Avec Sur la ligne, la tchèque Andrea Sedlackova revient sur le système organisé du dopage en Tchécoslovaquie dans les années 1980. En mettant en scène deux sportives : une mère tenniswoman et sa fille, coureuse de demi-fond. Et c’est formidable!
Rarement un titre, Les chaises musicales, a été si approprié à un film. Ou comment la comédie de Marie Belhomme raconte l’impossibilité de s’imposer… ou alors par défaut.
Mustang de Deniz Gamze Erguven a entamé sa carrière comme un cheval au galop. Un succès mérité pour ce film féministe à la fois drôle et dramatique dans la Turquie actuelle. Bravo!
Le monde de Nathan, c’est celui des chiffres et des motifs répétitifs, des maths donc, le seul dans lequel ce jeune adolescent autiste arrive à trouver du sens. Intéressant.
Sélection non compétitive même si des prix sont remis, la Quinzaine des réalisateurs 2015 a dévoilée sa sélection 2015. Au programme des surprises, pas mal de films français et trois films de réalisatrices, retenues pour leur premier film.
Catherine Béchard est osthéopathe à Barcelone. Elle soigne des nouveaux-nés et de leurs mères, juste après l’accouchement. Elle a décidé de leur donner la parole dans son documentaire Loba. Et nous de l’écouter.Lire la suite
Un homme balafre les fesses des femmes. C’est le Challat de Tunis. Kaouther Ben Hania profite d’un fait divers pour signer un film réjouissant sur le sexisme en Tunisie. Brillant!
Le petit homme de l’iranienne Sudabeh Mortezai retrace le parcours d’un jeune tchéchène de 11 ans qui sent son rôle menacé par un ami de la famille. Un film à la fois sur l’intégration et la construction de l’identité masculine.
Chelli raconte comment la dépendance affective de deux soeurs peut transformer un handicap mental en un handicap social. Un premier film juste du monteur israëlien Asaf Kormann.
The Tribe est un film comme vous n’en avez jamais vu, une expérience incroyable, puissante, sombre aussi, dure, très dure. Mais, pour une fois, impossible de se perdre en conjectures : le film est visuel, totalement visuel et pourtant complètement parlant.
Un monde à part
The Tribe, la tribu, le clan, est un huis-clos ouvert sur un monde qui nous est fermé : celui des sourds-muets. Un jeune garçon, qu’on appellera Sergueï, arrive dans un internat spécialisé pour y vivre.
On est en Ukraine, dans une partie austère de Kiev, un quartier typique de ces villes de l’Est, aux immeubles en piteux état, aux couleurs froides où l’on sent que n’importe quoi peut y arriver. Sans état d’âme.
Un monde cruel
Sergueï débarque et doit trouver sa place dans cet établissement aux codes bien établis : un groupe a imposé son diktat, organise trafics en tous genres, prostitution, et fait régner son ordre à grands coups d’humiliations ou de claques dans la gueule.
Bref, pour gagner ses galons, sa place ou plus simplement un lit pour dormir, Sergueï doit le mériter. Il est costaud, Sergueï et suffisamment intelligent pour s’imposer. Mais, c’est aussi un cœur sensible, va tomber amoureux d’Anna, une jeune ambitieuse qui se prostitue et envisage un avenir meilleur, à l’Ouest.
Un monde du silence
Une histoire d’amour adolescente dans un contexte différent, ce n’est que ça The Tribe. Pas du tout ! Car, en plus d’être frontal, dur, de n’esquiver à l’image aucune des épreuves que subissent ces jeunes gens et même les plus insupportables, – une scène d’avortement filmé en plan séquence, plein cadre et qui dure un temps infini, est un vrai choc – , le film est entièrement muet, en langage des signes et sans aucun sous-titres.
Du coup, on ne le comprend que par l’image et par quelques bruitages. D’ailleurs, même si les protagonistes sont très bavards (mais, à moins de comprendre le langage des signes, rien n’est compréhensible), leur monde est incroyable feutré, plus que dans la réalité où les signe s’accompagnent souvent d’onomatopées, de claquements de langue, de doigts, de soupirs, bref de bruits corporels que le réalisateur n’a pas gardés.
Autre bémol, mineur mais réel, certains plans séquences, notamment sur des conversations dont on comprendra la teneur plus tard, sont longs, très longs.
Un film multi-primé
Sombre, noir, violent, The Tribe, premier film signé Myroslav Slaboshpytskiy, n’en reste pas moins une expérience très forte, inédite. Un coup de poing sans concession, un coup de force qui a lui a valu de remporter le Grand Prix Nespresso, le prix Révélation France 4 et l’aide de la Fondation Gan à la Semaine de la critique de Cannes 2014, et une superbe carrière en festival.
De Myroslav Slaboshpytskiy, avec Grigory Fesenko, Yana Novikova, Rosa Babiy…