Diana
Icône revisitée
De Oliver Hirschbiegel
Un film sur Diana ? Evidemment ! Elle qui a été la femme la plus connue et la plus photographiée au monde, elle qui fut l’icône de la fin du XXème inspirerait forcément un jour scénaristes, réalisateurs ou producteurs. Encore fallait-il attendre que l’émotion immense qui a suivi sa mort accidentelle, le 31 août 1997, se dissipe en Angleterre et ailleurs, que le deuil soit enfin fait et que la famille royale anglaise découvre d’autres bonheurs. Seize ans plus tard, « Diana », le film, tombe donc à pic.
Sulfureux
Il est plus étonnant que ce soit Oliver Hirschbiegel qui s’y colle. Connu pour avoir tourné « La chute », qui contait de l’intérieur les derniers jours de la vie d’Hitler dans le bunker, ce réalisateur allemand à la réputation de fait sulfureuse ne semblait pas sentimental, pas au point de consacrer un de ses films à une princesse adulée, à la reine de la presse people. Et puis, qu’allait-il nous apprendre qu’on ne savait déjà sur cette femme à la fois ultra-gâtée mais blessée par la vie, sur cette mère écartelée entre son devoir, les contraintes dues à son rang et des émotions qu’elle avait la réputation de ne pas bien savoir maîtriser ?
Plutôt que de retracer Diana à travers les grandes dates qui ont jalonné sa courte existence, Stephen Jeffreys, le scénariste, et Ecosse Films, la société de production qui a eu l’idée de ce récit, se sont concentrés sur l’épisode sans doute le plus paradoxal de sa vie. En 1995, alors qu’elle est en plein divorce d’avec le prince Charles, Diana est en train de se sculpter un nouveau personnage médiatique : elle n’est plus depuis longtemps la cruche blonde choisie pour son sang bleu comme potentielle représentante de la monarchie anglaise, ni l’empêcheuse de tourner en rond dans l’organisation huilée du palais, ni même l’épouse bafouée d’un prince qui ne l’aurait jamais aimée.
Reborn
Non, elle est une femme de son temps, amincie, épanouie, enfin jolie, qui semble en voie d’assumer sa personnalité et ses propres désirs. Sa notoriété est immense, sa popularité au top. Et pourtant, c’est au moment où elle occupe sans cesse le devant de la scène qu’elle va le mieux parvenir à dissimuler ce qui comptera le plus dans sa vie : son envie d’être utile et son amour le plus sincère.
Le film commence (après une scène de flash back sur sa dernière soirée à Paris) donc au moment où Diana, séparée, est en train de découvrir la liberté et surtout de se demander ce qu’elle pourrait bien en faire. Donner un sens sa vie, voilà la question. Une visite dans un hôpital va la guider dans ce choix. Elle y rencontre un chirurgien passionné par son métier, Hasnat Khan, avec qui elle ne tarde pas à débuter une liaison. Elle l’admire, il ne la traite pas comme une princesse, elle le respecte, il s’intéresse à l’être humain qui est en elle et lui fait comprendre comme utiliser à bon escient son statut, sa notoriété, bref son pouvoir à un peu plus que des bonnes oeuvres. Ce qui n’avait jamais été le cas jusqu’à présent… Diana s’engage alors dans ce qui restera son combat le plus pertinent : la lutte contre les mines antipersonnel.
A sa perte
Pourtant, même si leur amour est vraiment partagé, il va être sérieusement contrarié par des obstacles multiples : l’extrême médiatisation de Diana, qui ne facilite pas l’intimité, la tradition musulmane de la famille du médecin, l’impétuosité de leurs caractères respectifs, les contraintes de leurs occupations respectives… Au bout de deux ans et après plusieurs ruptures, le couple se sépare une nouvelle fois. Par dépit (selon la thèse du film) Diana accepte l’invitation de Dodi Al-Fayed à passer des vacances sur son yacht et invite les photographes à la rendre publique. On connaît la suite et sa fin tragique…
En révélant cette histoire d’amour plutôt discrète et surtout ce qu’elle a changé dans la personnalité et l’attitude de Diana, le film a l’intelligence d’éviter tous les travers d’une hagiographie qui n’aurait pas été palpitante. Certes, ce portrait n’est pas à charge, mais il a l’humilité de chercher à comprendre un personnage éminemment public à travers une histoire fondamentale dans son cheminement personnel mais qui aurait gagné justement à rester très privée. On s’intéresse de très près au destin contrarié de cette femme, apparemment puissante mais aux failles (notamment affectives) évidentes, à sa quête d’amour revendiquée, à sa perspicacité dans ce que le monde attend d’elle et ce qu’elle est capable de lui donner… On la découvre intuitive et finalement extravertie, peinant à desserrer le corset de son rang et de son éducation.
