« Punk is not dead ! ». Voilà le credo de Bobo, Klara et leur nouvelle copine Hedvig, trois copines de 13 ans qui s’ennuient ferme dans leur petite vie de collégienne.
Punk attitude
A Stockholm, en 1982, plus qu’ailleurs peut-être à cause du succès d’ABBA, le disco s’était imposé avec ses couleurs fluo, sa boule à facettes et ses rythmes chaloupés.
Il n’en faut pas plus pour que Bobo et Klara les deux meilleurs amies du monde, entrent en résistance : les cheveux en crête (enfin presque), elles jouent la provoc’ à haute dose, jouent avec les nerfs de leurs parents trop occupés, découvrent les fêtes, le vin, la bière et finissent, contre toute attente, par monter un groupe de rock trash… sans savoir jouer d’aucun instrument.
So 1980’s
Adapté de la BD « Never goodnight », écrite par sa femme, le film de Lukas Moodysson est une tranche de vie de trois adolescentes en 1982, une époque sans portable, sans ordinateur, sans facebook, où pour se voir, on traînait ensemble dans la rues, dans les fêtes après avoir monopolisé le téléphone familial pendant des heures.
Une époque où l’autorité se contestait frontalement mais où l’espoir était encore de mise et la discussion (très présente ici), la meilleure façon d’exister, seul ou à plusieurs.
De Lukas Moodysson, avec Mira Barkhammar, Mira Grosin, Liv Lemoyne…
Rarement un titre aura été si bien choisi. Pas de doute ici, il va s’agir d’une prédatrice auxquels peu d’hommes résistent.
3D = Dope -Destroy – Dégoût
Jézabel (Mylène Jampanoï) est une jeune fille de très bonne famille. Peintre à succès, elle mène une vie de débauche totale : sexe à outrance, alcool et drogues en tout genre, tout est bon pour se perdre à haute dose. Et surtout pour se dégoûter de soi-même.
A l’enterrement de son père avec lequel elle ne s’entendait pas, elle est séduite par David, le curé, un bel homme particulièrement ouverte et bienveillant. La vie de Jézabel n’aura plus alors qu’un objectif : le mettre dans son lit, à tout prix.
Chemin de croix
David est rebelle et il est entièrement dévoué à Dieu. Il va donc s’évertuer à remettre Jézabel, cette Marie-madeleine d’aujourd’hui, dans le droit chemin. Enfin, tout serait plus simple, s’ils tombaient amoureux l’un de l’autre.
Autant ne pas se le cacher, cette mante religieuse est typiquement le genre de film qu’on sait, par avance, détester. Parce qu’il n’est pas très bien réalisé, pas très bien joué, pas très bien écrit non plus. L’histoire est linéaire, évidente, on se doute à peu près de ce qui va arriver (quoique).
Ne jettons pas la pierre
Mais, à y regarder de plus près, si le projet avait bénéficier de plus de moyens, de meilleurs conseils, il aurait très bien pu tout à fait tenir la route (sans jeu de mots car la réalisatrice Nathalie Saracco dit l’avoir écrit d’un jet après un très grave accident de voiture).
Ecrit avec plus de distance et d’esprit, joué avec une intensité moins feinte, cette rencontre improbable du vice et de la vertu a de quoi parler à certain(e)s, sans avoir l’arrogance de vouloir parler à tous. On lui tend la main donc…
De Nathalie Saracco, avec Mailène Jampanoï, Marc Ruchmann, Mathilde Bisson, Arben Bajraktaraj…
Au Chili, dans les hauts plateaux andins en 1974. Trois soeurs élèvent leurs chèvres en autarcie. Elles vivent sur place, dans une masure en pierre rudimentaire et n’ont que très peu de contacts avec le monde extérieur. A leur grand regret puisqu’au moins l’une d’elle aurait bien aimé se marier.
Si loin de tout
Rien ne devrait leur arriver tant elles sont isolées à quelques 4000 m d’altitude. Mais, sans jamais qu’il soit clairement cité ou annoncé, le coup d’Etat de Pinochet contre Allende laisse planer une menace sur leur quotidien.
Avec son esthétique extrêmement soigné – il a remporté un prix mérité de la meilleure photo au festival de Venise 2013 – , ce film est réellement impressionnant de beauté. Chaque plan est construit comme le serait un tableau, et la nature, la vie traditionnelle de ses femmes rustres, sont mises en image d’une manière littéralement sidérante.
Le propos, lui, est aride, abrupt même et le parti pris du réalisateur, pour raconter ce fait divers, radical et peu aimable. On finit le sang glacé, perturbé de s’être laissé envoûté par la beauté des paysages plus que par la souffrance de ces femmes. Et ça, c’est dommage.
