Rara
Rara de la chilienne Pepa San Martin traite de manière lumineuse de l’enfance dans une famille homosexuelle. Et du regard différent que la société pose sur elle. Salvateur.
Rara de la chilienne Pepa San Martin traite de manière lumineuse de l’enfance dans une famille homosexuelle. Et du regard différent que la société pose sur elle. Salvateur.
Au Chili, dans les hauts plateaux andins en 1974. Trois soeurs élèvent leurs chèvres en autarcie. Elles vivent sur place, dans une masure en pierre rudimentaire et n’ont que très peu de contacts avec le monde extérieur. A leur grand regret puisqu’au moins l’une d’elle aurait bien aimé se marier.
Rien ne devrait leur arriver tant elles sont isolées à quelques 4000 m d’altitude. Mais, sans jamais qu’il soit clairement cité ou annoncé, le coup d’Etat de Pinochet contre Allende laisse planer une menace sur leur quotidien.
Avec son esthétique extrêmement soigné – il a remporté un prix mérité de la meilleure photo au festival de Venise 2013 – , ce film est réellement impressionnant de beauté. Chaque plan est construit comme le serait un tableau, et la nature, la vie traditionnelle de ses femmes rustres, sont mises en image d’une manière littéralement sidérante.
Le propos, lui, est aride, abrupt même et le parti pris du réalisateur, pour raconter ce fait divers, radical et peu aimable. On finit le sang glacé, perturbé de s’être laissé envoûté par la beauté des paysages plus que par la souffrance de ces femmes. Et ça, c’est dommage.
2013 – Chili/France/Argentine – 1h23
Le projet a été lauréat de la Fondation Gan
Sous la pression internationale, le dictateur Augusto Pinochet est contraint, en 1988, d’organiser un referendum sur sa présidence. Pour la première fois, il offre une partie des écrans de la télévision chilienne à ses opposants politiques. Sûr de gagner ou bien de pouvoir manipuler les résultats, le clan Pinochet ne me méfie pas de René Saavreda, un jeune publicitaire brillant que l’opposition a engagé. Grâce à une campagne électorale innovante et super efficace, le NO l’emportera. Et cela, malgré la surveillance constante de la dictature militaire.
Il suffisait d’un NO, mais d’un No bien senti, pour qu’un dictateur au lourd passif vacille. Refusant de jouer sur son bilan atroce, René Saavreda a eu l’intelligence de miser sur le futur, sur l’avenir que voulait se donner le Chili. De comprendre qu’à ce moment-là, en 1988, il pouvait jouer de la guerre entre les anciens et les modernes. C’est ce que montre le film de Pablo Larrain qui choisit, lui en douceur, de régler ses comptes à un passé douloureux. En douceur et surtout de manière très positive, puisque son héros que sa caméra quitte très peu est un homme certes impliqué mais pas un militant, plutôt un opportuniste doué, toujours avec deux coups d’avance en fin stratège social qu’il est.
Gael Garcia Bernal donne une fragilité intéressante à ce héros des temps modernes, publicitaire brillant, qui a le pays à ses pieds, mais qui a perdu sa femme et doit élever seul son fils de 9 ans.
Un bémol pour ce nommé à l’Oscar du meilleur film étranger : l’image hyper années 1980 qui date résolument le film dans le passé sans lui donner une dimension ni actuelle, ni universelle.
2012 – Chili/USA – 1h57