Si l’héroïne ne s’était pas appelée Veronica, jamais je serai allée voir ce film. Dommage! Car il vaut bien plus que le prénom de la jeune femme dont il dresse un portrait inédit.
Du sexe
Veronica aime baiser, à 2 ou à plusieurs. peu importe avec qui et peu importe le nombre. Elle aime aussi la mer, la plage de Recife où elle habite, son père avec qui elle vit, ses amies avec qui elle sort. Gustavo, aussi, qui a tout pour lui et serait prêt à faire sa vie avec elle. Pas elle.
Veronica vient d’obtenir son diplôme de psychologue et a trouvé un emploi dans un hôpital. Ce nouveau travail, ses responsabilités, la maladie de son père devraient la pousser à changer de vie. Mais, non, Veronica ne veut pas renoncer à sa liberté, à ses pulsions sexuelles, à son libertinage. Aimer, elle n’en est pas capable, mais baiser en revanche lui fait un bien fou…
Et peu d’amour
Rarement, un tel sujet est abordé de cette manière, à la fois simple et frontale. Veronica n’a rien d’une fille volage, écervelée, légère. Elle est brillante, intellectuellement épanouie (elle réussit un examen très difficile et aura même une promotion rapide), un peu dépendante affective de son père qui l’a élevée seul et en manque de certains repères. Quoique…
Ce qu’elle fuit surtout et avant tout, ce ne sont même pas les responsabilités, mais plutôt l’engagement et les conventions sociales. Le sexe la rassure, calme ses angoisses alors que l’amour la mettrait en danger. Et ce qui est vraiment intéressant dans ce portrait tout en finesse de cette génération individualiste et libérée, c’est justement la rupture avec la tradition qui voudrait que sa démarche soit plus masculine que féminine.
Portée par Hermila Guedes, une actrice intrigante, qui parvient à se montrer aussi adulte qu’immature, aussi déterminée qu’incertaine, cette histoire simple met l’accent sur une évolution significative des moeurs sans jugement aucun mais avec la nécessaire remise en cause qu’elle provoque. Ici, aujourd’hui, ou à là-bas à Recife. Dans la société comme dans nos têtes.
De Marcelo Gomes, avec Hermila Guedes, W.J Solha, Joao Miguel, Renata Roberta…
Wajma a 20 ans, elle est étudiante en droit et belle comme un coeur. Mustafa lui fait une cour appuyée. Elle finit par se laisser faire, tombe enceinte. Il refuse de l’épouser. Rien de bien grave, en apparence. Mais, Wajma habite à Kaboul en 2013. Qu’elle ait eu une attitude « aussi irresponsable » va sceller à jamais son destin.
Troublant et révoltant
Pour son deuxième film, Barmak Akram, afghan de naissance et français d’adoption, diplômé de la prestigieuse école de cinéma, la Femis, choisit un sujet difficile, révoltant. Mais, il choisit de le traiter d’abord avec une certaine légèreté – le flirt est d’ailleurs vraiment bien filmé, mettant en scène autant le trouble suscité chez Wajma par les sentiments affichés de Mustafa et la manière dont elle cédera à leur désir-. Puis, dès que le père de la jeune fille intervient, la caméra devient plus lourde, plus attendue aussi et donc moins intéressante.
Le réalisateur parvient toutefois à montrer toute la violence subie par cette jeune femme de la part des hommes, qu’il s’agisse de son père ou de son petit ami. Ce que vit Wajma est évidemment intolérable, inacceptable et pourtant, son destin ne semble offusquer personne. Même pas sa mère, qui a averti le père en sachant probablement comme il se comporterait, à peine sa grand-mère qui finit par lui apporter à manger et un peu de chaleur quand la jeune femme sera mis au ban, de sa famille, comme de la société.
L’honneur au dessus des lois?
Au nom de l’honneur, tout est accepté et paradoxalement, c’est la police, la force de la loi qui finira par protéger une famille régie par des traditions occultes alors qu’elle semblait vivre avec son temps, puisque Wajma est autorisée à suivre des études ou à utiliser un téléphone portable par exemple.
Outre son sujet, crucial aujourd’hui, l’autre intérêt du film, c’est qu’il a été financé et tourné entièrement en Afghanistan. On observe donc comme s’organise la vie d’une famille afghane derrière les murs et les portes fermées de la maison, conçue en plusieurs petits bâtiments qui ont chacun leur fonction et qui sont répartis autour d’une courette.
