Avant d’être un film, Belle et Sébastien a été une série télévisée très populaire dans les années 1960 et 1970. L’enfant solitaire, le gros chien blanc protecteur et la chanson du feuilleton sont imprégnés la mémoire des enfants de l’époque.
Nostalgique
Le film mis en scène par Nicolas Vanier (Le dernier trappeur, Loup) aura-t-il le même impact ? Rien de moins sûr, même s’il fonctionne à fond sur la nostalgie. Certes, il en reprend les éléments principaux : les personnages, l’amitié improbable et indéfectible entre ce chien et cet enfant abandonnés, le décor fabuleux de la haute montagne et même un peu la chanson, revisitée. En grand amoureux de la nature froide et rompu aux tournages difficiles, Vanier filme la montagne avec maestria, donnant à admirer des paysages grandioses, fabuleux en été comme en hiver. Deux bémols, cependant : le jeu des acteurs parfois bien malhabile, et surtout le fait de plonger artificiellement cette histoire en 1943, en pleine Seconde Guerre Mondiale. Cela finit de dater des héros, un feuilleton qui aurait mérité d’être modernisé plutôt que de la figer dans le passé.
Deux courts métrages d’une vingtaine de minutes chacun compose ce programme conçu pour les Fêtes. Deux courts-métrages très différents l’un de l’autre, et nos faveurs vont de loin au second.
Drôle de Noël
Le premier, le Noël de Komaneko, est un film japonais de marionnettes, sans autre parole que des onomatopées. Un jeune ourson attend avec impatience la venue de ses parents pour Noël. Il a tellement hâte de les voir qu’il leur confectionne des poupées. Mais, ils ne viendront pas. Son ami Radi-bo décide de construire un véhicule pour les rejoindre… Etrange option que d’avoir choisi un film aussi triste comme introduction à Noël. Si les marionnettes sont adorables, l’histoire est trop dure pour attendrir les plus jeunes.
Heureusement, le second film est délicat et tiré d’une légende russe transposée en Savoie. Le Père Frimas est une sorte de Dieu de la neige qui vit en forêt. Sa tâche consiste à s’assurer que les arbres soient bien blancs, que le manteau neigeux soit bien réparti. Mais, quand une nouvelle venue au village force son mari à aller chercher du bois en plein hiver, il réveille Sylvain, l’esprit de la forêt, et plus rien ne se passe alors comme prévu ! Bourrés d’idées visuelles, ingénieux, ce film, très gracieusement dessiné, reprend quelques traditions savoyardes avant qu’elles ne soient complètement oubliées. Original et très mignon.
La zizanie règne sur la terre parmi les hommes et les animaux : ils se volent, se battent, se disputent en permanence. La mésentente est générale. Dans ce chaos, un homme est resté bon : ce vieux monsieur s’appelle Noé, et c’est lui que Dieu choisit pour remettre un peu d’ordre dans l’humanité.
Le refuge au déluge
Dieu lui demande de construire une gigantesque arche dans laquelle il attirera un mâle et une femelle de chaque espèce vivant sur terre. Noé n’y parvient pas sans mal. Son bateau prêt devient le seul refuge quand commence le déluge. Et même si les mauvaises intentions des uns et des autres continuent à se manifester lors de la traversée, au bout de 40 jours, les représentants des espèces sauvées comprennent vite que la vie vaut mieux que la guerre permanente.
Ce dessin animé argentin de 2007, inédit en France, reprend avec humour la légende de l’Arche de Noé, sans parti pris religieux et même avec une certaine distance face au dogme. Les personnages comme les dessins sont amusants, l’aventure bien menée. Voilà une manière agréable de faire découvrir cette histoire aux plus jeunes, sans les lasser et sans ennuyer les plus âgés.
Voici un programme de sept cours-métrages à la thématique hétéroclite, mais qui ont tous été réalisés par deux compères anglais : John Halas et Joy Batchelor, entre 1953 et 1982.
Fausses pistes
La plupart du temps avec un dessin classique, tous racontent avec humour une aventure dont on est bien incapable au départ de prévoir la fin. Avec ou sans paroles, parfois une voix off, sont ainsi contés le « naufrage » d’un orchestre de chambre à la musique évocatrice, la reconversion d’un éléphant joueur de trompette, un match de tennis entre Björn Borg et John Mc Enroe qui finit en apocalypse, le développement inconsidéré de la société de la voiture ou une étrange petite histoire du cinéma.
Plus poétiques et plus accessibles sont aussi la rencontre amoureuse d’un soldat figure de proue d’un bateau avec une sirène ou alors la célèbre fanfare des animaux sur « Love is on ».
