Après Harry Potter, Twilight, voici la nouvelle saga qui va s’imposer auprès des adolescentes! Ecrits par Veronica Roth, les livres étaient déjà des best-sellers aux Etats-Unis (pas en France) avant que le premier épisode en s’installe en tête du box-office US dès sa sortie. Est-ce mérité? Plutôt oui, parce que l’intrigue est intéressante, intelligente même, riche en rebondissements et portée par une héroïne pleine de ressources.
Dilemnes
Après une guerre particulièrement destructrice, la vie à Chicago a complètement changé. Sa population est désormais organisée en 5 factions qui se répartissent la gestion et le gouvernement de la cité. Pour Béatrice, c’est le grand jour. A 16 ans, elle va choisir demain la faction à laquelle elle appartiendra.
Elevée chez les Altruistes, elle se vit comme une Audacieuse, cette sorte de milice interne qui doit protéger tous les habitants de Chicago. Elle rompra alors définitivement avec sa famille…
Initiation
Pourtant, les tests auxquels on la soumet sont loin d’être concluants : elle est une Divergente, une espèce qu’aucune faction ne reconnaît et dont tous se méfient. Mieux vaut donc que personne ne le sache… mais combien de temps pourra-t-elle dissimuler sa vraie nature ?
La force de « Divergente » est de mêler l’aventure personnelle de cette jeune femme avec le destin de la cité où elle habite. Du coup, on est immédiatement plongé au cœur d’une ville familière mais si meurtrie qu’elle s’est dotée d’une organisation ultra-rationnelle pour renaître de ses cendres.
Ce mélange entre réalité et légère anticipation fait rapidement prendre conscience du danger de la déviance. Mais aussi de sa nécessité. Portée avec brio par la jeune Shailene Woodley, ce véritable film d’action portée par une intrigue judicieuse et une histoire d’amour intense se laisse regarder avec intérêt malgré quelques incohérences de scénario. Mais, on attend même la suite avec impatience…
De Neil Burger, avec Shailene Woodley, Theo James, Ashley Judd, Zoe Kravitz, Kate Winslet…
Moins nombreuses, moins bien payées, les femmes commencent toutefois à se faire une place dans le cinéma français. Peu à peu. Le CNC, Centre national du cinéma et de l’image animée, publie pour la première fois, une étude détaillée sur la place des femmes dans les secteurs du cinéma et de l’audiovisuel.
L’étude intéressante, puisqu’inédite, ne se limite pas qu’à la partie émergée de l’iceberg, c’est-à-dire aux actrices et /ou aux réalisatrices, mais tente de traiter de tous les métiers de la chaîne cinématographique depuis la production, les donneurs de subventions du CNC, les artistes et techniciens qui font les films, les fictions et animations pour la télévision. Ici, on ne s’attardera que sur les données traitant du cinéma en France, mais l’intégralité de l’étude est disponible sur le cnc.fr.
Qu’en ressort-il ?
Si la place des femmes est à peu près à tous les niveaux encore minoritaire, elle progresse pourtant entre 2008 et 2012 (période étudiée). A très gros traits, actons que les femmes représentent entre un petit quart et un gros tiers des emplois, des projets, des financements, de la masse salariale… en progression lente. La situation est équivalente dans l’audiovisuel à quelques variantes près.
Leur nombre
En 2012, les femmes représentaient :
23% des réalisateurs de longs métrages (LM) agrées (+ 1,7 point depuis 2008)
33,8% des promesses d’avance sur recettes (+ 1,7 point depuis 2009)
19,7% des films réalisés depuis 2008
44, 4 % des personnes aidées par le CNC
Leurs films
Elles ont réalisés (ou co-réalisés) 27,3% des premiers films d’initiative française : des fictions à plus de 80%, peu de documentaires et quasiment aucune animation. Surtout des comédies (1/3), plus que des drames et comédies romantiques, mais aucun thriller ou policier.
