Je m’appelle hmmm…
On la savait styliste, galeriste, innovatrice, photographe, productrice, mécène etc., agnès b. est aussi cinéaste. Elle réalise son premier film, Je m’appelle hmmm… un film dur mais plein de charme.
On la savait styliste, galeriste, innovatrice, photographe, productrice, mécène etc., agnès b. est aussi cinéaste. Elle réalise son premier film, Je m’appelle hmmm… un film dur mais plein de charme.
Un film fantastique, signé par une femme, voilà un phénomène assez rare. Et quand cette femme est Marina de Van, on sait que l’on peut s’attendre à quelque chose d’intrigant, de dérangeant.
Neve, 11 ans, vit avec ses parents et son petit frère, un bébé, dans une luxueuse demeure de la campagne irlandaise. L’ambiance familiale est froide et tendue. Une nuit alors que la tempête s’est levée, les murs de la maison, les meubles se mettent à bouger… à tel point que tous sont tués sauf Neve qui en réchappe.
Elle est recueillie par une famille aimante. Mais, rien ne semble effacer ses troubles. Quand Neve se met à pleurer, la vie de ses proches est en danger. Car Neve a un compte très lourd à régler avec la vie…
Marina de Van est une réalisatrice douée pour créer des ambiances inconfortables et qui aborde, à sa façon, des sujets délicats, souvent des troubles du comportement, des post-traumas qu’elle confie toujours à des personnages féminins.
« Dans ma peau » parlait de scarification et de mutilations physiques, « Ne te retourne pas » de dédoublement de la personnalité. Cette fois, il faut comprendre (mais on ne le comprend pas vraiment) que Neve est abusée sexuellement par ses parents complices et que c’est cette anormalité affective (ce délit soyons clair, mais ce n’est pas traité comme tel) qui la rend destructrice.
Il est toujours gênant de devoir de comprendre les intentions d’un auteur non pas dans son film, mais dans les interviews qu’il livre, dans les livres qu’il a lus etc…. C’est le cas ici.
Du coup, on finit par se désintéresser de l’héroïne et des traumas, en se demandant : pour elle ? pourquoi les meubles ? Pourquoi ces morts ? Pourquoi l’Irlande ? Pourquoi quoi !
2013 – France/Irlande/Suède – 1h30
©-Karina-Finegan
Connaissez-vous la vraie histoire de Mary Poppins, cette gouvernante aux super-pouvoirs qui redonnait de la joie à une fratrie anglaise ?
Ses filles étant emballées par le livre, Walt Disney a décidé de le porter au cinéma. Mais, l’auteur, une anglaise particulièrement coincée et déterminée à ne pas se laisser pervertir par Hollywood, va mettre 20 ans à lui céder les droits.
Walt Disney a beau l’inviter dans son studio, lui laisser quasiment les pleins pouvoirs sur l’adaptation. Rien n’y fait Pamela Lyndon Travers est revêche et son roman et ses personnages lui tiennent bien trop à cœur pour qu’elle s’en détache. Désespéré, Walt Disney est prêt à abandonner quand il comprend enfin, que l’enfance de l’auteur (et notamment son père) est la clé pour la conquérir.
On se moque souvent du manque d’imagination de scénaristes hollywoodiens qui ont tendance à resservir toujours les mêmes histoires. Celle-ci est fascinante et méritait largement d’être mise en scène. C’est évidemment un drame familial qui en est à l’origine.
Comprendre comment un écrivain a réussi à y trouver la matière pour inventer un personnage aussi salvateur que Mary Poppins est une bien belle leçon de vie. L’ensemble est passionnant jusqu’aux vrais enregistrements des échanges entre Travers et Disney, qui sont diffusés durant le générique final.
2013 – Etats-Unis – 2h05
En partenariat avec Grains de Sel
Ce film triste, dur s’inspire d’une nouvelle autobiographique de Friedrich Gorenstein, un écrivain russe marquée par son enfance durant la Seconde Guerre Mondiale. Gorestein est le fils d’utopistes convaincus que le communisme s’étendrait au monde entier. Son père fut pourtant fusillé car juif sans autre forme de procès. Sans nouvelles de lui, sa mère se rend à Moscou et quand elle découvre la vérité, décide de repartir en Ukraine par le train. Mais, elle tombe malade durant le trajet.
C’est là que le film commence, quand la mère est emmenée à l’hôpital. Son fils, 9 ans, a la charge de leurs affaires, d’alerter son grand-père. Il doit aussi retrouver sa mère. Il parvient à tout faire, sachant à peine lire et écrire, et même à poursuivre son voyage. Mais, on est en hiver 1944 et l’époque est plus à la survie et à l’individualisme qu’à l’entraide.