De Sebastian Sepulveda, avec Digna Quispe, Catalina Saavedra, Francisca Gavilán…
Un vent de fraîcheur souffle sur le jeune cinéma français. Est-ce parce que Lola Bessis et Ruben Amar, couple à la ville et co-réalisateurs, ont pris le large à New York et eu la bonne idée de réaliser leur premier film là-bas? En partie. Leur petite fable a un charme fou, la liberté des vrais films indies américains et sans les défauts, ni l’arrogance habituels des premières oeuvres françaises.
Hasard ou coïncidence?
Sur le papier, le récit semble pourtant déjà vu et pas très profond. Lilas (Lola Bessis) se rêve artiste. Elle est jeune, naïve, pas tout à fait sûre de ses talents et complètement sous la coupe d’une mère autoritaire et castratrice, très reconnue dans le milieu de l’art contemporain. Mais, Lilas a décidé de lui dire non. Pour la première fois, et donc de rester à New York quoiqu’il lui en coûte.
Sans argent, elle erre avec sa valise et ses créations en cours à New York et tombe au hasard de ses rencontres chez Leeward et Mary, un couple en crise. Mary en a marre de se crever à faire bouillir la marmite et faire vivre la famille (ils ont une petite fille baptisée Rainbow ou Maggie, tout dépend) tandis que son musicien de mari est en plein doute existentiel et créatif.
Fusion créative
Parviendra-t-il à enfin enregistrer une de ses oeuvres composées sur les jouets de sa fille et autres instruments minuscules et bizarres? Lilas arrivera-t-elle à s’émanciper de sa mère et à créer son propre univers créatif?
Que leurs objectifs soient atteints ou pas, n’a finalement pas d’importance. C’est leur rencontre qui est intéressante, charmante, captivante. Lilas et Leeward se comprennent illico, sans ambiguité et de leur fusion spirituelle, naîtra l’énergie créatrice dont ils avaient tant besoin. Celle qui leur permettra d’affronter leurs peurs et leurs doutes et d’assumer ce qu’ils sont.
Bulle
Dans un univers qui n’appartient qu’à eux, avec une foule de personnages improbables et de scènes amusantes qui donnent un relief singulier à cette histoire, avec aussi un rythme particulier, ce film est une véritable bulle de légèreté, une sorte de feel good movie d’un genre nouveau, des plus agréables à regarder. A découvrir sans tarder…
De Lola Bessis et Ruben Amar, avec Lola Bessis, Dustin Guy Defa, Brooke Bloom, Anne Consigny…
Voilà 7 ans qu’on attendait des nouvelles de Pascale Ferran, prometteuse réalisatrice, fer-de-lance d’un certain cinéma français au féminin. Mais, depuis son adaptation et la déclinaison en série TV de Lady Chatterley et l’homme des bois de D.H Lawrenc, rien. Juste du militantisme pour alerter sur les « films du milieu », ceux qui méritent plus qu’un financement à l’arrache sans avoir une vocation purement commerciale. Sept ans de réflexion pour écrire cette première envolée vers le cinéma fantastique.
Non-lieux
Après une séance d’introduction inspirée bien qu’imparfaitement mise en scène, qui permet à une caméra mobile de révéler ce qui se passe dans la tête des usagers du RER B, tout le film ou presque se passe, tel un huis –clos post-moderne, dans à l’aéroport de Roissy et dans l’hôtel Hilton qui jouxte un des aérogares.
C’est dans ce « non-lieu », moderne, relié au monde par les nouvelles technologies et la possibilité immédiate de prendre l’avion, que l’on va suivre Gary (Josh Charles), en pleine crise existentielle, et Audrey (Anaïs Demoustier) en pleine recherche d’un sens à donner à sa vie.
Tombé de haut
Gary, tout d’abord, puisque c’est à lui qu’est consacré le premier et le plus long chapitre du film, est un ingénieur de haut vol, qui passe sa vie dans les avions, de San Francisco à Dubaï. Tout va bien pour lui : les contrats tombent, il est marié et père de famille. Mais, en pleine nuit, alors qu’il est en long transit, les angoisses, la fameuse middle-age crisis le rattrapent. Il quitte tout et tous, sans autre explication qu’il ne supporte plus sa vie et commence à errer dans sa chambre d’hôtel, à l’aéroport avant de partir en voyage.