Le financement
En 2012, le budget moyen des films réalisés par des femmes s’élevait à 3,45M€ contre 5,6 pour les hommes (1,6x) mais l’écart tend à diminuer depuis 2008.
Globalement, 159 M€ ont été investis sur des films de femmes contre 895 M€ sur des films d’hommes, soit 5,6 x moins (9,3 en 2008). Car, les 2/3 des films de femmes ont un budget inférieur à 4M$, contre 57,6% des films d’hommes, tandis que les films à + 10M€ représentent 4,3% des films réalisés par des femmes et 19% de ceux réalisés par des hommes.
Les films de femmes sont financés par un plus grand nombre d’acteurs (chaque part est donc moins importante) : les sofica, le soutien automatique, les aides sélectives et/ou régionales, les chaînes de TV (moins de préachats) distributeurs, éditeurs vidéo. Elles bénéficient moins des préachats des TV et des financements étrangers.
Les entrées
91,3% des films de femmes sortent en salle (légèrement plus que les films d’hommes).
Un quart des films français sortis en salles en 2012 étaient réalisés par des femmes, (+ 4,4 points qu’en 2008).
Près de 70% sont recommandés art et essai (contre 56,3% pour les hommes)
14% des entrées des films agréés (sur 349,55M) sont pour des films réalisés ou coréalisés par les femmes, en forte baisse depuis 2008.
A l’euro investi, les films de femmes sont moins rentables.
Entre 2008 et 2012, seuls deux films de femmes se sont glissés parmi les 20 plus gros succès : Lol n°12 et La Rafle n° 19.
11 films ont dépassé le million d’entrées.
Les métiers
Entre 2009 et 2011, les femmes ont représenté 42,7% de l’effectif cinéma et 32 % de la masse salariale. Elles sont moins nombreuses chez les cadres. Mais, leurs contrats sont généralement plus longs.
Professions clairement féminines :
Scriptes à 98,1%
Costumiers-habilleurs à 87,2%
Coiffeurs maquilleurs à 76,6%
Professions clairement masculines : électriciens, les machinistes, les rippeurs et les opérateurs de prise de son.
Les métiers les plus mixtes (% de femmes)
Assistant-réalisateur : 50,8%
Monteur : 46,1%
Prise de vue : 27,4%
Régie : 25,2%
Les salaires
Dans tous les métiers (sauf un), les salaires sont inférieurs. Les écarts les plus importants concernent :
les réalisatrices : – 31,5%
les actrices – 30,4%
les opératrices de prise de vue – 28.1%
Les salaires sont à peu près équivalents pour les acteurs de compléments.
Seules, les cascadeuses sont payées 10% de plus que leurs homologues masculins.
Au niveau européen
Peu de données sont disponibles, mais l’Observatoire Européen de l’Audiovisuel note qu’entre 2008 et 2012 :
18, 4% des réalisateurs européens sont des femmes
7 films de femmes ont réalisés plus de 2M d’entrées, dont 4 films réalisés par des françaises – Lol de Lisa Azuelos, Coco avant Chanel d’Anne Fontaine, La rafle de Roselyne Bosh et Polisse de Maïwenn.
Evidemment, cette étude n’est qu’une photographie d’une situation sur une période donnée, et l’on sait qu’un succès énorme peut bousculer la donne. Ces données, qui ne concernent qu’une partie de la production cinématographique, seront passionnantes à surveiller sur un terme plus long. C’est leur évolution qui sera déterminante…
En Afrique du Sud, Layla (Rayna Campbell) gère seule Kane, son jeune fils, très turbulent, et sa vie. Elle vient de trouver un emploi dans une société de sécurité qui attend d’elle qu’elle passe au détecteur de mensonges les futurs employés de ses clients.
Hasards et coïncidence
Sans faire de zèle, Layla est appliquée, volontaire. Quand sa société l’envoie à l’autre bout du pays accomplir sa tâche, elle part sans frémir, accompagnée de son fils dont personne d’autre ne veut assurer la garde.
