Les Tops 5 de Mounia Meddour

Share
Mounia Meddour, réalisatrice de Papicha, Prix Alice Guy 2020, nous a confié ses tops 5 de réalisatrices et d’actrices.

Les choix de Mounia Meddour

Les femmes et le 7ème art, c’est une longue histoire mal connue. Pour l’honorer, Cine-Woman demande à tou(te)s les 5 films de femmes et les 5 rôles féminins qui les ont marqués. Mounia Meddour nous a confiés ses listes. 
Mounia Meddour a beau être fille de réalisateur, elle prétend avoir eu très peu accès au cinéma lorsqu’elle était petite. A peine aux VHS. Née à Moscou d’une mère russe, médecin, et d’un père kabyle parti étudier en Russie, Mounia a vécu en Algérie entre 2 et 18 ans.
Les Tops 5 de Mounia Meddour - Cine-Woman
Mounia Meddour
Ensuite, il a fallu partir à cause de la guerre civile (celle que décrit Papicha). Le danger en Algérie était constant et réel, en particulier envers les étrangers et les intellectuels. Ce qui menaçait à double titre ses parents, partis se réfugier en Kabylie. En 1995, Mounia était, elle, étudiante en journalisme, et, comme son héroïne, vivait sur un campus à Alger.

Du journalisme au cinéma

La fuite vers la France a été très compliquée. Le dernier film que son père, Azzedine Meddour, a réalisé, La montagne de Baya, l’a facilitée grâce à sa sélection à la Mostra de Venise. Mais, le sujet reste douloureux : son tournage a été marqué par un attentat qui a tué 14 personnes de l’équipe. Et si, sur l’insistance des rescapés, Azzedine Meddour a tout de même fini le film, il ne lui a pas survécu, rongé par la culpabilité et la maladie. Et c’est Mounia, du haut de ses 20 ans, qui s’est occupée de le distribuer.
Quand elle débarque à Pantin, en 1997, elle ne connait de la France que ce qu’elle en a vu à la télévision. « Ce fut un choc culturel, architectural, civilisationnel! « , se souvient-elle. « Mais, vivre en banlieue m’a forgée ». Elle poursuit son rêve de présenter le JT et enchaîne la fac et les petits jobs pour y parvenir. Elle a pourtant un sérieux bagage puisqu’elle parle couramment cinq langues : le russe, l’arabe, le kabyle, le français et l’anglais. Finalement, le reportage puis le documentaire vont la rattraper. En 2010, elle signe La cuisine en héritage, sur la transmission de culinaire de mère en fille puis en 2011, Cinema algérien, un nouveau souffle avant de passer au court-métrage avec Edwige.

Des débuts prometteurs

Papicha est son premier long métrage de fiction. « J’ai encore deux histoires à raconter. L’une sur le milieu de la danse qui s’appellera Houira qui veut dire liberté en arabe et que je m’apprête à tourner dès que possible. La seconde sur l’histoire de mes parents qui est en cours d’écriture, confie Mounia Meddour.
La projection prévue de Papicha à Alger n’a jamais pu avoir lieu. « Mais tout le monde a vu le film sur Canal+ » se félicite-t-elle. Ce qui n’a pas empêché le film de représenter l’Algérie aux Oscars et de remporter deux Cesar, celui du meilleur premier film et du meilleur espoir féminin pour sa jeune actrice Lyna Khoudri. Il a aussi remporté le Prix Alice Guy 2020 et sera projeté pour la première fois sur le magnifique écran du Max Linder le jeudi 10 septembre à 20h, en présence de son équipe et du jury qui l’a récompensé : Yann Arthus-Bertrand, Catherine Corsini, Emmanuel Denizot, Julie Gayet, Jordan Mintzer et Marianne Slot.

Mes cinq films de réalisatrices préférés

1- La leçon de piano de Jane Campion (1993)

Les Tops 5 de Mounia Meddour - Cine-Woman
Ada (Holly Hunter) et George (Harvey Keitel) dans La leçon de piano de Jane Campion
Pour son esthétique, son engagement, la force de cette femme qui communique différemment. mais, surtout et par-dessus tout pour la puissance des images et de la mise ne scène.

