Revoilà nos amis découverts en novembre 2011 et venus directement du Suède. « Petit-point a des points, Gros-Pois a des pois et ils sont très heureux comme ça », nous dit la voix-off au début de chacune de ces six nouvelles histoires.
Pour grandir
Comme ces courts-métrages sont conçus pour grandir, ils relatent tous une expérience du quotidien des tout-petits : attraper la varicelle, changer vite ses chaussures mouillés quand on a marché dans une flaque d’eau, se faire à manger si l’on a faim et que le frigo est vide, ne pas se perdre en forêt quand on part à la cueillette de champignons…
Ou bien encore s’amuser en regardant des clowns au cirque puis essayer de les imiter et enfin, fêter la nouvelle année dans une fête disco, entouré de tous ses amis.
Trop malins!
A chaque fois, le contexte plonge les deux petits héros dans une situation inédite et dont ils vont devoir se sortir grâce à leur inventivité toujours un peu loufoque.
C’est rigolo, charmant tout comme le sont les deux marionnettes principales et la maison dans laquelle ils habitent. Ou le ton avec lequel l’histoire est racontée. L’idéal pour apprendre tout en se divertissant.
« Coucou, c’est l’heure du film ! », prévient Hippolyte Girardot de sa voix chaleureuse, juste avant de nous présenter Nounourse, Le chat, Lapinou, Oiseau et Cochonou. Ce sont les cinq vedettes des huit courts-métrages qui vont suivre.
Coucou II
Mais, nous les connaissions déjà pour les avoir suivis dans Qui voilà ? On retrouve avec plaisir leur dessin sommaire et original, leur mise en scène simple dans un décor le plus minimaliste possible.
Ces cinq petits copains vont vivre huit moments classiques de la vie quotidienne : les courses au supermarché, l’après-midi chez mamie avec une cousine, s’habiller pour aller jouer dehors… Leur expérience va permettre aux tout-petits de s’identifier et de découvrir que leurs peurs, leurs pleurs, leur jalousie ou des situations décrites et partagées par tous.
Questions existentielles
Chaque petit film, dont le début comme la fin sont dûment signalés par le conteur, répond ainsi à une question que chacun s’est un jour posé : qui décide ? qui s’est perdu ? qui est mort ? La mamie de qui ? qui est le plus joli ? à qui est le pantalon ?
En évitant d’être moraliste et en restant toujours à hauteur d’enfants, ce programme très pédagogique d’origine suédoise permet aux plus jeunes de grandir tout en se distrayant.
De Jessica Lauren, avec la voix d’Hippolyte Girardot
« Punk is not dead ! ». Voilà le credo de Bobo, Klara et leur nouvelle copine Hedvig, trois copines de 13 ans qui s’ennuient ferme dans leur petite vie de collégienne.
Punk attitude
A Stockholm, en 1982, plus qu’ailleurs peut-être à cause du succès d’ABBA, le disco s’était imposé avec ses couleurs fluo, sa boule à facettes et ses rythmes chaloupés.
Il n’en faut pas plus pour que Bobo et Klara les deux meilleurs amies du monde, entrent en résistance : les cheveux en crête (enfin presque), elles jouent la provoc’ à haute dose, jouent avec les nerfs de leurs parents trop occupés, découvrent les fêtes, le vin, la bière et finissent, contre toute attente, par monter un groupe de rock trash… sans savoir jouer d’aucun instrument.
So 1980’s
Adapté de la BD « Never goodnight », écrite par sa femme, le film de Lukas Moodysson est une tranche de vie de trois adolescentes en 1982, une époque sans portable, sans ordinateur, sans facebook, où pour se voir, on traînait ensemble dans la rues, dans les fêtes après avoir monopolisé le téléphone familial pendant des heures.
Une époque où l’autorité se contestait frontalement mais où l’espoir était encore de mise et la discussion (très présente ici), la meilleure façon d’exister, seul ou à plusieurs.