Mais, un accident de la route va mettre en péril sa probité. Par hasard, elle assiste à la mort d’un homme. Par coïncidence, son fils fait partie des employés qu’elle doit sonder. Kane est le seul témoin de cette situation. Alors qu’elle est constamment en recherche de vérités, elle va le pousser à mentir.
Le vrai du faux
C’est un film étrange, difficile à dater : son image est légèrement vieillotte, jaunie alors que son propos ne peut être contemporain. Basé sur un dilemme très puissant mais qui ne repose que sur une surenchère de coïncidences, le propos est pourtant stimulant, jouant sans cesse sur la relativité de la vérité comme du mensonge, sur les limites de la culpabilité et sur le nécessaire maîtrise d’éléments justement incontrôlables.
Mais, le rythme éminemment lent et souvent faux, l’ambiance étrangement irréelle, les coïncidences scénaristiques enlèvent à ce qui aurait pu être un vrai grand film dérangeant, porté toutefois par un beau rôle de femme. Mais, du coup, on reste extérieur à ce qui aurait dû être impliquant et l’on se pose jamais la question qui aurait dû récurrente : « qu’aurais-je fait à sa place? » Ce qui n’a toutefois pas empêché au film de recevoir une mention spéciale du jury au Festival de Berlin 2013.
De Pia Marais, avec Rayna Campbell, August Diehl, Rapule Hendricks…
Peut-on aller voir un film juste sur son affiche ? Et pourquoi pas, après tout ? Celle de « L’étrange couleur des larmes de ton corps » est magnifique, en rupture complète avec les codes habituels.
Visuel et sonore
Dans une esthétique Art Nouveau, une blonde torse nu tient un tout petit homme dans sa main. Et c’est toute l’histoire de ce film ou plutôt de cette expérience visuelle et sonore.
Ici, pas de narration ou presque. Un homme revient d’un voyage d’affaires. Il pense retrouver sa femme mais elle a disparu. Sans laisser de trace et sans que l’appartement, fermé de l’intérieur, n’ait été visité. L’homme commence son enquête, mais ce sont bientôt le passé de l’immeuble et ses démons intérieurs qui vont prendre le pas sur sa quête.
Fantastique expérimental belge
Dans la veine du cinéma fantastique expérimental, « L’étrange couleur des larmes de ton corps » est une expérience unique, éprouvante qui vaut surtout et avant tout par les décors qu’elle met en scène : une série d’appartements Art nouveau, dont regorge Bruxelles (et pas Paris), une architecture noueuse (on parle de style Nouilles), luxuriante mais dont l’aspect très décoratif serait une sorte de couverture pour dissimuler l’inavouable (mais quel est-il d’ailleurs?)
De même, les réalisateurs ont accordé une attention toute particulière à la bande originale. Beaucoup plus qu’à la lisibilité de leur histoire et de leur propos. Ici, l’enveloppe vaut plus que ce qu’elle contient. Mieux vaut le savoir.
De Bruno Forzani et Hélène Cattet, Klaus Tange, Sam Louwyck, Sylvia Camarda, Anna d’Annunzio…
Joseph et Catherine (Yvan Attal et Charlotte Gainsbourg) sont mari et femme et projettent d’avoir un enfant ensemble. Mais, le passé de l’un est trop lourd et le regard de l’autre trop violent.
Quête (ir)rationnelle
Soudain, Catherine disparaît. Joseph retrouve finalement sa trace en Inde, au sein de la communauté tamoule quand une de ses anciennes connaissances prétend être « possédée » par elle.
Film à cheval entre deux continents et deux cultures complètement différentes, « Son épouse » est l’histoire d’une quête, celle d’un mari qui cherche à retrouver sa femme, une quête à priori rationnelle mais qui bascule dans un monde fantasmagorique.