2- Persepolis de Marjane Satrapi (2007)

Les Tops 5 de Mounia Meddour - Cine-Woman
Persepolis de Marjane Satrapi
Pour sa charge historique, son contexte, son immersion totale dans un pays qu’on connait mal. Et pour la prise de risque de Marjane Satrapi et son regard intérieur qu’elle nous offre. C’est pour moi une nécessité de préserver ces réalisations qui nous racontent des histoires singulières sur des sociétés qu’on n’a pas l’habitude de voir. Ce fut le cas cet été 2020 avec A perfect candidate d’Haïfa Al Mansour.

3- Cléo de 5 à 7 d’Agnès Varda (1962)

Les Tops 5 de Mounia Meddour - Cine-Woman
Cléo (Corinne Marchand)
J’ai grandi avec ce film d’Agnès Varda une pionnière humaniste, sincère qui comme moi, vient du documentaire.

4- Capharnaüm de Nadine Labaki (2018)

Les Tops 5 de Mounia Meddour - Cine-Woman
Zain (Zain Al Rafeea)
Capharnaüm, c’est une histoire intense, puissante avec ce point de vue singulier qui est celui de cet enfant qui nous montre la misère. J’aime la profondeur du propos, la sincérité du film et la mise en scène que je trouve vraiment intéressante.

5- American Honey d’Andrea Arnold (2016)

Les Tops 5 de Mounia Meddour - Cine-Woman
La troupe de vendeurs de porte à porte

J’aime beaucoup Andrea Arnold, son anticonformisme. J’avais adoré Fish tank. Mais j’aime la liberté qu’elle prend pour ce film. Une démarche qui est loin d’être évidente!  Pour moi, il est le symbole du cinéma américain indépendant, intemporel…

Cinq prestations d’actrices inoubliables

Mounia Meddour aime les rôles d’actrices à transformation. La preuve avec ces cinq choix !

1- Charlize Theron dans Monster de Patty Jenkins (2003)

Les Tops 5 de Mounia Meddour - Cine-Woman
Charlize Theron est Aileen, serial killeuse à la vie difficile

Charlize Theron est époustouflante, puissante. C’est toujours difficile pourtant de transformer ainsi les actrices! Là, la prise de risque est énorme et elle l’accepte grâce à une totale confiance avec la réalisatrice, Patty Jenkins.

2 – Margot Robbie dans Moi, Tonya de Craig Gillespie (2017)

Les Tops 5 de Mounia Meddour - Cine-Woman
Tony (Margot Robbie)

J’ai choisi Margot Robbie dans ce rôle, pour les mêmes raisons que Charlize Theron ! Même si elle a été doublée pour les scènes de patinage, elle parvient à communiquer son énergie. C’est aussi un film innovant dans sa narration qui mélange la réalité et la fiction. On ne sait jamais ce qui est vrai ou faux, mais Margot Robbie est incroyable à tout instant.

3 – Isabelle Adjani dans Camille Claudel de Bruno Nuytten (1988)

Les Tops 5 de Mounia Meddour - Cine-Woman
Camille Claudel (Isabelle Adjani) et Auguste Rodin (Gérard Depardieu)

J’admire Isabelle Adjani, surtout dans ses premiers rôles. Tout se lit sur son visage. Aujourd’hui, elle tourne peu mais j’ai toujours hâte de la voir. Je l’attends dans Soeurs de Yamina Benguigui. Elle avait été choisie pour le rôle principal de La montagne de Baya, le film de mon père mais la guerre civile l’en a empêchée. Elle reste une icône pour le  peuple kabyle.

4 – Marion Cotillard dans La môme d’Olivier Dahan (2007)

Les Tops 5 de Mounia Meddour - Cine-Woman
Marion Cotillard donne corps à Edith Piaf
Pour sa performance, pour la charge d’interpréter un tel personnage (Edith Piaf) et pour son jeu dans ce film-là. Elle y est exceptionnelle !

5 – Kathy Bates dans Misery de Rob Reiner (1990)

Les Tops 5 de Mounia Meddour - Cine-Woman
Kathy Bates interprète une Annie Wilkes, fan d’un écrivain sans scrupules ni limites
Encore une vraie performance d’actrice! Kathy Bates est terrifiante dans ce thriller et sa transformation est impressionnante.
(Visité 921 fois, 1 visite(s) aujourd'hui)
Share