Magnifique Kaboul
A d’autres moments, on perçoit comment s’organise la vie sociale afghane, qui mixte les traditions les plus fortes et une certaine modernité. Enfin, on y perçoit l’extrême rigueur du climat hivernal, la neige, ainsi que la magnifique localisation de Kaboul, ville rarement filmée à part dans les JT, au pied d’une majestueuse chaîne de montagnes, enneigées en hiver. magnifique.
Ce film a eu les honneurs de l’Acid, à Cannes 2013, et du Festival de Sundance 2013 où il a remporté le prix du meilleur scénario.
De Barmak Akram, avec Bahar Wajma, Mustafa Abdulstar, Haji Gul Aser, Breshna Bahar…
2013 – Afghanistan/France – 1h26
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Avant l’hiver, ou les retrouvailles de Kristin Scott Thomas et de Daniel Auteuil
Vous connaissez forcément Guillaume Galienne, cet acteur au physique suranné et étrange (grosse tête, cheveux frisés), croisé à la télévision, dans Marie-Antoinette de Sofia Coppola, dans Astérix et Obélix : au service de sa majesté, sur les planches de la Comédie Française et à la voix reconnaissable entre 1000. Son phrasé, précieux, son intonation féminine, sont devenues une patte qu’il utilise à l’envi en lisant des extraits de livres (de classiques surtout) sur France Inter.
Une voix de femme
Parlons-en justement de sa tonalité aigüe et apprêtée. Car, c’est justement le sujet de son premier film en tant que réalisateur.
Troisième garçon d’une famille de la grande bourgeoise de l’Ouest parisien, Guillaume a toujours eu un statut particulier au sein de sa fratrie : sous la coupe de sa mère, une forte tête autoritaire, désabusée et pas très tendre, qui a décrété depuis toujours que Guillaume était une fille. Et lui a grandi ainsi, en jouant à porter des robes à la Sissi, en se frottant de manière rugueuse aux passions masculines, bref en ne trouvant jamais sa place, ni au pensionnat, ni dans une équipe de natation ou de rugby. Guillaume est peureux, couvé, à part, moqué, insulté même parfois, incompris par tous… sauf pas Maman. Et pourtant rien n’est évidemment aussi simple…
Théâtral
Adapté de sa pièce de théâtre au titre éponyme, le film aurait justement mérité qu’il s’en détache puisque les allers retours avec la scène n’apporte pas grand-chose (sauf à la toute fin du film) et ont tendance à couper plus qu’à structurer un récit qui évolue par saynètes mais aurait mérité d’être un film intégral.
A part cela, le film est passionnant et bourré d’excellentes idées, parfois empruntées à la pièce. Comme le fait que Guillaume Gallienne joue à la fois son rôle et celui de sa mère.
Responsables, pas coupables
Outre la question de l’identité sexuelle abordée dans de nombreux films depuis plus d’une vingtaine d’années, cette comédie au comique enlevé (mais est-ce une comédie au fond ?) pose des questionnements encore plus profonds et peu traités jusqu’alors. : la responsabilité des parents, père et mère, dans la construction identitaire d’un enfant, le rôle de la peur dans la construction d’une personnalité… des problématiques majeures même en dehors de l’aspect sexuel (même si celui-ci reste fondamental).
De et avec Guillaume Gallienne, André Marcon, Françoise Fabian, Diane Kruger, Reda Katheb…
2013 – France – 1h25
Les autres sorties du 20 novembre traitées par cine-woman :
Borgman, étrange film du néerlandais Alex van Warmerdam
La maison à la tourelle, hommage touchant à Katerina Golubeva et à l’écrivain russe Friedrich Gorenstein
Jane Campion mérite une exception. Que Cine-Woman délaisse le cinéma stricto sensu pour parler d’une série TV, « Top of the lake » diffusée désormais en VOD sur la plate-forme d’Arte. Mais, du cinéma, « Top of the lake » en regorge. Bien plus que certains films.
Jane Campion, seule réalisatrice à avoir remporté une Palme d’Or à Cannes, n’est pas l’unique réalisatrices de « Top of the lake » mais elle en est l’inspiratrice, la productrice, la co-scénariste auprès de Gérard Lee… Elle l’a bel et bien dirigé un épisode sur deux confiant les autres à un certain Garth Davis. Et sa « patte » ne fait aucun doute : les paysages de Nouvelle-Zélande sont sublimés par sa camera et l’intrigue volontiers teintée d’un féminisme très original lui ressemble parfaitement.