La fascination de l’Inde
Michel Spinosa, manifestement bouleversé par sa rencontre avec l’Inde et la manière dont on y traite les malades mentaux et ceux qui se disent possédés par des esprits, a donc cherché un moyen d’y faire un film qui respecte la culture indienne tout en ayant un écho ici. Il s’accroche donc à cette histoire d’un couple en souffrance dont la séparation brutale et radicale mène de la campagne française à la côte du Tamil Nadu.
Est-ce intéressant ? A part la partie quasi documentaire où Spinosa filme les centres où sont attachés et « traités » les malades – ce qu’il fait d’ailleurs très bien, sans jugement et avec un regard plutôt bienveillant- l’histoire d’amour de Joseph et Catherine est tellement ténue, sans émotion ni enthousiasme qu’il est très difficile de se sentier concerné par ce qui leur arrive.
Comment souvent chez lui, Spinosa part d’une idée intéressante – l’époque bénie où la pilule était autorisée et le sida inconnu dans « La Parenthèse enchantée » ou l’érotomanie d’une femme dans « Anna M. » – mais il traite le sujet platement, sans fougue, sans relief comme s’il refusait de se confronter à des émotions trop fortes, celles qui semblent l’intéresser pourtant au départ. Sauf qu’ici, le sujet, même s’il est étonnant, n’est pas forcément enthousiasmant. Un documentaire aurait sans doute été plus judicieux…
De Michel Spinosa, avec Yvan Attal, Charlotte Gainsbourg, Mahesh, Janagi…
Si l’héroïne ne s’était pas appelée Veronica, jamais je serai allée voir ce film. Dommage! Car il vaut bien plus que le prénom de la jeune femme dont il dresse un portrait inédit.
Du sexe
Veronica aime baiser, à 2 ou à plusieurs. peu importe avec qui et peu importe le nombre. Elle aime aussi la mer, la plage de Recife où elle habite, son père avec qui elle vit, ses amies avec qui elle sort. Gustavo, aussi, qui a tout pour lui et serait prêt à faire sa vie avec elle. Pas elle.
Veronica vient d’obtenir son diplôme de psychologue et a trouvé un emploi dans un hôpital. Ce nouveau travail, ses responsabilités, la maladie de son père devraient la pousser à changer de vie. Mais, non, Veronica ne veut pas renoncer à sa liberté, à ses pulsions sexuelles, à son libertinage. Aimer, elle n’en est pas capable, mais baiser en revanche lui fait un bien fou…
Et peu d’amour
Rarement, un tel sujet est abordé de cette manière, à la fois simple et frontale. Veronica n’a rien d’une fille volage, écervelée, légère. Elle est brillante, intellectuellement épanouie (elle réussit un examen très difficile et aura même une promotion rapide), un peu dépendante affective de son père qui l’a élevée seul et en manque de certains repères. Quoique…
Ce qu’elle fuit surtout et avant tout, ce ne sont même pas les responsabilités, mais plutôt l’engagement et les conventions sociales. Le sexe la rassure, calme ses angoisses alors que l’amour la mettrait en danger. Et ce qui est vraiment intéressant dans ce portrait tout en finesse de cette génération individualiste et libérée, c’est justement la rupture avec la tradition qui voudrait que sa démarche soit plus masculine que féminine.
Portée par Hermila Guedes, une actrice intrigante, qui parvient à se montrer aussi adulte qu’immature, aussi déterminée qu’incertaine, cette histoire simple met l’accent sur une évolution significative des moeurs sans jugement aucun mais avec la nécessaire remise en cause qu’elle provoque. Ici, aujourd’hui, ou à là-bas à Recife. Dans la société comme dans nos têtes.
