté New York pour San Francisco où elle compte se refaire une santé (financière notamment) et retrouver une raison de vivre chez sa soeur, Ginger.
Elles n’ont pour ainsi dire aucun point commun, même pas l’affection qui pourrait les lier. Autant Jasmine est snob, superbe, anciennement riche et ayant appartenu à l’élite new-yorkaise, autant Ginger est une américaine moyenne, popu même, qui peine à joindre les deux bouts et qui se satisfait assez bien de sa condition, du moment qu’elle est aimée.
Factice
Jasmine, elle, aime le luxe, le style, l’épate, l’argent, les mondanités…. Son univers factice a beau s’être écroulé, elle ne changerait de repère pour rien au monde. Ginger, elle, a des enfants, des sentiments sincères qui la portent et c’est avec une bienveillance surprenante, une admiration sans borne et une patience hors norme qu’elle accueille sa sœur, chez elle. A durée presque indéterminée.
Pourtant, quand l’une et l’autre finissent par se rapprocher, par adopter quelques stigmates qui leur étaient auparavant étrangers, quand une éclaircie semble percer dans la grisaille de leur existence, Woody Allen s’amuse à déjouer nos pronostics les plus optimistes…
Sans rémission possible, Jasmine est condamnée aux artifices dont elle s’est toujours délectée et paiera cher son addiction au royaume de l’apparence. Sa sœur, plus sincère, s’en sortira forcément un peu mieux. Mais, c’est justement cette morale un peu facile qui condamne par avance le superficiel sur l’authentique qui est la faiblesse principale de cette fable, par ailleurs réussie. Woody Allen a autrefois été plus cruel (dans « Match Point » par exemple) et son film, son propos n’en étaient que plus fort.
Actrice hors norme
« Blue Jasmine » est toutefois un film puissant. Grâce à la prestation absolument époustouflante de Cate Blanchett. Dans ce rôle de snob new yorkaise déchue, de femme à la dérive, l’actrice australienne livre une performance parfaite, un sommet d’interprétation comme il existe peu. Rien que pour elle, ce film est incontournable.
De Woody Allen, avec Cate Blanchett, Alec Baldwin, Sally Hawkins, Peter Sarsgaard…
Après le décès de son père, Momo, une jeune fille d’une dizaine d’années, débarque à Shio, la petite île où a grandi sa mère. Momo regrette Tokyo, d’autant que sa maman, qui cherche du travail, la laisse très souvent seule dans la vieille maison où elles habitent désormais.
Isolée, sans amis, perdue dans cette nouvelle vie qu’elle refuse, Momo est complètement effrayée par les esprits (des yokaï) très gourmands qui hantent la maison et qu’elle semble la seule à voir. Mais, peut-être sont-ils là pour son bien.
Yokaï du bien
Le deuxième film de Hiroyuki Okiura n’a rien à voir avec son premier long métrage, “Jin-Roh : la brigade des loups”. Il s’agit ici d’un conte fantastique très tendre sur le deuil d’un enfant vis-à-vis de son père.
Si le fond de l’histoire est très dur, l’environnement où évolue la jeune fille est au contraire très doux et très harmonieux. L’île de Shio semble de toute beauté et les traditions qui y ont encore cours vont aider Momo à passer ce cap très délicat de sa jeune existence. Les yokaï sont des figures grotesques amusantes et affectueuses, qui permettent ainsi à ce film très touchant de quitter l’hyperréalisme dans lequel il s’incrit pour s’envoler dans un univers drôle et fantaisiste plus que bienvenu.
En France, aller à l’école va de soi. Et s’y rendre n’est presque jamais un parcours d’obstacle. Au pire, les enfants se lèvent un peu plus tôt, prennent le bus de ramassage scolaire, celui de la ville ou la voiture des parents si l’école est à plus d’un quart d’heure de marche.
Ailleurs?
Pour Jackson, 11 ans, qui habite dans la savane kenyane, pour Zahira, 12 ans, qui vit dans le haut Atlas marocain, ou pour Carlito, 11 ans, fils d’éleveur de la Pampa argentine, c’est une autre paire de manche!