De Lukas Moodysson, avec Mira Barkhammar, Mira Grosin, Liv Lemoyne…
Connaissez-vous Monica Zetterlund ? Une chanteuse de jazz suédoise à la voix en or et au physique très avantageux qui a chanté avec les plus grands jazzmen américains, avant de devenir actrice et de disparaître tragiquement à l’âge de 67 ans.
Jazzy Sixties
Ce biopic touchant revient sur deux années déterminantes de sa vie, au début des années 1960, quand elle quitte son village provincial d’Hagfors pour conquérir la scène internationale.
Très douée, elle est vite repérée par un chasseur de talents. Mais, sa première scène newyorkaise lui laisse peu d’espoir. Rentrée en Suède, elle poursuit sa carrière et innove en chantant du jazz en suédois.
Jazz en suédois
Son succès est immédiat et lui vaudra une future consécration aux Etats-Unis, où elle est une des rares chanteuses à enregistrer un album avec Bill Evans, une reprise de « Waltz pour Debby » qui donne son titre au film.
Sa carrière est successivement riche de coups d’éclat et d’échecs cuisants ( à l’Eurovision par exemple), à l’image de sa vie personnelle chaotique. La garde de sa fille lui est souvent confisquée par son propre père, un homme tyrannique duquel elle a dû mal à se faire aimer.
Telle un Phoenix
Très populaire auprès du public et de la gente masculine, elle multiplie les aventures, devient vite ingérable à cause de son alcoolisme… mais renaît actrice.
Même si ce film se concentre à priori sur deux années de sa vie, il aborde beaucoup plus : ses débuts, sa percée, ses échecs, son épanouissement personnel jusqu’à son mariage avec la bassiste de jazz, Sture Akerberg, ses démons et même ses premiers pas d’actrice.
Son pire ennemi : elle-même
Ca fait beaucoup, mais le réalisateur danois Per Fly avait sans doute une double mission en faisant ce film : satisfaire ceux qui la connaissaient bien (le public scandinave où elle reste populaire) et la faire connaître aux autres.
Du coup, le film est un peu conciliant avec certaines périodes de sa vie qu’on aurait aimé traitées plus brièvement. Mais, il n’élude aucun problème et reste très explicite sur la complexité, pour ne pas dire la dualité du personnage.
Magnifique Edda Mgnason
Intéressant d’autant que du film ressortent deux très belles découvertes : celle de la vraie Monica Zetterlund et celle, encore plus impressionnante, de la très belle et très talentueuse Edda Magnason, qui irradie littéralement ici, en interprétant elle-même la plupart des chansons du film. Une actrice et chanteuse à suivre absolument.
De Per Fly, avec Adda Magnason, Sverrir Gudnason, Vera Vitali…
Eva Lindström est une illustratrice de livres et une réalisatrice de dessins animés pour enfants. Elle est suédoise et encore peu connue en France. Pour l’instant. Son travail a déjà fait l’objet d’un exposition à l’Institut suédois de Paris, ses nombreux livres – quatre le sont déjà – sont en passe d’être publiés ici.
Nature riche et foisonnante
Ce programme de trois courts-métrages d’une durée équivalente est une occasion de découvrir son univers original, tendre et poétique. Visuellement, il est facilement identifiable, réalisé à partir de doux dessins à l’aquarelle et animé par des collages simples, crayonnés. Il compose souvent une nature souvent riche, luxuriante, confortable dans laquelle évolue ici des animaux peu fréquents sur écran : des oisillons, une brebis, des hiboux.
Quant à ses historiettes, elles se basent sur le quotidien qu’elle enjolive d’un peu de fantaisie, d’espièglerie qu’il s’agisse de petits oiseaux qui se sont égarés en jouant et prennent peur quand la nuit arrive, de la rencontre improbable puis décevante d’une petite fille et d’un hibou bizarre ou de la détresse d’une brebis fugueuse, inquiète que personne ne la recherche.
Liv Ullmann et Ingmar Bergman se sont rencontrés comme il se doit, sur un tournage de film. Elle a 26 ans, lui 46. Il dirige, elle est actrice. Tous deux sont mariés et pourtant, ils ne se quittent pas à la fin du tournage. Ou plutôt si.