Dans un noir et blanc un peu nostalgique, qui livre de belles images sur la vie désolée en URSS, ce film difficile repose sur la justesse de l’acteur très sensible qu’est le jeune Dmitriy Kobetskoy, un jeune orphelin d’Odessa découvert après un long casting. Katerina Golubeva qui joue est sa mère signe à ses côtés sa dernière performance.
2012 – Ukraine – 1h20
En partenariat avec Grains de Sel
Les autres sorties du 20 novembre traitées par cine-woman :
Tout au long de sa carrière, Jean-Pierre Jeunet a navigué entre de l’enfance et les destins extraordinaires de personnages apparemment ordinaires. TS Spivet, le nom de son nouveau héros, est aussi de ceux-là et en plus, c’est un enfant.
Un jeune garçon bizarre, surdoué, qui invente la machine au mouvement perpétuel. Grâce à elle, il reçoit un prestigieux prix d’un musée de Washington. Sans en parler à ses parents, il quitte son ranch du Montana pour aller chercher sa récompense. Un voyage qui le changera à jamais.
L’univers de Jeunet est reconnaissable entre mille, même quand il adapte un roman, en l’occurrence celui de Reif Larsen. Dès la première image, on reconnaît ses visuels chaleureux, soignés, ses personnages géniaux mais obsessionnels mal dans intégrés dans leur vie, ses fresques lyriques qui s’étalent sur toute une vie… ou tout au long d’un pays, comme ici. Dommage que ce nouveau film ne soit pas plus surprenant, car, même si elle est mélodramatique, l’histoire reste plate, les rencontres de TS peu déterminantes et le dénouement laborieux. A voir absolument en 3D tant cet aspect a été soigné et innove dans l’enrichissement des images et du récit.
2013 – France-Canada – 1h45 – En Anglais.
En partenariat avec Grains de Sel
Les autres films du 16 octobre chroniqués sur cine-woman :
Les Américains prétendent que « Le magicien d’Oz » est le film le plus vu de tous les temps. Pour fêter ses 75 ans de carrière et le faire connaître aux nouvelles générations, le studio Warner a eu l’idée de le remastériser en 3D et propose cette nouvelle version au public sur grand écran.
Si la profondeur de champ donne un relief plus accentué à ce conte de fées musical aux couleurs kitsch, l’histoire n’a évidemment pas changé.
Dorothy (Judy Garland) est toujours cette jeune fermière du Kansas, âgée de 16 ans qui est envoyée par une tornade dans le monde d’Oz. Elle y rencontre un épouvantail sans cerveau, un homme en fer-blanc sans cœur et un lion sans courage et y déjoue, grâce à son petit chien Toto, les pièges des sorcières du Nord et de l’Ouest. Elle poursuit son chemin (la longue route de briques jaunes) jusqu’à Oz, persuadée qu’il l’aidera à rentrer chez elle au Kansas. Mais, le veut-elle seulement ?
Voici donc une très belle occasion de (re)découvrir ce classique du cinéma mondial, un enchantement qui a, certes, un peu vieilli mais continue à charmer les petits et à faire rêver les plus grands, qui tous connaissent et reprendront en chœur « Over the rainbow » sans forcément identifier l’origine !
1939 – USA – 1h 41
En partenariat avec Grains de Sel
Les autres sorties du 2 octobre traitées par cine-woman : Diana d’Olivier Hirschbiegel, La vie domestique d’Isabelle Czajka, le documentaire « Brigitte Fontaine reflets et crudité » et le programme pour enfants « Qui voilà ? ».
Jiale, dix ans, est un garçon turbulent, pas très bien aimé et du coup plutôt mal élevé. Sa mère enceinte décide, pour soulager son quotidien, d’engager une nounou philippine pour s’occuper de son foyer et surtout de son fils. Celui-ci l’accueille très mal mais finit par s’y attacher. On est en 1997, à Singapour, qui vit alors une des pires crises économiques de son histoire récente…
Comment les enfants font-ils les frais des décisions de leurs parents ? Voilà le sujet de ce premier film très touchant qui a reçu lors du dernier Festival de Cannes, la Caméra d’or, le premier grand prix international récompensant un film de Singapour, et qui représentera son pays dans la course à l’Oscar du meilleur film étranger.
On y découvre un pays en voie vers une démocratie où la discipline laisse peu de place aux libertés individuelles, où le respect des plus faibles ne va pas de soi, où l’argent et la réussite sociale sont les seules valeurs d’une classe moyenne ambitieuse, laborieuse mais peu considérée…
En filmant souvent à hauteur de Jiale, le réalisateur Anthony Chen parvient très justement à décrire à la douleur et donc l’agitation de cet enfant auquel personne ne s’intéresse vraiment et qui finit par trouver un peu d’affection auprès de sa nounou, mais ni auprès de sa mère autoritaire et débordée, ni de son père lâche et démissionnaire.