Se révéler à soi-même
A travers elle, le film aborde aussi et en finesse une problématique très féminine. Sans se poser plus de questions, Diana a d’abord vécu à travers les autres (son mari, sa charge, ses enfants, sa famille, son rôle dans la monarchie…). Son divorce lui fait prendre conscience qu’elle est une personne à part entière même si cette indépendance a un goût amer. Sa liaison avec ce chirurgien lui prouve qu’elle peut faire quelque chose de sa vie. A elle de décider désormais comment répondre à l’éternel questionnement entre le dévouement et l’accomplissement personnel!
Très bien documenté, conçu et mise en scène avec une précision méthodique, avec sérieux et sans folie, « Diana » est une très belle surprise. Impossible de rester froid aux tentatives de la vraie Diana pour être heureuse, à la conviction qu’elle met dans les projets qu’elle entreprend, à la générosité parfois maladroite dont elle fait part. Naomi Watts, qui l’interprète avec application, rend cette émotion plus que palpable. Et sans vraiment la mimer, elle a su s’approprier ses tics, son accent, l’ensemble de ses expressions. Un seul point faible dans cette recherche: sa démarche beaucoup trop banale.
Complexe
En se concentrant sur son sujet c’est-à-dire sur cette liaison méconnue, le scénario évite aussi tous les travers qui l’auraient rendu peu crédible : on voit à peine les arcanes de la monarchie anglaise, le lustre des palais et les obligations familiales ou « institutionnelles » qui rythment la vie de Diana. Et sa vie telle qu’elle est décrite ne porte ni au fantasme, ni à la pitié populaire. Un équilibre subtil, sensible dont Oliver Hirschbiegel a su se satisfaire et qui révèle au plus près une personnalité plus ambivalente que prévue.
De Oliver Hirschbiegel, avec Naomi Watts, Naveen Andrews, Douglas Hodge, Charles Edwards…
2013 – Grande-Bretagne/France/Belgique – 1h48
A consulter aussi sur cine-woman : la conférence de presse de Paris, avec Naomi Watts, Naveen Andrews, Oliver Hirschbiegel et le producteur Robert Bernstein.
Les autres sorties du 2 octobre traitées par cine-woman : La vie domestique d’Isabelle Czajka, le documentaire « Brigitte Fontaine reflets et crudité », la reprise « Le magicien d’Oz » et le programme pour enfants « Qui voilà ? ».
©Laurie_Sparham

« Blue Jasmine » s’inscrit dans cette lignée. Et c’est peu dire que c’est une excellente nouvelle tant les derniers films de Woody Allen n’avaient pas été très convaincants. Par pudeur nous ne mentionnerons ni « To Rome with Love », ni « Minuit à Paris », deux errances insignifiantes bourrées de clichés touristiques… Il faut revenir à « Vicky Cristina Barcelona », qui opposait la brune incendiaire Penelope Cruz à la blonde ultra sexy Scarlett Johansson pour retrouver la verve qui fut la sienne. Encore une histoire de femme…
Elles n’ont pour ainsi dire aucun point commun, même pas l’affection qui pourrait les lier. Autant Jasmine est snob, superbe, anciennement riche et ayant appartenu à l’élite new-yorkaise, autant Ginger est une américaine moyenne, popu même, qui peine à joindre les deux bouts et qui se satisfait assez bien de sa condition, du moment qu’elle est aimée.
Sans rémission possible, Jasmine est condamnée aux artifices dont elle s’est toujours délectée et paiera cher son addiction au royaume de l’apparence. Sa sœur, plus sincère, s’en sortira forcément un peu mieux. Mais, c’est justement cette morale un peu facile qui condamne par avance le superficiel sur l’authentique qui est la faiblesse principale de cette fable, par ailleurs réussie. Woody Allen a autrefois été plus cruel (dans « Match Point » par exemple) et son film, son propos n’en étaient que plus fort.
Si le fond de l’histoire est très dur, l’environnement où évolue la jeune fille est au contraire très doux et très harmonieux. L’île de Shio semble de toute beauté et les traditions qui y ont encore cours vont aider Momo à passer ce cap très délicat de sa jeune existence. Les yokaï sont des figures grotesques amusantes et affectueuses, qui permettent ainsi à ce film très touchant de quitter l’hyperréalisme dans lequel il s’incrit pour s’envoler dans un univers drôle et fantaisiste plus que bienvenu.
