Un vent de fraîcheur souffle sur le jeune cinéma français. Est-ce parce que Lola Bessis et Ruben Amar, couple à la ville et co-réalisateurs, ont pris le large à New York et eu la bonne idée de réaliser leur premier film là-bas? En partie. Leur petite fable a un charme fou, la liberté des vrais films indies américains et sans les défauts, ni l’arrogance habituels des premières oeuvres françaises.
Hasard ou coïncidence?
Sur le papier, le récit semble pourtant déjà vu et pas très profond. Lilas (Lola Bessis) se rêve artiste. Elle est jeune, naïve, pas tout à fait sûre de ses talents et complètement sous la coupe d’une mère autoritaire et castratrice, très reconnue dans le milieu de l’art contemporain. Mais, Lilas a décidé de lui dire non. Pour la première fois, et donc de rester à New York quoiqu’il lui en coûte.
Sans argent, elle erre avec sa valise et ses créations en cours à New York et tombe au hasard de ses rencontres chez Leeward et Mary, un couple en crise. Mary en a marre de se crever à faire bouillir la marmite et faire vivre la famille (ils ont une petite fille baptisée Rainbow ou Maggie, tout dépend) tandis que son musicien de mari est en plein doute existentiel et créatif.
Fusion créative
Parviendra-t-il à enfin enregistrer une de ses oeuvres composées sur les jouets de sa fille et autres instruments minuscules et bizarres? Lilas arrivera-t-elle à s’émanciper de sa mère et à créer son propre univers créatif?
Que leurs objectifs soient atteints ou pas, n’a finalement pas d’importance. C’est leur rencontre qui est intéressante, charmante, captivante. Lilas et Leeward se comprennent illico, sans ambiguité et de leur fusion spirituelle, naîtra l’énergie créatrice dont ils avaient tant besoin. Celle qui leur permettra d’affronter leurs peurs et leurs doutes et d’assumer ce qu’ils sont.
Bulle
Dans un univers qui n’appartient qu’à eux, avec une foule de personnages improbables et de scènes amusantes qui donnent un relief singulier à cette histoire, avec aussi un rythme particulier, ce film est une véritable bulle de légèreté, une sorte de feel good movie d’un genre nouveau, des plus agréables à regarder. A découvrir sans tarder…
De Lola Bessis et Ruben Amar, avec Lola Bessis, Dustin Guy Defa, Brooke Bloom, Anne Consigny…
Voilà 7 ans qu’on attendait des nouvelles de Pascale Ferran, prometteuse réalisatrice, fer-de-lance d’un certain cinéma français au féminin. Mais, depuis son adaptation et la déclinaison en série TV de Lady Chatterley et l’homme des bois de D.H Lawrenc, rien. Juste du militantisme pour alerter sur les « films du milieu », ceux qui méritent plus qu’un financement à l’arrache sans avoir une vocation purement commerciale. Sept ans de réflexion pour écrire cette première envolée vers le cinéma fantastique.
Non-lieux
Après une séance d’introduction inspirée bien qu’imparfaitement mise en scène, qui permet à une caméra mobile de révéler ce qui se passe dans la tête des usagers du RER B, tout le film ou presque se passe, tel un huis –clos post-moderne, dans à l’aéroport de Roissy et dans l’hôtel Hilton qui jouxte un des aérogares.
C’est dans ce « non-lieu », moderne, relié au monde par les nouvelles technologies et la possibilité immédiate de prendre l’avion, que l’on va suivre Gary (Josh Charles), en pleine crise existentielle, et Audrey (Anaïs Demoustier) en pleine recherche d’un sens à donner à sa vie.
Tombé de haut
Gary, tout d’abord, puisque c’est à lui qu’est consacré le premier et le plus long chapitre du film, est un ingénieur de haut vol, qui passe sa vie dans les avions, de San Francisco à Dubaï. Tout va bien pour lui : les contrats tombent, il est marié et père de famille. Mais, en pleine nuit, alors qu’il est en long transit, les angoisses, la fameuse middle-age crisis le rattrapent. Il quitte tout et tous, sans autre explication qu’il ne supporte plus sa vie et commence à errer dans sa chambre d’hôtel, à l’aéroport avant de partir en voyage.
