Sélection non compétitive même si des prix sont remis, la Quinzaine des réalisateurs 2015 a dévoilée sa sélection 2015. Au programme des surprises, pas mal de films français et trois films de réalisatrices, retenues pour leur premier film.
Catherine Béchard est osthéopathe à Barcelone. Elle soigne des nouveaux-nés et de leurs mères, juste après l’accouchement. Elle a décidé de leur donner la parole dans son documentaire Loba. Et nous de l’écouter.
Un homme balafre les fesses des femmes. C’est le Challat de Tunis. Kaouther Ben Hania profite d’un fait divers pour signer un film réjouissant sur le sexisme en Tunisie. Brillant!
Le petit homme de l’iranienne Sudabeh Mortezai retrace le parcours d’un jeune tchéchène de 11 ans qui sent son rôle menacé par un ami de la famille. Un film à la fois sur l’intégration et la construction de l’identité masculine.
Chelli raconte comment la dépendance affective de deux soeurs peut transformer un handicap mental en un handicap social. Un premier film juste du monteur israëlien Asaf Kormann.
The Tribe est un film comme vous n’en avez jamais vu, une expérience incroyable, puissante, sombre aussi, dure, très dure. Mais, pour une fois, impossible de se perdre en conjectures : le film est visuel, totalement visuel et pourtant complètement parlant.
Un monde à part
The Tribe, la tribu, le clan, est un huis-clos ouvert sur un monde qui nous est fermé : celui des sourds-muets. Un jeune garçon, qu’on appellera Sergueï, arrive dans un internat spécialisé pour y vivre.
On est en Ukraine, dans une partie austère de Kiev, un quartier typique de ces villes de l’Est, aux immeubles en piteux état, aux couleurs froides où l’on sent que n’importe quoi peut y arriver. Sans état d’âme.
Un monde cruel
Sergueï débarque et doit trouver sa place dans cet établissement aux codes bien établis : un groupe a imposé son diktat, organise trafics en tous genres, prostitution, et fait régner son ordre à grands coups d’humiliations ou de claques dans la gueule.
Bref, pour gagner ses galons, sa place ou plus simplement un lit pour dormir, Sergueï doit le mériter. Il est costaud, Sergueï et suffisamment intelligent pour s’imposer. Mais, c’est aussi un cœur sensible, va tomber amoureux d’Anna, une jeune ambitieuse qui se prostitue et envisage un avenir meilleur, à l’Ouest.
Un monde du silence
Une histoire d’amour adolescente dans un contexte différent, ce n’est que ça The Tribe. Pas du tout ! Car, en plus d’être frontal, dur, de n’esquiver à l’image aucune des épreuves que subissent ces jeunes gens et même les plus insupportables, – une scène d’avortement filmé en plan séquence, plein cadre et qui dure un temps infini, est un vrai choc – , le film est entièrement muet, en langage des signes et sans aucun sous-titres.
Du coup, on ne le comprend que par l’image et par quelques bruitages. D’ailleurs, même si les protagonistes sont très bavards (mais, à moins de comprendre le langage des signes, rien n’est compréhensible), leur monde est incroyable feutré, plus que dans la réalité où les signe s’accompagnent souvent d’onomatopées, de claquements de langue, de doigts, de soupirs, bref de bruits corporels que le réalisateur n’a pas gardés.
Autre bémol, mineur mais réel, certains plans séquences, notamment sur des conversations dont on comprendra la teneur plus tard, sont longs, très longs.
Un film multi-primé
Sombre, noir, violent, The Tribe, premier film signé Myroslav Slaboshpytskiy, n’en reste pas moins une expérience très forte, inédite. Un coup de poing sans concession, un coup de force qui a lui a valu de remporter le Grand Prix Nespresso, le prix Révélation France 4 et l’aide de la Fondation Gan à la Semaine de la critique de Cannes 2014, et une superbe carrière en festival.
De Myroslav Slaboshpytskiy, avec Grigory Fesenko, Yana Novikova, Rosa Babiy…
On la savait styliste, galeriste, innovatrice, photographe, productrice, mécène etc., agnès b. est aussi cinéaste. Elle réalise son premier film, Je m’appelle hmmm… un film dur mais plein de charme.
Quatre ans après la fin de la Seconde Guerre Mondiale, Jacques Tati imposait son humour inimitable avec ce fameux Jour de Fête, son premier film. Déjà, il traitait d’un sujet qui sera celui de toute son œuvre : la confrontation entre la tradition et la modernité.
Et cela, avec les mêmes techniques : une observation fine du comportement de ses contemporains, qu’il exprime à travers de nombreux gags visuels et des bruitages astucieux, plus que par la parole.
Tournée à l’américaine
Ancré dans son époque, Jour de Fête a pour héros François, le facteur d’un petit village français. Tout le monde connaît François, puisqu’il apporte le courrier, et tout le monde se moque volontiers de lui dès qu’il a le dos tourné.
En pleines festivités du 14 juillet, on lui montre un film sur l’efficacité des services postaux américains. François le prend au pied de la lettre. Tout en restant terriblement français, François décide alors d’utiliser ces techniques révolutionnaires pour faire sa tournée… Dans un final ou plutôt un festival de gags qui reste dans la mémoire de tous ceux qui ont vu le film. Un délice…
De Jacques Tati, avec Roger Rafaf, Jcques Beauvais, Robert Balpo…
1949 – France – 1h16 (version restaurée en noir et blanc)
C’est une réalisatrice qui a été retenue pour ouvrir la Semaine de la critique, le jeudi 16 mai. Ensuite, seuls des hommes ont réussi à passer le cap des sélections des longs métrages. Et ce sera un autre réalisateur, Miguel Gomes à qui l’on doit Tabu, qui sera le président du jury qui les départagera. Résultat : le 24 mai.
Film d’ouverture : Suzanne de Katell Quillévéré
En compétition:
Le démantèlement de Sébastien Pilote
Salvo de Fabio Grassadonia et Antonio Piazza
The lunchbox de Ritesh Batra
For those in peril de Paul Wright
The Major de Yury Bykov
Los Duenos d’Agustin Toscano et Ezequiel Radusky
Nos héros sont morts ce soir de David Perrault
Séances spéciales :
Les amants du Texas de David Lowery
Les rencontres d’après minuit de Yann Gonzalez
Clôture :
3x3D, tryptique de courts-métrages en 3D signés Peter Greenwaway, Jean Luc Godard et Edgar Pêra.
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