Audrey, elle, est une jeune femme de chambre du Hilton. Elle a délaissé ses études, travaille par nécessité, sans conviction mais avec implication. Dans ce second chapitre du film qui lui est consacré, sa vie va brutalement prendre un sens inattendu. Ne demandez pas lequel. A la demande de Pascale Ferran, on ménagera le suspense…. Qui a d’ailleurs peu d’intérêt tant il n’est inexpliquable, inexpliqué et incompréhensible.
La fascination du vide
Impossible aussi de ne pas imaginer que Gary et Audrey vont se croiser. Là, encore l’attente est déçue puisqu’aucun des personnages ne suscite jamais suffisamment d’empathie pour qu’on envisage son avenir.
C’est peu dire que le film de Pascale Ferran est décevant. Non seulement il est vide de sens, de suspense, de signification, bref d’un scénario, mais il est long, très long pour expliquer le vide avec, en plus, quelques fausses pistes inutiles (le personnage joué par Roschdy Zem auquel une petite séquence est consacrée sans suite par exemple).
Un vent
A l’exception d’une idée développée dans le générique (décrite plus haut) et de deux scènes intenses – la rupture sur Skype et les dessins du moineau par le jeune japonais – , rien ne vient sauver ce quatrième long métrage du naufrage. Et surtout pas la séquence de survol de la zone aéroportuaire sur l’inévitable Major Tom de David Bowie. On passe donc…
A noter : la première apparition de la jeune chanteuse Camilla Jordana en femme de chambre
De Pascale Ferran, avec Anaïs Demoustier, Josh Charles, Roschdy Zem…
2012 – France – 2h07
Le film était sélectionné au Festival de Cannes 2014, dans la section Un certain regard.
En 1945, alors que ses habitants croient que la guerre est finie, l’île de Shikotan, au nord du Japon, est soudain envahie par les Russes. Une fois les biens confisqués aux locaux, les deux communautés apprennent à cohabiter.
Fin de guerre au Japon
En 1947 toutefois, les habitants de l’île sont emmenés de force à Sakhaline, sur le continent , en Russie, et détenus dans une sorte de camp de réfugiés, avant de pouvoir enfin revenir au Japon.
C’est cet épisode historique inconnu en France que reprend en détail ce dessin animé, réalisé par Mizuho Nishikubo, réputé pour sa collaboration sur « Ghost in the Shell » 1 et 2.
L’invasion russe
L’histoire y est racontée du point de vue de Junpei Senô, un petit garçon d’une dizaine d’années qui subit les évènements, les disparitions avec le flegme de son âge. C’est aussi à cette époque qu’il connaîtra ses premiers émois amoureux, auprès de la jolie Tanya, la fille de l’officier russe qui a confisqué sa maison.
Inspiré de la vie d’un certain Hiroshi Tokuno, qui a aujourd’hui près de 80 ans, ce manga historique au récit chaotique et tragique est passionnant, mais il reste complexe et parsemé d’événements cruels qui ne pourraient être compris et supporté par des trop jeunes enfants. Pas avant 10 ans, donc.
L’île de Giovanni sera en compétition officielle au Festival International du film d’animation qui se déroulera du 9 au 14 juin 2014 à Annecy.
Sur le papier, le film ne s’adresse pas aux enfants. Il a pourtant reçu le prix du jury jeune au Festival de Locarno. Et son ton est si frais, son histoire si tristement joyeuse qu’il peut incontestablement répondre à certaines angoisses ou questions qu’ils se posent inévitablement.
Déjouer la mort…
Claudia, 22 ans, vit seule à dans une grande ville mexicaine en tant que démonstratrice dans un supermarché. Victime d’une appendicite, elle se retrouve à l’hôpital, aux côtés de Martha.
Martha a 46 ans, quatre enfants à charge, une maladie grave et incurable mais une joie de vivre à toutes épreuves. Martha invite bientôt Carla à rejoindre sa folle maisonnée… et petit à petit, dans le chaos ambiant, Claudia va réussir à y trouver sa place.
…par la joie de vivre
Le film pourrait être le récit très triste d’une maman qui se sait condamnée et qui laisse derrière elle une tribu qui n’a pas fini de grandir. En fait, c’est une véritable ode à l’entraide, à la joie de vivre, à la révélation des talents et forces de chacun, le tout raconté avec un charme enjoué et inaltérable, sous la caméra délicate d’une jeune réalisatrice mexicaine. Claudia Sainte-Luce signe ici son premier film, multi-récompensé, inspiré de sa rencontre avec la vraie Martha.
Un feel-good movie qui aborde les problèmes les plus graves sans les enjoliver et selon le précepte suivant :« ce qui ne tue pas rend plus fort ». Une superbe leçon de vie.