Audrey, elle, est une jeune femme de chambre du Hilton. Elle a délaissé ses études, travaille par nécessité, sans conviction mais avec implication. Dans ce second chapitre du film qui lui est consacré, sa vie va brutalement prendre un sens inattendu. Ne demandez pas lequel. A la demande de Pascale Ferran, on ménagera le suspense…. Qui a d’ailleurs peu d’intérêt tant il n’est inexpliquable, inexpliqué et incompréhensible.
La fascination du vide
Impossible aussi de ne pas imaginer que Gary et Audrey vont se croiser. Là, encore l’attente est déçue puisqu’aucun des personnages ne suscite jamais suffisamment d’empathie pour qu’on envisage son avenir.
C’est peu dire que le film de Pascale Ferran est décevant. Non seulement il est vide de sens, de suspense, de signification, bref d’un scénario, mais il est long, très long pour expliquer le vide avec, en plus, quelques fausses pistes inutiles (le personnage joué par Roschdy Zem auquel une petite séquence est consacrée sans suite par exemple).
Un vent
A l’exception d’une idée développée dans le générique (décrite plus haut) et de deux scènes intenses – la rupture sur Skype et les dessins du moineau par le jeune japonais – , rien ne vient sauver ce quatrième long métrage du naufrage. Et surtout pas la séquence de survol de la zone aéroportuaire sur l’inévitable Major Tom de David Bowie. On passe donc…
A noter : la première apparition de la jeune chanteuse Camilla Jordana en femme de chambre
De Pascale Ferran, avec Anaïs Demoustier, Josh Charles, Roschdy Zem…
2012 – France – 2h07
Le film était sélectionné au Festival de Cannes 2014, dans la section Un certain regard.
En 1945, alors que ses habitants croient que la guerre est finie, l’île de Shikotan, au nord du Japon, est soudain envahie par les Russes. Une fois les biens confisqués aux locaux, les deux communautés apprennent à cohabiter.
Fin de guerre au Japon
En 1947 toutefois, les habitants de l’île sont emmenés de force à Sakhaline, sur le continent , en Russie, et détenus dans une sorte de camp de réfugiés, avant de pouvoir enfin revenir au Japon.
C’est cet épisode historique inconnu en France que reprend en détail ce dessin animé, réalisé par Mizuho Nishikubo, réputé pour sa collaboration sur « Ghost in the Shell » 1 et 2.
L’invasion russe
L’histoire y est racontée du point de vue de Junpei Senô, un petit garçon d’une dizaine d’années qui subit les évènements, les disparitions avec le flegme de son âge. C’est aussi à cette époque qu’il connaîtra ses premiers émois amoureux, auprès de la jolie Tanya, la fille de l’officier russe qui a confisqué sa maison.
Inspiré de la vie d’un certain Hiroshi Tokuno, qui a aujourd’hui près de 80 ans, ce manga historique au récit chaotique et tragique est passionnant, mais il reste complexe et parsemé d’événements cruels qui ne pourraient être compris et supporté par des trop jeunes enfants. Pas avant 10 ans, donc.
L’île de Giovanni sera en compétition officielle au Festival International du film d’animation qui se déroulera du 9 au 14 juin 2014 à Annecy.
Sur le papier, le film ne s’adresse pas aux enfants. Il a pourtant reçu le prix du jury jeune au Festival de Locarno. Et son ton est si frais, son histoire si tristement joyeuse qu’il peut incontestablement répondre à certaines angoisses ou questions qu’ils se posent inévitablement.
Déjouer la mort…
Claudia, 22 ans, vit seule à dans une grande ville mexicaine en tant que démonstratrice dans un supermarché. Victime d’une appendicite, elle se retrouve à l’hôpital, aux côtés de Martha.
Martha a 46 ans, quatre enfants à charge, une maladie grave et incurable mais une joie de vivre à toutes épreuves. Martha invite bientôt Carla à rejoindre sa folle maisonnée… et petit à petit, dans le chaos ambiant, Claudia va réussir à y trouver sa place.
