Les cinq diables

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Dans Les Cinq diables et après la vue dans Ava, Léa Mysius explore à nouveau un des cinq sens : l’odorat et son rôle pour révéler des secrets de famille. Alambiqué pour pas grand chose.

Thriller olfactif

Avant de s’affirmer en réalisatrice, Léa Mysius a d’abord été une scénariste remarquée. Elle s’est imposée très jeune chez Arnaud Desplechin, en écrivant avec lui Les fantômes d’Ismaël. Elle a ensuite collaboré aux scénarios des Olympiades de Jacques Audiard, de Roubaix, une lumière d’Arnaud Desplechin ou encore de L’Adieu à la nuit d’André Téchiné. Au 75e Festival de Cannes, Des étoiles à midi, le film de Claire Denis qu’elle a co-scénarisé était en compétition officielle. Et au moment même où elle était ainsi mise en avant par son écriture, Léa Mysius a réalisé son premier film, Ava, l’histoire originale d’une jeune fille qui perd la vue et tombe amoureuse, qui a révélé l’actrice Noé Abita.

C’est dire si son deuxième film était attendu. Voici donc cet opus, baptisé Les Cinq diables avec en interprète principale Adèle Exarchopoulos. Elle campe ici une maître nageuse,  maman d’une petite Vicky à l’odorat sur-développé. La vie de famille qui ne semble pas très épanouissante est bousculée par l’arrivée de sa belle-soeur, Julia. On comprendra plus tard ce qui les lie et surtout ce qui les a séparé, et cela au rythme où la fillette le découvre.

Les Cinq Diables, un passé à l’odeur de souffre

A l’échelle du territoire où le film est ancré – une petite ville sans âme de la région de Grenoble, à proximité d’un beau lac de montagne à l’eau froide – l’enjeu du film est sans doute conséquent. Il y est en effet question de jalousie, d’intolérance, de racisme aussi d’une certaine façon et surtout d’une histoire ancienne, traumatisante et qui a laissé beaucoup de traces parmi différents habitants. Certes, ce sont des gens souvent mal ou peu représentés au cinéma. Mais Léa Mysius n’arrive pas à la caractériser assez pour qu’ils deviennent intéressants, profonds et pour que leur histoire nous enthousiasme ou nous émeuve.

L’exemple le plus frappant est celui de Vicky,  la petite fille métis à travers les yeux de qui les révélations sur ce qui s’est passé apparaissent. Normalement, son odorat sur-puissant et sa capacité à comprendre la psychologie des gens qui l’entoure à travers les odeurs qu’ils émettent devraient être une des clés majeures de la résolution de l’intrigue. Or, ils disparaissent au fur et à mesure à la faveur de scènes plus explicites et de souvenirs racontés en flash-backs. Or, l’originalité de cette histoire d’intolérance et de jalousie tenait sans doute à ce talent hors du commun.

L’ambition était donc forte, le processus adopté sans doute trop scolaire pour qu’il laisse sa place à l’émotion et à l’enthousiasme. Rien de grave, mais rien de fort non plus. Et cela malgré une belle représentation de personnes – ces fameux cinq diables – qu’on a encore peu l’occasion d avoir sur les écrans français.

De Léa Mysius avec Adele Exarchopoulos, Sally Dramé, Swala Emati…
2022 – France – 1h37

Les Cinq Diables de Léa Mysius était présenté dans le cadre de la Quinzaine des Réalisateurs 2023.

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