Le premier a 18 km à parcourir à pied matin et soir, en évitant les éléphants qui peuvent charger à chaque instant, la deuxième, 22km à cheminer dans la caillasse et la montagne, le dernier 18 km à cheval à travers la Patagonie, sa petite soeur en croupe.Sans parler des deux petits frères de Samuel, qui pousse dans le sable, l’eau et la poussière du golfe du Bengale, sa chaise roulante brinquebalante pour leur aîné handicapé puisse suivre une scolarité normale.
L’école, ça se mérite
Comme le dit Zahira, aller à l’école, ça demande des efforts”. Et ce n’est sûrement pas inutile de le montrer aux enfants d’ici. Ce que fait justement ce documentaire, simplement et joliment réalisé, en suivant ses enfants au plus près depuis leur maison jusqu’à la cour de leur école.
Le film va d’ailleurs connaître un prolongement à la télévision (3 x 52 mn) qui reviendront sur d’autres parcours de jeunes écoliers à travers le monde. La date de diffusion n’est pas encore connue à ce jour.
Les sorties du 25 sept sur cine-woman : Blue Jasmine de Woody Allen, Miele de Valeria Golino, La petite fabrique du monde (courts-métrages pour enfants), Lettre à Momo deHiroyuki Okiyura et The way- la route ensemble d’Emilio Estevez.
Elle n’est pas commode Mrs Hunter. Un peu plus et on la laisserait volontiers crever! Mais, Mrs Hunter est richissisme. Aussi, quand ses deux (grands) enfants ont vent de son attaque cérébrale, font-ils le chemin jusqu’en Australie où elle a choisi de vivre. A reculons, certes, mais ils viennent.
Noeud familial
Le fils, un acteur raté, séducteur invétéré, se fait attendre. La fille, Dorothy, est plus ponctuelle mais elle garde ses distances. La vieille, elle, continue à régner en despote sur son entourage, sur ses nurses, sur son notaire… Tant et si bien que les contentieux familiaux finissent par éclore et put-être par se dénouer.
Ce film, d’un classicisme de bon teint, finit par prendre un charme certain. L’histoire est puissante, outrancière, malsaine à souhait comme seules les bonnes familles savent en dissimuler. Les acteurs qui l’animent sont généreux, notamment Charlotte Rampling qui joue avec une hargne dont elle se délecte cette vieille peau de vache qui a préféré sa vie de femme à celle de mère de famille. Judy Davis, dans le rôle plus ingrat de sa fille, parvient à lui tenir la dragée haute, tandis que Geoffrey Rush (le fils) cabotine à merveille.
Emphatique
Mais, en voulant trop en dire, en restant scotché au roman de Patrick White, dont il est adapté, le film s’enlise dans des histoires et dans les personnages secondaires dont on comprend mal le propos (c’est le cas de cette cuisinière allemande aux pieds fragiles).
Il aurait fallu élaguer, raccourcir, surtout se concentrer sur l’intrigue principale, la relation d’une cruauté sans nom qui lie la mère et la fille. A jamais.
De Fred Schepisi, avec Charlotte Rampling, Judy Davis, Geoffrey Rush..
2011 – Australie – 1h59
Sorties du 18 septembre 2013 sur cine-woman. Ma vie avec Liberace de Steven Soderbergh, La bataille de Solferino de Justine Triet, Elle s’en va d’Emmanuelle Bercot, Moi & toi de Bernardo Bertolucci et Barcelone, avant que le temps ne l’efface de Mireia Ros
La journée commence mal pour Laetitia. Ses deux gamines sont infernales, elle doit filer au boulot et son ex ne trouve rien de mieux que de vouloir exercer son droit de visite, là maintenant.
Sauf que Laetitia travaille pour la télé et qu’aujourd’hui, précisément, on est le 6 mai 2012, à quelques heures du résultat de la dernière élection présidentielle. Elle a à peine le temps de briefer son baby-sitter avant que la situation ne s’emballe complètement…
Souvenirs de liesse
Evidemment, se replonger aujourd’hui dans les images de liesse qui ont accompagné l’élection de François Hollande est à la fois touchant et amer. Touchant car l’enthousiasme était réel et massif, amer parce qu’il semble très, très loin le temps où Hollande signifiait encore un élan positif.
Si la galère de Laetitia peut avoir un sens aujourd’hui, c’est bien celui de nous être perdu dans une fête qui n’en était pas une, à l’image de son couple fini qui n’était apparemment qu’une illusion de bonheur et dont il lui faut désormais gérer les conséquences, dans une crise sans issue et finalement dans l’absurdité la plus totale.