Liv rentre en Norvège, son pays, et Ingmar va la chercher et la ramène en Suède sur l’île de Faro où ils se décident un avenir commun. Ils construisent une maison au bord de la plage et vivent ici, isolés de tout. Evidemment, la passion des débuts n’a qu’un temps.
Confessions intimes
Et l’isolement, l’enfermement et la jalousie exclusive de Bergman auront raison de leur union dont naît une fille. Liv quitte Ingmar. Pourtant, ils continueront toute leur vie à travailler ensemble (Liv joue dans dix de ses films) et leur amour se transformera en une amitié sincère, une admiration réciproque qui se poursuivra jusqu’à la mort de Bergman en 2007.
Voilà ce que ce documentaire très classique raconte. A se basant sur une longue interview de Liv Ullman, menée sur les lieux où ils ont vécu ensemble (sur la fameuse île de Faro notamment), le réalisateur tente de reconstruire cette relation unique en l’agrémentant de photos, d’extraits de films et d’autres documents d’archives.
Liv est touchante mais aurait mérité une réalisation d’une autre envergure. On ne décolle jamais de sa seule confession, de ses seuls souvenirs et c’est dommage. Car reconstituer aujourd’hui, à travers les yeux de son ex-compagne, ce que Bergman a représenté (on perçoit mieux sa carrière à elle) aurait été une ambition plus noble, plus forte que de revenir sur leur seule intimité. Informatif mais pas passionnant.
Son sous-titre provocateur légitime à lui seul que Cine-Woman s’intéresse de près à Millenium, version David Fincher, réalisateur réputé pour filmer plus souvent la testostérone que les femmes. Pour tout dire, elles sont quasiment inexistantes de son univers.
Bonne surprise ici. Dans le remake du film suédo-danois signé Niels Arden Oplev, lui même inspiré de la géniale trilogie de Stieg Larsson, LA femme, la fameuse Lisbeth Salander, interprétée par l’inconnue Rooney Mara, (moins épatante que la Noomi Rapace du premier film) vole la vedette au James Bond actuel, Daniel Craig.
C’est vrai que Stieg Larsson avait su inventer cette héroïne hors normes dans ses livres. Moins dans le premier tome, que dans les deux suivants. Mais quand même : son vrai héros, son double était bien ce journaliste roi de l’investigation suédois, Mikael Blomkvist. Un homme certes assez facile à séduire…
Ici, c’est Lisbeth qui mène la danse, qui dénoue les énigmes, bref qui porte la culotte.
L’histoire, pour les rares qui sont passés à côté des livres, est celle d’un journaliste condamné à n’avoir pas réussi à réunir suffisamment de preuves pour faire tomber un respectable escroc suédois. A peine libéré, il est convoqué pour dénouer une énigme industrio-familiale vieille de plus de 40 ans. Il n’y parviendra qu’avec l’aide de Lisbeth, la hackeuse, elle-même victime d’un système répressif innommable.
Contrairement à la version précédente de l’adaptation, celle de Fincher est assez elliptique. Mieux vaut avoir lu les livres pour s’y retrouver tant il refuse de perdre son temps à dénouer, à montrer les multiples sous-intrigues, fausses pistes qui animent le récit de Larsson avec brio.
En revanche, Fincher brille à montrer une société suédoise telle qu’il l’imagine, avec des clichés haut de gamme qui finalement définissent ici bien son style: froid, clinique mais classe! Un peu comme le design scandinave dont le décorateur a abusé. D’où cette impression qui ne quitte jamais le spectateur, celle d’une vision très distanciée de son sujet qui fait qu’on ne se sent jamais complètement dans le film. Et c’est dommage, car justement, le livre avait cette particularité de nous faire en même temps découvrir et appartenir à un univers qui nous était étranger.
Avec Daniel Craig, Rooney Mara, Christopher Plummer, Stellan Skarsgard, Steven Berkoff, Robin Wright
2011 – USA – 2h38
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