…par la joie de vivre
Le film pourrait être le récit très triste d’une maman qui se sait condamnée et qui laisse derrière elle une tribu qui n’a pas fini de grandir. En fait, c’est une véritable ode à l’entraide, à la joie de vivre, à la révélation des talents et forces de chacun, le tout raconté avec un charme enjoué et inaltérable, sous la caméra délicate d’une jeune réalisatrice mexicaine. Claudia Sainte-Luce signe ici son premier film, multi-récompensé, inspiré de sa rencontre avec la vraie Martha.
Un feel-good movie qui aborde les problèmes les plus graves sans les enjoliver et selon le précepte suivant :« ce qui ne tue pas rend plus fort ». Une superbe leçon de vie.
De Claudia Sainte-Luce, avec Ximena, Ayala, Lisa Owen, Sonia Franco…
Bien sûr que le prolétariat est un terrain inépuisable. Mais, qu’est-ce que les frères Dardenne qui le filment depuis des décennies, ont-ils encore à dire de neuf sur le sujet ? C’est l’un des enjeux de leur neuvième long métrage de fiction : Deux jours, une nuit. Avec une nouveauté de taille. Pour une fois, ils confient le premier rôle à un star internationale confirmée (et non à une actrice en devenir) : Marion Cotillard, qui joue Sandra.
On avait laissé Mathieu Amalric réalisateur en pleine introspection sur son métier, charmé les formes voluptueuses et opulentes des danseuses New Burlesque qu’il a largement contribuées à remettre au goût du jour. Depuis, on le croisait régulièrement comme acteur. Le revoilà donc et pour la quatrième fois derrière une caméra.
Dans les griffes d’une prédatrice
Amalric a choisi d’adapter un roman de Georges Simenon et s’amuse des codes du polar, pas tant pour les détourner que pour les pousser dans leurs retranchements. L’argument est simple, une histoire d’adultère qui tourne mal, très mal. Lui est un concessionnaire de machines agricoles qui a a réussi, marié, père d’une petite fille.
Il est revenu depuis quelques années dans la région de son enfance et y retrouve Esther, une amie de lycée, mariée elle aussi et devenue la pharmacienne de la petite ville de province où tout ce beau monde habite. Dès qu’elle le revoit, Esther le veut. Elle l’aura. Au prix fort.
Bien monté
Ce qui est le plus réussi dans ce drame provincial qu’Amalric s’applique pour le coup à détourner en choisissant des lieux non pas emblématiques mais plus modernes, comme cette superbe maison où il habite, c’est le montage scrupuleux du film. Un montage original du récit tout d’abord où se mêle l’histoire de l’adultère, l’enquête policière puis le jugement et cela sans temps mort.
Mais surtout, Amalric a utilisé une astuce qui dynamise le récit : les dialogues sont légèrement décalés et amorcent ce que l’on voit à l’écran, l’oral devançant de quelques secondes la preuve apportée par l’image. Ce qui parvient en même temps à renforcer le suspense et impulse un rythme particulier au film.
Manque de passion
Jamais Amalric réalisateur, n’avait jamais tant fait la preuve de son talent. Pour la première fois, il ne base pas du tout son film sur une seule idée maligne (la révélation du New Burlesque par exemple) mais multiplie les qualités pour se parer de tous les atouts : la musique est envoûtante, la prise de vue intéressante et le jeu des acteurs à l’unisson, sauf et surtout au début, Stéphanie Cléau, sa partenaire à la ville et au scénario. Mais, c’est surtout la structure narrative et son montage décalé qui donne tout ce sel à cette Femme d’à côté, sans toutefois la passion dévorante du film de Truffaut.
De et avec Mathieu Amalric, Léa Drucker, Laurent Poitrenaux, Stéphanie Cléau…
Le papillon, le film précédent du réalisateur Philippe Muyl, a eu tellement de succès en Chine qu’un producteur français installé là-bas lui a proposé d’en imaginer un remake chinois. Muyl a préféré imaginer un autre récit, plus ancré dans la culture locale et co-écrit avec une actrice chinoise.
Deux facettes
Le promeneur d’oiseau qui est avant tout une magnifique promenade entre Chine urbaine et traditionnelle, s’ancre complètement dans la réalité actuelle. Renxing, 10 ans, est l’enfant unique et donc archi-gâtée d’un couple happé par sa réussite sociale et professionnelle. Elle habite à Pékin et ne voit jamais son grand-père, Zhigen.