Thriller incestueux
L’ensemble de la série est une longue intrigue policière particulièrement retors et complexe. Mais, c’est aussi beaucoup plus que cela. L’histoire débute par une image, vécue par Jane Campion. Tui, une jeune fille de 12 ans, habillée en uniforme d’école, s’enfonce lentement dans un lac glacial. On découvrira par la suite qu’elle est enceinte. Robin, une policière de la brigade des mineures est justement dans le coin –elle en est originaire, y a grandi et venait rendre visite à sa mère malade -. Pour elle, c’est un cas d’espère qu’il faut absolument résoudre (on comprendra pourquoi plus tard). Elle s’y emploiera hors de toutes limites.
Et Robin (Elisabeth Moss, l’ambitieuse de Mad Men) aura fort à faire : non seulement le commissariat est peuplé d’hommes plutôt rustiques, managé par un chef raffiné mais à la moralité douteuse, mais Tui est la fille de Matt (Peter Mullan), un baron local de la drogue qui a un étrange rapport aux femmes (à sa mère et à sa fille notamment) et règne en maître sur un monde qui lui est dévoué. Et puis, Robin doit s’occuper de cette mère malade, mère qui a une ample connaissance des moeurs locales sans les révéler à sa fille. Et Robin renoue aussi avec des vieilles connaissances…
Paradise, lieu d’épanouissement féminin
Enfin, il a cette immense domaine, Paradise, situé en bordure du fameux lac, bordé par des montagnes majestueuses qu’une communauté vient d’acquérir au nez et à la barbe de Matt qui revendique un droit de propriété absolue sur cette terre où sa mère est enterrée.
La communauté de Paradise a une particularité : elle n’est composée que de femmes brisées par la vie. Des femmes violentées, désaimées, qui tentent ici de se reconstruire grâce à l’étrange sagesse de leur gourou : la mystérieuse GJ, une sorte de sorcière aux longs cheveux blancs qui économise ses mots mais s’avère fin psychologue. Elle est interprétée avec distance par une Holly Hunter (La leçon de piano) méconnaissable.
L’histoire commence vraiment lorsque Tui va y chercher refuge. Le lendemain matin, elle a disparu et personne ne sait ce qu’elle est devenue…
Pas un manifeste féministe…
Outre la réalisation qui est vraiment spectaculaire – les paysages crèvent littéralement l’écran, la nature s’imposant à cette communauté rurale jusque dans leurs réactions entre humains, les personnages sont tous d’une originalité troublante, d’une consistance épaisse, l’intrigue est machiavélique à souhait- , ces six épisodes, parfois un peu âpres à avaler d’un seul coup, interrogent tout du long le rôle, la place de la femme dans la société. Et pas seulement là-bas dans les montagnes. Ici aussi.
« Ce n’est pas une manifeste féministe », déclare Jane Campion, et elle a raison. Mais, « L’identification, c’est une porte d’entrée dans cet autre monde créé par le cinéma. Donc cela m’est naturel de raconter des histoires du point de vue d’une héroïne. Il y a tellement peu de réalisatrices, alors si en plus il faut faire des films sur des hommes… Mais peut-être le ferai-je un jour, qui sait ? La sous-représentation des femmes dans le cinéma, c’est un sujet qui donne envie de bâiller et de grincer des dents à la fois. Que rien n’ait changé depuis tout ce temps, c’est d’un tel ennui ! À mon avis, ce qu’il faudrait, c’est qu’Abraham Lincoln revienne et en fasse un décret : « Que la moitié des films dans le monde soient mis en scène par des femmes.» Mais ça ne risque pas d’arriver ».
… Un film féminin
Tout est dit. Et la manière dont elle s’intéresse avec humour à cette communauté de femmes malmenées par la vie, elles qui sont hors des canons de beauté habituelles et dont elle les confronte à la grossesse d’une toute jeune fille, d’une enfant même, est d’une subtilité bien plus intéressante que ne l’aurait été un manifeste plus revendicatif. Et que l’enquête soit menée de bout en bout par une jeune femme en plein questionnement sur sa filiation et ses engagements affectifs est d’une portée vraiment passionnante.
De Jane Campion et Garith Davis, avec Elisabeth Moss, Peter Mullan, Holly Hunter, Thomas M.Wright, Jacqueline Joe
Diffusion sur Arte des trois premiers épisodes le jeudi 7 novembre, des trois derniers le jeudi 14 novembre à partir de 20h50.