Tous ne sont pas accessibles aux plus jeunes, mais rien ne leur interdit non plus. Juste pour la touche humoristique british et la petite évocation nostalgique à destination des parents, So british mérite le coup d’œil.
D’habitude, les sorcières sont méchantes laides et elles font peur. Pas celle-ci. Quand elle embarque sur son balai avec son chat et son chaudron magique pour partir à l’aventure, on ne s’attend pas à ce qu’en perdant son chapeau noir, puis son nœud, puis sa baguette, elle fasse la rencontre impromptue d’un chien, d’un oiseau, d’une grenouille qui tous ensemble lui sauveront la vie.
Un classique anglais
Adapté de « Room on the broom », un classique de la littérature enfantine anglaise, écrit et illustré par Julia Donaldson et Alex Scheffler, qui ont imaginé « Gruffalo » et « Petit Gruffalo », ce dessin animé accessible aux plus petits est une manière joyeuse et enjouée de leur faire découvrir l’univers des sorcières et des dragons. Tout en douceur, mais avec des rebondissements bienvenus et sur un texte conté et dialogué en vers, confié à Pierre Richard. D’un dessin simple mais élégant, plongée dans une historie limpide, cette gentille sorcière a vraiment tout pour plaire.
Deux petites historiettes pleines de charme et de magies figurent en avant-programme. « Juste un petit peu », qui raconte l’histoire d’un cochon qui emmène ses nouveaux amis pour une baignade au lac et « un jour merveilleux », celle d’une journée amusante partagée par une dame et son chat.
Le Père Noël prend enfin sa retraite et c’est au successeur qu’il s’est choisi, Nicolas de prendre la relève. Mais, à deux jours de Noël, c’est un peu la panique dans l’immense fabrique de jouets du pôle Nord. Nicolas n’a que 7 ans et n’arrive pas à répondre aux demandes spécifiques des enfants.
Prêt pour Noël?
Et puis surtout, il s’aperçoit qu’il a, depuis sa nomination officielle, un comportement vraiment bizarre. Quand son amie se décide à avertir le Conseil des Pères Noëls, la panique devient encore plus forte… mais Nicolas va enfin comprendre ce qui lui arrive.
Comme dans le premier épisode, « L’apprenti du Père Noël », sorti en décembre 2010, et dont ce nouvel opus repend les principaux personnages, la plus belle idée du film est de se concentrer dans l’antre pleine de magie qui abrite le Père Noël, les nombreux lutins et les rennes qui, tous, se préparent pour le grand soir.
Nouvelle histoire, dessins classiques
L’histoire aurait gagnée à être plus simple pour rester accessible aux plus jeunes. En revanche, les dessins, très classiques, les gags faciles d’accès et la magie omniprésente devraient les amuser et les faire rêver. Et c’est l’essentiel.
Torben a tout pour être une belle pomme rouge de table. Accrochée à sa branche, elle mûrit délicatement et attend son jour avec impatience, sûre de sa qualité. Plus que quelques jours…
Un ver dans le fruit
C’est précisément ce moment que choisit Sylvia pour y élire domicile. Sylvia est un ver qui a besoin d’être accueillie par une pomme pour devenir un papillon. Tous les espoirs de Torben s’écroulent. La belle pomme est chassée sans ménagement de son arbre et doit trouver un nouveau sens à sa vie, habitée par Sylvia, dont Torben veut à tout prix se débarrasser, et bientôt rejointe par une pomme-poire et une cerise chantante. L’aventure ne fait que commencer…
Dès les premières images, ce dessin animé s’annonce comme une belle promesse. La caméra s’est glissée au milieu des branches du pommier et raconte sa vie intime comme si l’on y était. Les personnages ont extrêmement originaux mais dessinés simplement et ont une façon directe de s’exprimer. Pas de mièvrerie ici, quand la pomme et son ver s’affrontent, c’est pour de vrai ! La morale de l’histoire plus attendue n’en demeure pas moins vraie : la vie est une succession de coups durs et de bonheurs. A chacun d’en tirer le meilleur, et il n’est jamais trop tôt pour l’apprendre !
Tout le monde connaît l’origami japonais, cet art du pliage du papier qui transforme une banale feuille en un animal ou un objet en relief.
Papiers animés
En Chine, le grand artiste de théâtre et de marionnettes Yu Zheguang a, à partir de 1958, appliqué cette technique traditionnelle à l’animation. Il lui a fallu un an pour produire, au sein du célèbre studio de Shanghai, les huit minutes de « Petits canards intelligents », un des trois courts-métrages proposés dans ce programme qui en offre un très bel échantillon.