2013 – Singapour – 1h39
En partenariat avec Grains de Sel
Un petit garçon roux veut un chien. A la SPA, il tombe sur Bill, un cocker qui pense. C’est le coup de foudre. Et voilà donc le début de la cohabitation rocambolesque du chien et de sa nouvelle famille d’accueil.
Qui a eu un animal de compagnie se reconnaîtra dans ce film. Du premier jour où la place de chacun est à définir à celui où la relation devient indispensable, chaque étape est racontée comme l’était les sketchs dans la BD signée Jean Roba. Soit la vie quotidienne d’une famille légèrement modernisée par rapport aux premières BD. On est en 1976 (la BD date de 1959), la mère de Boule travaille et a quelques revendications féministes auprès d’un père, dessinateur industriel, un peu trop centré sur lui et sur son travail.
L’essentiel n’est pas là, mais plutôt dans la relation affectueuse qui lie Boule à Bill et à sa tortue Caroline et qu’une succession de gags nourrit chaque jour. C’est d’ailleurs le principal reproche qu’on peut faire à ce film, même si la succession des petites histoires a été dissimulée le plus possible. Le second étant le manque d’humour malgré une évidente bonne humeur.
Ca vaut largement Les vacances de Ducobu, même si on finit par se lasser de ce quasi recours systématique au filon nostalgique des auteurs.
2012 – France – 1h30
En partenariat avec Grains de Sel
Dans le bayou, au sud de la Louisiane, vivent Hushpuppy, 6 ans et son père. Leur maison est de bric et de broc, leur vie est un rafistolage.
Pourtant, pour rien au monde, ils ne quitteraient cet endroit maudit de dieux où la tempête fait parfois rage jusqu’à inonder leur village. Mais, ils sont d’ici et ne se voient pas vivre ailleurs. Même quand la terre se dérobe sous leurs pieds, quand elle est inondée ou envahie par des hordes d’aurochs. Ils y sont nés et y mourront.
Véritable ode à la forte personnalité et à la puissante culture des gens du Bayou, cette tranche de vie qui mêle réalité, légendes, force de caractère, sens de la fête et fait fi de toute rationalité oppose un père à sa jeune fille ou plutôt propose une passation, celle d’une manière de vivre unique qui ne résiste au temps qui passe et au temps qu’il fait que par la volonté de ses protagonistes. Et ils ont la tête et le cœur durs.
Fable parfois réaliste, ce film a été bardé de récompenses dans les festivals, recevant le Grand prix du Jury à Sundance et la Caméra d’or à Cannes. Si on peut difficilement l’originalité de son propos, il faut accepter de se laisser aller dans cette aventure pas toujours aimable, au filmage tremblé et à l’onirisme parfois un peu plaqué.
2012 – Etats-Unis – 1h32
La note Cine-woman : 2/5
Avant d’être un réalisateur prolixe et adulé de tous (sauf de moi !) , Tim Burton a été un enfant solitaire qui a longtemps préféré la compagnie de son chien à celle des gamins de son âge. Il a grandi à Burbank, en Californie, où il passait son temps libre à voir des films, d’horreur souvent, en particulier Frankenstein de James Whale avec Boris Karloff, qui date de 1931, à dessiner des personnages bizarres et à essayer de fabriquer des petits courts métrages en super 8. Avec son fidèle chien comme héros.
Comme Victor, le personnage principal de Frankenweenie, qui voue une affection sans limite à Sparky. Quand celui-ci meurt accidentellement, le monde de Victor s’écroule… jusqu’au jour où, à l’école, un nouveau professeur explique à sa classe comment récupérer l’énergie dégagée par la foudre. Il ne lui en faut pas plus pour tenter de redonner vie à son Sparky adoré. Mais, un chien mort-vivant, ce n’est pas banal dans une banlieue tranquille américaine…
Evidemment Tim Burton a un univers extrêmement personnel, et ce n’est pas si fréquent. Evidemment, il est audacieux aujourd’hui (enfin, un peu moins depuis Michel Hazanavicius et The Artist) de faire un film en noir et blanc), surtout quand il s’adresse aux enfants. Evidemment que ça l’est encore plus quand il s’agit d’un film d’horreur et que Burton ne cache aucune référence à son film de chevet cité plus haut. Mais, justement, d’un grand metteur en scène, on est en mesure de lui demander beaucoup sans aucune indulgence. Alors, Monsieur Burton, pourquoi n’avez vous pas embaucher un bon scénariste pour vous aider ? Car, effectivement, sur la longueur du court-métrage qu’il était au départ, Frankenweenie tenait ses promesses. Mais là, franchement, on était en droit de vous demander de ne plus étirer vos histoires mais de les construire avec plus de minutie, de surprise aussi. Merci donc, la prochaine fois, de ne plus simplement surfer sur votre goût gothique largement partagé mais de vous concentrer pour construire un récit du début jusqu’à la fin et sans facilité trop grossière.
2012 – Etats-Unis – 1h27
En partenariat avec Grains de Sel