En 1950, Billy Wilder tourne « Boulevard du Crépuscule », sublime film qui ausculte, à travers le destin et les névroses d’une ancienne star du muet, les démons du système hollywoodien. Lui y est arrivé au milieu des années 1930 comme scénariste et talent désormais indésirable en Europe.
Il ne lui a fallu que quelques années pour y percer et en 1950, le cinéma lui doit déjà quelques films incontournables qu’il a soit scénarisés, soit réalisés : « Ninotcha », « Assurance sur la mort », « La valse de l’empereur », « la scandaleuse de Berlin ». Doué d’une intelligence exceptionnelle (tous ses films le prouvent), Billy Wilder n’a eu besoin que de quelques années pour comprendre que les chimères de l’univers dans lequel il évolue et pour se donner les moyens de le critiquer ouvertement mais subtilement.
Crépusculaire
Il faut croire que le sujet le hante, car en 1978, pour son avant-dernier film, il s’y attaque à nouveau avec la même hargne, la même violence rentrée. « Fedora » traite du même thème que « Boulevard du Crépuscule », mais en négatif. Et la désillusion est encore plus cruelle.
Barry Detweiler, un producteur fauché tente de se refaire en proposant un rôle, l’ultime rôle, à celle qui fut en son temps la star des stars, Fedora. Mais, depuis des années, l’actrice vit retirée de tout et de tous dans une maison isolée et inviolable sur une petite île proche de Corfou. Barry brave les obstacles et les interdits pour tenter de la rencontrer. Il finit par parvenir et ce qu’il y découvre est encore pire que ce qu’il aurait pu imaginer…
Garbo en modèle
Bien moins connu que les autres films de Wilder, Fedora revient donc aujourd’hui en version restaurée. La couleur un peu passée de la fin des années 1970 lui donne un charme suranné. Le réalisateur a aussi un peu perdu le sens du rythme qui donna un tempo formidable à ses comédies. Mais, son propos est tellement puissant, son histoire tellement cruelle que, même si son talent est un peu fatigué, (Wilder le tourne à 72 ans et s’est épuisé à le faire financer – il n’a trouvé de l’argent qu’en Europe, ce qui fait de Fedora son film tardif le plus européen- ), Fedora reste un grand film qui mérite dix fois qu’on s’y attarde. C’est aussi un des grands rôles de Marthe Keller, qui, bien que dissimulée, brille de toute sa beauté dans les scènes dévoilées et soutient presque la comparaison avec Greta Garbo, dont la véritable histoire aurait inspiré ce chant du cygne à Wilder.
Avec Marthe Keller, William Holden, Hildegard Knef…
Evidemment quand on voit un film après en avoir entendu parler (en bien et par des gens de confiance), on en attend beaucoup. Trop, parfois ! Frances Ha s’annonçait donc comme une belle promesse et à vrai dire, c’en est une. Mais, sans l’enthousiasme espéré.
L’historie est simple. Frances a 27 ans et se cherche. Elle a dû mal à quitter non pas l’adolescence mais sa jeunesse, ses repères, ses amis, son style de vie sans responsabilités pour rentrer dans le monde adulte. Elle rêve d’être chorégraphe mais mange la poussière en attendant : elle n’a pas d’argent, pas de mec, une roomate qu’elle adore et qui la quitte pour suivre sa propre route.
Modern girl?
Frances est fantasque, originale, un peu perchée même, mais c’est tout ce qui fait son charme et l’intérêt de son personnage. Elle est surtout interprétée par Greta Gerwig, déjà croisée dans « Damsels in distress » et une pléiade de films indies, et c’est la meilleure idée du film dont elle a contribué à écrire le scénario.
La seconde est de l’avoir tourné en noir et blanc, ce qui lui donne un côté arty, une saveur très 80’s dans la veine de « Nona Darling n’en fait qu’à sa tête » de Spike Lee ou même des premiers Jim Jarmush. Et puis, nous sommes à New York et cette ville supporte bien mieux que d’autres le blanc et le noir, en n’ôtant rien de son énergie emblématique. Référence 80’s encore revendiquée par le choix de la chanson de Bowie, « Modern Love », dans la bande son. La scène de danse devant la station de métro et dont est tirée l’affiche,devrait rester culte.