Ces trois jeunes canetons partent à la chasse aux papillons, ce qui n’est pas gagné vu leur taille. Mais, comme ils sont malins, ils parviennent à leur fin… sauf qu’en chemin, ils réveillent un gros chat. Là encore, leur intelligence leur servira à en échapper. Un autre film, qui date de 1980, met un oisillon en vedette, « Le petit canard Yaya ». Dans des décors semblables, en papier eux aussi, une couvée de canetons éclot sans surveillance et se rend au lac. Un renard rôde mais leur entraide puis l’arrivée de maman cane les sauveront. Enfin, dans « Un gros chou » créé en 1961, seul film dialogué du lot, raconte comment un petit chat et un lapin apprennent à dire la vérité après avoir fait une bêtise.
On ne vit l’extraordinaire que par amour. A la fin des années 1970, Alain rencontre Jasmine, une jeune iranienne qui étudie en France. En 1978, elle se décide à rentrer à Téhéran, juste au moment où le peuple iranien se soulève contre le Shah et son régime tyrannique.
La révolution iranienne vue de Téhéran
Une épisode d’espoir qu’Alain va vivre intensément. Il a rejoint Jasmine, habite au cœur de la capitale iranienne et regarde les habitants se battre pour un régime politique meilleur. Ils en appellent à Khomeiny, pensant que celui-ci les libérera du joug de la dictature. Quand Alain comprend que la libération annoncée va devenir une nouvelle aliénation, il fuit Téhéran, sans parvenir à convaincre Jasmine de le suivre. Il n’aura bientôt plus aucune nouvelle.
Ce film est étrangement construit : il progresse au gré d’images d’archives d’actualité, de la lecture des superbes lettres d’amour que Jasmine a envoyées à Alain avant qu’il ne la rejoigne à Téhéran et une fois qu’il en est revenu. Et aussi par la voix off qui incarne Alain, au gré de ses réflexions et des détails qui sont nécessaires à la compréhension de cette histoire.
De bric et de broc
Mais, leurs personnages prennent corps dans de drôles de bonhommes en pâte à modeler qui parviennent certes, à exprimer certaines émotions mais qui sont tellement schématiques, désincarnées qu’il devient difficile de s’y attacher. Bleus sont les Iraniens, beige est Alain. Ils se meuvent dans une ville complètement factice faite de polystyrène.
Le décalage constant entre les magnifiques émotions décrites dans ses lettres par Jasmine et l’aspect très conceptuel de la mise en scène de cette histoire d’amour est finalement malhabile. Peut-être que le dessin aurait été plus approprié.
Lettres d’amour magnifiques
Prenant place dans un contexte difficile, contrariant de la Révolution Islamiste iranienne, portée par des sentiments extrêmement forts et nobles, et par des voix très judicieusement choisies – Jean-Pierre Darroussin pour Alain, et Fanzaneh Ramzi pour Jasmine – cette histoire d’amour avait tout pour être bouleversante. Sa forme trop conceptuelle, pas assez charnelle en refroidit l’ardeur. Dommage…
Documentaire d’animation d’Alain Ughetto, avec les voix de Jean-Pierre Darroussin et de Fanzaneh Ramzi.
2013 – France – 1h10
Les autres sorties du 30 octobre traitées par cine-woman :
Le criquet ? La petite taupe ? Cela vous dit forcément quelque chose. Tous les deux ont un point commun, leur créateur : le réalisateur tchèque Zdenek Miller. C’est aussi lui qui a imaginé et donné naissance à Poupi, un petit chien sympa, curieux et intelligent qui découvre le monde.
Découvir le monde
En trois courts-métrages inédits d’une dizaine de minutes chacun, le tout jeune Poupi va comprendre, dans La Danse des grenouilles, qu’il n’a pas encore l’âge d’être papa, avec Le Goût du miel, ce que font les abeilles et quels efforts leur labeur demande et enfin, dans une Journée ensoleillée, à quoi sert le soleil et comment étancher sa soif en cas de grande chaleur
Si les situations sont quotidiennes, banales, la manière dont Poupi acquiert son expérience et sa compréhension du monde est à chaque fois très inattendue mais aussi très futée.
Une vraie leçon de vie donnée sans aucune parole, mais avec une musique expressive, des dessins tout simples et surtout un adorable héros aux expressions si sensibles qu’on a juste envie de le retrouver au plus vite. A voir et à revoir sans modération.
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