Le premier a 18 km à parcourir à pied matin et soir, en évitant les éléphants qui peuvent charger à chaque instant, la deuxième, 22km à cheminer dans la caillasse et la montagne, le dernier 18 km à cheval à travers la Patagonie, sa petite soeur en croupe.Sans parler des deux petits frères de Samuel, qui pousse dans le sable, l’eau et la poussière du golfe du Bengale, sa chaise roulante brinquebalante pour leur aîné handicapé puisse suivre une scolarité normale.
Comme le dit Zahira, aller à l’école, ça demande des efforts”. Et ce n’est sûrement pas inutile de le montrer aux enfants d’ici. Ce que fait justement ce documentaire, simplement et joliment réalisé, en suivant ses enfants au plus près depuis leur maison jusqu’à la cour de leur école.
Ce film, d’un classicisme de bon teint, finit par prendre un charme certain. L’histoire est puissante, outrancière, malsaine à souhait comme seules les bonnes familles savent en dissimuler. Les acteurs qui l’animent sont généreux, notamment Charlotte Rampling qui joue avec une hargne dont elle se délecte cette vieille peau de vache qui a préféré sa vie de femme à celle de mère de famille. Judy Davis, dans le rôle plus ingrat de sa fille, parvient à lui tenir la dragée haute, tandis que Geoffrey Rush (le fils) cabotine à merveille.
Si la galère de Laetitia peut avoir un sens aujourd’hui, c’est bien celui de nous être perdu dans une fête qui n’en était pas une, à l’image de son couple fini qui n’était apparemment qu’une illusion de bonheur et dont il lui faut désormais gérer les conséquences, dans une crise sans issue et finalement dans l’absurdité la plus totale.
En revanche, la fraîcheur de l’ensemble est également plutôt bien défendue par les acteurs, encore peu vus au cinéma : Vincent Macaigne en tête (c’est le plus connu des quatre, déjà vu dans
Ecrit et réalisé tout à l’honneur de Catherine Deneuve, ce road-movie au propos réaliste, du moins au départ, devient vite une suite pas très cohérente de rencontres improbables. Les faits se succèdent sans plus d’explications et si certaines scènes sont réellement attachantes, comme celle du vieux monsieur qui roule une cigarette à Catherine Deneuve avec une lenteur et une application magnifiques, elles deviennent de moins en moins intéressantes au fur et à mesure que le film avance.
Au hasard d’une de ses liaisons amoureuses, Scott, un petit gars de Wisconsin très beau garçon, rencontre Liberace, un pianiste, une star spectaculaire qui se produit à Las Vegas. Liberace est richissime, extraverti, homosexuel (non revendiqué officiellement même si cela semble difficilement à croire aujourd’hui) à la libido épanouie. Scott est plus réservé mais il finit par se laisser séduire par l’homme, par sa vie fastueuse et par tomber très amoureux. Mais, évidemment la belle romance finit par se gâter… et après plusieurs tempêtes les deux hommes se séparent. Liberace tombe malade et meurt du sida en 1987.
On attendait plus de Soderbergh pour la fin de sa carrière, un film plus surprenant, plus époustouflant, plus innovant aussi et de facture moins classique.… Un sujet qui parle plus de son époque, qui manie avec plus d’intensité une mise en scène impeccable avec un thème déroutant. Peut-être le prochain.
Lorenzo, 14 ans, est un adolescent étrange, peu sociable, introverti. Alors que ses camarades d’école partent en classe de neige, il organise sa retraite au fond de la cave de son immeuble : il a pensé à tout, à sa nourriture, à ses jeux, à sa survie…. Sauf à sa demie-sœur qui, par surprise, vient un jour chercher des affaires. Fugueuse, sans attaches, droguée, bannie de la fratrie, elle profite de la présence de ce frère qu’elle connaît mal pour se réfugier dans la cave. Au contact l’un de l’autre, ils vont finir par s’ouvrir, par s’affirmer, par grandir et par se découvrir une complicité surprenante.
A 10h30, les critiques invités arrivent les uns après les autres : Marie Sauvion de Marie France, François Bégaudeau, Michaël Mélinard de l’Humanité Dimanche, Adèle van Reeth de France Culture sont prêts et s’installent au bord de la vaste table grise et ronde qui constitue le décor principal de l’émission. Les uns sont contents de se retrouver – Bégaudeau et Marie Sauvion n’arrêtent pas de papoter et de se marrer, Michaël est nouveau, donc un peu intimidé et Adèle de dos…
Inutile de refaire ici les débats qui seront plus relevés en « live ». Sachez juste que les avis furent partagés concernant
12h30. Après la virgule sur la Mostra de Venise par Xavier Leherpeur (Studio Ciné-Live), l’enregistrement est (enfin) fini: deux heures pour une première, c’est normal d’autant que très peu de secondes prises ont été nécessaires.