Au hasard d’agendas professionnels surchargés, Renxing se retrouve à la charge de son grand-père. Ensemble, ils partent pour le village natal de Zhigen qui s’est enfin décidé à tenir la promesse qu’il a faite à sa femme, morte il y a plusieurs années.
Racines
Le film raconte le contexte mais aussi le long périple qui va permettre à la petite fille de découvrir son grand-père, ses racines et une autre culture que celle de la ville tentaculaire qu’est devenue Pékin, de sa solitude et de ses nouvelles technologies. La découverte de la campagne chinoise profonde est vraiment merveilleuse, plus intéressante que l’histoire familiale dopée à l’extrême de bons sentiments inutiles.
De Philippe Muyl, avec Li Bao Tian, Yang Xin Yi, Li Xiao Ran, Qin Hao
Ce qui passionne Sarah, c’est le demi-fond. Elle est douée, s’entraîne méthodiquement et bientôt repérée par la prestigieuse université Mc Gill de Montréal pour intégrer son équipe universitaire. Mais, Sarah a peu d’argent.
Pas rose, le mariage
Alors, pour assurer son déménagement et sa survie à Montréal, elle qui vient de la banlieue de Québec, elle se marie à Antoine, un de ses amis, les jeunes couples d’étudiants mariés pouvant postuler à des bourses gouvernementales.
Pour Sarah, c’est un mariage blanc, un arrangement financier qui n’a aucune autre signification. Pour Antoine, c’est un peu différent. Mais, il ne parviendra pas à modifier la trajectoire de Sarah, entièrement dévouée à sa course et au contrôle de ses émotions. Enfin, jusqu’à un certain point.
Féminin
Présenté à Un Certain Regard en 2013, ce film est très emblématique de la relève québécois. Par sa jeune actrice tout d’abord, Sophie Desmarais, impeccable dans son rôle d’athlète déterminée mais bientôt ébranlée par des sensations inconnues et imprévues, qui collent mal avec les codes qu’elle s’est imposée et dans lesquels elle ne se reconnaît finalement pas.
Pour sa réalisatrice ensuite, une jeune québécoise de 25 ans qui signe ici son premier long métrage mais déjà sa deuxième sélection cannoise. Chef de meute, son 5e (!) court-métrage ayant été en lice pour la Palme d’Or en 2012. Et elle s’est depuis attaquée à son prochain projet, Féminin/féminin, une série TV sur l’homosexualité féminine.
Relève québécoise
Deux talents à regarder de plus près, Sophie Desmarais s’étant déjà illustrée en 2013 dans Le démantèlement de Sébastien Pilote, un très beau film sur la fin d’une ferme et d’une génération au Québec dans lequel elle jouait la fille urbaine du fermier.
De Chloé Robichaud, avec Sophie Desmarais, Jean-Sébastien Courchene, Geneviève Boivin-Roussy, Hélène Florent…
Emilie Dequenne ne lira pas le livre de Philippe Vilain avant l’été. En l’adaptant, Lucas Belvaux lui a pourtant offert un grand rôle. Pourquoi ce livre ? Pourquoi cette actrice ? Voilà ce qu’ensemble, ils nous ont confié concernant Pas son genre, en salle mercredi 30 avril 2014.
Qu’y avait-il de si fort dans le livre de Philippe Vilain qui vous pousse à en faire un film ?
Lucas Belvaux : J’ai eu envie de faire le film avant de lire le livre. J’avais entendu Clémentine Autain en parler à la radio. Elle en parlait si bien que sur le chemin de la librairie j’avais déjà envie de l’adapter, sans même connaître l’auteur. L’histoire et les personnages étaient suffisamment forts.
Qu’avez-vous gardé du livre ?
L B : L’essentiel, c’est-à-dire l’histoire, des séquences, des dialogues. Mais pas le style de récit à la première personne du personnage masculin. J’ai mis Clément et Jennifer à égalité parce qu’une histoire d’amour est toujours plus jolie à deux et surtout bien plus vivante racontée ainsi.
La rencontre d’un prof de philo et d’une coiffeuse. C’est pas un peu cliché ?