De Claudia Sainte-Luce, avec Ximena, Ayala, Lisa Owen, Sonia Franco…
Bien sûr que le prolétariat est un terrain inépuisable. Mais, qu’est-ce que les frères Dardenne qui le filment depuis des décennies, ont-ils encore à dire de neuf sur le sujet ? C’est l’un des enjeux de leur neuvième long métrage de fiction : Deux jours, une nuit. Avec une nouveauté de taille. Pour une fois, ils confient le premier rôle à un star internationale confirmée (et non à une actrice en devenir) : Marion Cotillard, qui joue Sandra.
On avait laissé Mathieu Amalric réalisateur en pleine introspection sur son métier, charmé les formes voluptueuses et opulentes des danseuses New Burlesque qu’il a largement contribuées à remettre au goût du jour. Depuis, on le croisait régulièrement comme acteur. Le revoilà donc et pour la quatrième fois derrière une caméra.
Dans les griffes d’une prédatrice
Amalric a choisi d’adapter un roman de Georges Simenon et s’amuse des codes du polar, pas tant pour les détourner que pour les pousser dans leurs retranchements. L’argument est simple, une histoire d’adultère qui tourne mal, très mal. Lui est un concessionnaire de machines agricoles qui a a réussi, marié, père d’une petite fille.
Il est revenu depuis quelques années dans la région de son enfance et y retrouve Esther, une amie de lycée, mariée elle aussi et devenue la pharmacienne de la petite ville de province où tout ce beau monde habite. Dès qu’elle le revoit, Esther le veut. Elle l’aura. Au prix fort.
Bien monté
Ce qui est le plus réussi dans ce drame provincial qu’Amalric s’applique pour le coup à détourner en choisissant des lieux non pas emblématiques mais plus modernes, comme cette superbe maison où il habite, c’est le montage scrupuleux du film. Un montage original du récit tout d’abord où se mêle l’histoire de l’adultère, l’enquête policière puis le jugement et cela sans temps mort.
Mais surtout, Amalric a utilisé une astuce qui dynamise le récit : les dialogues sont légèrement décalés et amorcent ce que l’on voit à l’écran, l’oral devançant de quelques secondes la preuve apportée par l’image. Ce qui parvient en même temps à renforcer le suspense et impulse un rythme particulier au film.
Manque de passion
Jamais Amalric réalisateur, n’avait jamais tant fait la preuve de son talent. Pour la première fois, il ne base pas du tout son film sur une seule idée maligne (la révélation du New Burlesque par exemple) mais multiplie les qualités pour se parer de tous les atouts : la musique est envoûtante, la prise de vue intéressante et le jeu des acteurs à l’unisson, sauf et surtout au début, Stéphanie Cléau, sa partenaire à la ville et au scénario. Mais, c’est surtout la structure narrative et son montage décalé qui donne tout ce sel à cette Femme d’à côté, sans toutefois la passion dévorante du film de Truffaut.
De et avec Mathieu Amalric, Léa Drucker, Laurent Poitrenaux, Stéphanie Cléau…
Le papillon, le film précédent du réalisateur Philippe Muyl, a eu tellement de succès en Chine qu’un producteur français installé là-bas lui a proposé d’en imaginer un remake chinois. Muyl a préféré imaginer un autre récit, plus ancré dans la culture locale et co-écrit avec une actrice chinoise.
Deux facettes
Le promeneur d’oiseau qui est avant tout une magnifique promenade entre Chine urbaine et traditionnelle, s’ancre complètement dans la réalité actuelle. Renxing, 10 ans, est l’enfant unique et donc archi-gâtée d’un couple happé par sa réussite sociale et professionnelle. Elle habite à Pékin et ne voit jamais son grand-père, Zhigen.
Au hasard d’agendas professionnels surchargés, Renxing se retrouve à la charge de son grand-père. Ensemble, ils partent pour le village natal de Zhigen qui s’est enfin décidé à tenir la promesse qu’il a faite à sa femme, morte il y a plusieurs années.
Racines
Le film raconte le contexte mais aussi le long périple qui va permettre à la petite fille de découvrir son grand-père, ses racines et une autre culture que celle de la ville tentaculaire qu’est devenue Pékin, de sa solitude et de ses nouvelles technologies. La découverte de la campagne chinoise profonde est vraiment merveilleuse, plus intéressante que l’histoire familiale dopée à l’extrême de bons sentiments inutiles.
De Philippe Muyl, avec Li Bao Tian, Yang Xin Yi, Li Xiao Ran, Qin Hao
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