Trop positive
Alors que manque-t-il ? Peut-être une sincérité. J’ai lu quelque part qu’il s’agissait d’un vrai film de filles. Certes, mais filmé par un homme et ça change tout. Même si Frances est épatante, intrigante, stimulante, impossible de s’identifier un tant soit peu à elle. Trop posée, trop travaillée, trop positive sauf à quelques rares moments (évidemment les meilleurs du film) : le dîner où elle est insupportable, son voyage à Paris et son retour en taxi à New York.
Je ne vous dirai pas si elle parvient à ses fins, mais Frances aurait mérité d’être un peu plus cabossée par ses échecs. Sans en faire une « Sue perdue dans Manhattan », film magnifique d’Amos Kollek sur le rêve américain, on aurait aimé les coups la façonnent un peu plus. Que cet abandon inévitable de la jeunesse soit un passage, pas juste une étape.
De Noah Baumbach, avec Greta Gerwig, Mickey Summer, Michael Esper, Adam Driver
Ce film est un exploit. Et un témoignage vivant de l’épouvantable condition de la femme en Arabie Saoudite. On sait déjà qu’une femme n’a pas le droit d’y conduire une voiture. On apprendra aussi qu’elle est donc dépendante, adulte, de la bonne volonté de son chauffeur et enfant, qu’elle n’a même pas le droit de faire du vélo!
Wadjda, elle, jeune fille pleine de vie de 12 ans, aimerait bien pouvoir envoyer toutes les règles idiotes et ultra-contraignantes qui régissent la vie des filles et des femmes là-bas. Une jeune fille bien élevée ne doit jamais rester dans la ligne de mire d’un homme mais vite se précipiter à l’intérieur, et cela, même si elle est couverte d’un voile noir qui le recouvre des pieds à la tête. Une jeune fille ne peut toucher le Coran lorsqu’elle est « impure », elle n’apparaît jamais dans un arbre généalogique, ne peut pas se mettre de vernis à ongles, porter un bracelet à l’école etc etc etc et bien sûr, elle sera mariée à peine adolescente à un homme qui pourra la répudier ou la remplacer comme il voudra, si elle ne lui donne pas le fils espéré.
Wadjda, donc du haut de ses 12 ans, va se rebeller à sa manière contre ce système, en souhaitant avoir un vélo pour pouvoir battre son copain Abdallah à la course. Et elle n’en démordra pas même si tout joue contre elle.
A travers la quête de Wadjda et la description de sa vie en famille, auprès de sa mère et de son père absent, Haïfaa Al Mansour offre le premier témoignage vivant, nourri de la vie en Arabie Saoudite, pays où le cinéma est proscrit, où il n’existe aucune salle de cinéma et où elle peut se vanter d’avoir tourné le premier long métrage de l’histoire. Sans démonstration et avec un sens aiguë de la narration, elle dresse ainsi un portrait très complet et tout à fait sensible de la place de la femme et de la petite fille dans ce pays, souvent ami des Occidentaux. Et la leçon est des plus terrifiantes mais des plus efficaces.
Encourageons-la, elle et ses futures consoeurs, à produire encore et encore de nouveaux témoignages aussi bien menés. Peut-être qu’alors le cinéma aura cette utilité sociale, provoquera l’avancée indispensable que méritent ces femmes là-bas ou ailleurs. Chapeau à elle, en attendant.
Avec Waad Mohammed, Reem Abdulah, Ahd, Abdullrahman Al Gohani
Voilà plusieurs fois que Disney consacre un film à un personnage secondaire d’un de ses classiques. Il y avait eu Tigrou, sorti tout droit de Winnie l’ourson. Clochette, la minuscule fée de Peter Pan, devient à son tour l’héroïne d’une histoire créée de toutes pièces. Bloquée en été au cœur du Pays Imaginaire, Clochette est très attirée par la Forêt blanche, une partie glaciale et interdite de sa vallée. Elle s’y engouffre à ses risques et périls et y découvre un être qui va bouleverser sa vie.
Sans être un chef d’œuvre et malgré une apparente mièvrerie, Clochette vaut mieux que ce que l’on peut en attendre. C’est un conte merveilleux qui s’adresse exclusivement aux fillettes en plein âge « princesse », avec un soin évident apporté aux détails, aux dessins et juste ce qu’il faut d’adrénaline pour que l’aventure soit suffisamment exaltante. Le contrat est rempli.
De Roberts Gannaway et Peggy Holmes, avec les voix françaises de Lorie et d’Amel Bent.
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