Emilie Dequenne : Sauf que l’amour que Lucas Belvaux porte à ses personnages est présent dès les premières lignes du scénario. Je n’ai jamais eu peur ! Clément m’a intriguée très vite. Quant à Jennifer, j’avais envie d’être sa copine : elle est très sympathique, pleine de vie, très ouverte et finalement, la plus libre des deux. Très loin d’une caricature donc.
Qu’avez-vous fait pour l’éviter ?
E D : Dès la construction du personnage avec les chefs costume, coiffeur, maquilleuse, accessoires, déco…, nous avons tout fait pour que Jennifer soit pleine de vie, haute en couleur, avec un souci du beau, du détail. Elle s’occupe d’elle, embellit la vie… et donne de suite envie de l’aimer.
LB : J’écris des scénarios précis, en faisant très attention que les séquences de présentation définissent déjà où les personnages iront. Pour Clément au contraire, j’ai travaillé sur les clichés, sur des signes immédiats qui le définissent immédiatement : ses vêtements, ses femmes, son appart, le bar où il boit son café le matin. On le comprend en 4 ou 5 images. Très vite, on peut donc passer à autre chose : affiner les caractères pour surprendre.
Quand Clément rencontre Jennifer, en tombe-t-il amoureux?
LB : Il veut de la compagnie, mais tombe progressivement amoureux. C’est une histoire d’amour asymétrique : dès qu’elle le voit passer derrière une vitrine, elle est attirée par lui. Lui non. Mais, elle choisit de se laisser séduire, et pas seulement draguer. Elle veut faire durer le plaisir de la séduction. Lui n’est pas contre, même s’il trouve que ça dure un peu longtemps.
La lecture les rapproche et un livre les éloigne. Etait-ce la même chose dans l’œuvre de Philippe Vilain ?
LB : Je ne m’en souviens plus, mais je trouvais important ce geste qu’il n’a pas pour elle parce qu’il ne veut pas passer pour un pédant, pour un prétentieux, et qu’elle interprète comme du mépris.
ED : La littérature les lie dès le début, même si ce n’est pas la même. Quand il ne partage plus, elle prend une claque ! C’est dur pour elle !
Vous vous servez du karaoké comme d’un élément du récit…
LB : Oui, c’était un moyen pour exprimer dans le film ce qui est dit en pensée, en mots dans le livre. Les chansons ne sont pas décoratives, elles font avancer le récit et racontent beaucoup Jennifer. Elle chante avec sérieux avec l’envie de transformer sa vie en comédie musicale.
Et à jouer, comme était-ce ?
ED : C’était amusant, mais le répertoire choisi était dur. Je comptais prendre des cours de chant, mais Lucas m’a calmée en me disant : « Jennifer est coiffeuse, pas chanteuse. Elle s’éclate en chantant, mais c’est tout. Essaie de chanter juste ». Donc mon travail a été de connaître suffisamment les chansons qu’on a enregistré en studio avant, pour être très à l’aise sur le tournage.
Les auteurs redoutent d’écrire des rôles de femmes. Avez-vous bien réussi Jennifer, parce qu’elle est lisible, facile à comprendre ?
LB : Elle était avant tout très bien décrite dans le livre. Et j’avoue avoir autant de points communs avec elle qu’avec Clément. La différence fondamentale entre les hommes et les femmes est un rapport au temps et à l’engagement. Clément, intello, parisien de 38 ans, est encore en pleine ascension : pour lui, le meilleur est à venir. En se burinant, il ne sera que plus séduisant. Jennifer, 33 ans, mère célibataire, coiffeuse à Arras, se vit déjà sur le déclin. Elle appréhende déjà de vieillir, elle a l’impression que les mecs ne l’aiment que pour son physique. Elle se bat contre tout , contre le temps qui passe, contre la peur de voir les hommes s’éloigner.
Du coup, c’est un film pessimiste ou réaliste ?
ED : pour moi, c’est un film qui fait du bien, riche en sensations, en émotions, sur une femme libre et heureuse.
LB : C’est un film qui dit que l’amour est fragile, qu’il demande de l’attention, de l’écoute et qu’il n’est jamais acquis. Mais, ce n‘est pas pessimiste.
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