Elle vacille mais elle tient bon, Laetitia et on ne sait pas trop ce qui l’empêche de s’écrouler complètement : son boulot ? son nouveau mec, un certain Virgil d’une gentillesse, d’une naïveté insupportable ? L’ancien était irresponsable (il se pointe un jour en retard à la convocation du juge, il se bat), mais au moins, il semblait avoir quelque chose à défendre. Le nouveau, non.
Hors contexte
C’est dommage car si Justine Triet, la réalisatrice a eu l’intelligence d’anticiper le contexte en filmant le jour J et jusqu’à pas d’heure, elle n’en fait rien. Elle ne le donne même pas comme enjeu de ce nouveau couple contre l’ancien par exemple. Non, il sert juste à mobiliser Laetitia un dimanche, à amplifier sa panique et son stress (quand elle demande au baby-sitter de la rejoindre dans la foule par exemple). Non, c’est l’immaturité de l’ex couple et la rupture difficile qui capte toute l’attention de la réalisatrice, alors que c’est sans doute la pièce la moins originale de son film.
En revanche, la fraîcheur de l’ensemble est également plutôt bien défendue par les acteurs, encore peu vus au cinéma : Vincent Macaigne en tête (c’est le plus connu des quatre, déjà vu dans Un monde sans femmes) qui parvient à être d’une mauvaise foi totale, sûr de son bon droit, parfois très nerveux et pourtant attendrissant père de famille.
De Justine Triet, avec Vincent Macaigne, Laetitia Dosch, Virgil Vernier, Arthur Harari
2012 – France – 1h34
Sorties du 18 septembre 2013 sur cine-woman. Ma vie avec Liberace de Steven Soderbergh, Elle s’en va d’Emmanuelle Bercot, L’oeil du cyclone de Fred Schepisi, Moi & toi de Bernardo Bertolucci et Barcelone, avant que le temps ne l’efface de Mireia Ros
Ca n’aurait dû être q’une petite coupure, une pause cigarette tout au plus. Un court besoin d’air, de reprendre ses sens, de se remettre vite fait les idées en place.
Mais, Bettie ne fait jamais les choses à moitié. Du coup, quand elle apprend que son amant la délaisse pour une femme plus jeune, elle plaque son restaurant en plein service du dimanche midi. De fil en aiguille, de rencontre en coup du sort, Bettie quitte Concarneau et ses environs, pour le Limousin, puis le lac d’Annecy et enfin l’Ain.
Parcours de vie
En chemin, Bettie va (en vrac) renouer avec sa fille (hystérique, interprétée par la boudeuse chanteuse, Camille), s(attacher à son petit-fils, prendre ses distances avec sa mère, s’égarer dans le lit d’un homme jeune, participer à une réunion d’ex-miss France et (re)découvrir l’amour.
Ecrit et réalisé tout à l’honneur de Catherine Deneuve, ce road-movie au propos réaliste, du moins au départ, devient vite une suite pas très cohérente de rencontres improbables. Les faits se succèdent sans plus d’explications et si certaines scènes sont réellement attachantes, comme celle du vieux monsieur qui roule une cigarette à Catherine Deneuve avec une lenteur et une application magnifiques, elles deviennent de moins en moins intéressantes au fur et à mesure que le film avance.
Perdue
Celle de la photo des ex-miss est d’une cruauté pathétique, celle de la colère idiote de sa fille aussi. Comme si Emmanuelle Bercot (et c’est un reproche qu’on peut souvent lui faire) perdait progressivement l’attrait pour ses personnages. Du coup, le cheminement de Bettie/Deneuve semble interminable et bien peu enrichissant, tant la réconciliation familiale devient artificielle. Dommage, Catherine Deneuve était sûrement capable de défendre un personnage plus complexe et plus profond jusqu’au bout. Là, ce n’est pas le cas.
D’Emmanuelle Bercot, avec Catherine Deneuve, Camille, Claude Gensac, Mylène Demongeot, Hafsia Herzi…
2013 – France – 1h57
Sorties du 18 septembre 2013 sur cine-woman. Ma vie avec Liberace de Steven Soderbergh, La bataille de Solferino de Justine Triet, L’oeil du cyclone de Fred Schepisi, Moi & toi de Bernardo Bertolucci et Barcelone, avant que le temps ne l’efface de Mireia Ros
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