De Marcelo Gomes, avec Hermila Guedes, W.J Solha, Joao Miguel, Renata Roberta…
Le monde serait-il différent s’il été dirigé par des femmes ? Riad Sattouf (Les beaux gosses) prétend que non, mais en s’amusant à détourner le rôle traditionnel que jouent les deux sexes, il livre une parodie acerbe du pouvoir dans les pays musulmans et du sexisme culturel (donc ordinaire).
Homme au foyer et à touiller
Jacky (Vincent Lacoste) est comme tous les garçons de son âge. Il est cantonné au foyer à touiller la bouillie. Son rêve ? Aller au grand bal de la Bubunerie pour rencontrer l’héritière dont il est amoureux depuis toujours. Mais, l’accès au bal n’est pas donné à tous et lui a un casier particulièrement chargé : il est pauvre, sa mère meurt, son oncle est le pire ennemi du régime et ses cousins lui volent le précieux sésame qui lui aurait ouvert les portes du palais.
Cendrillon un peu modernisé (quoique) et plongé au cœur d’une dictature tenue d’une main de fer et depuis des générations par des femmes, « Jacky » est une satire courageuse et bien pensée du monde actuel et en particulier des régimes dictatoriaux des pays d’islam (mais pas que), de ceux qui vantent leur conscience de la démocratie pour mieux y interdire les libertés publiques, notamment celle d’expression.
Parodie réjouissante
Riad Sattouf est mi-syrien, mi breton, ce qui lui donne une liberté de vision et de ton inégalée dans notre cinéma français. Une crédibilité aussi. Sa tentative de décrire ainsi une réalité sordide et sur laquelle on ferme les yeux n’en est que plus inquiétante.
En faisant la fine bouche, sa parodie n’est pas complètement exempte de défauts (la toute fin par exemple est maladroite). Il n’empêche qu’elle a le mérite de monter l’ignominie de ces dictatures et la manière dont elles fonctionnent toutes : en s’appuyant sur des croyances idiotes (celle du chevalin), sur une armée solide (arbitraire et corrompue), sur la peur des populations et sur leur abrutissement.
Il était des fois…
Il montre aussi le formatage des contes de fées (celui de Cendrillon, ici) et la manière dont ils prédéterminent le rôle de chacun et de chacune. En le glorifiant, bêtement et sans aucune imagination, ni esprit de rébellion.
Finalement, avec sa comédie quasi moyenâgeuse (le vocabulaire inventé et la manière de parler sont à cet égard une trouvaille), Riad Sattouf vise en plein dans le mil : en pleine folie suicidaire syrienne et en plein retournement réactionnaire de la société française, contaminée par toutes les théories de repli les plus relou, la fameuse théorie du genre n’étant pas la moindre. Difficile d’être plus en phase… Réjouissant !
De Riad Sattouf, avec Vincent Lacoste, Michel Hazanavicius, Charlotte Gainsbourg, Anémone, Noémie Lvovstky…
2013 – France – 1h30
A venir une interview d’Anne-Dominique Toussaint, la productrice de Riad Sattouf.
La liberté et l’audace que s’accorde Lulu, on en a toutes rêver! Prendre la tangente sans calcul préalable, ne pas rentrer chez soi pour profiter du temps, du vent, des gens, de soi…
Rébellion féminine
Lulu est mère d’une famille de 3 enfants, exigeants forcément, et épouse d’un homme qui ne la voit plus depuis longtemps. Il la traite comme un meuble. Elle est utile (en gros, elle gère l’intendance familiale, docilement). Et il la veut comme ça. Mais, Lulu a des velléités d’indépendance : elle veut travailler. C’est d’ailleurs à l’issue d’un entretien d’embauche raté qu’elle met les voiles. Tranquillement, en se laissant aller aux rencontres éphémères, mais qui finiront par modifier sa vie.
Le cinéma a aussi vocation à faire rêver, et c’est justement ce qui ne va pas ici. La parenthèse de vie que s’offre Lulu a beau être sympa, elle ne donne pas envie. Pourtant, elle est loin d’être réaliste.
De fil en aiguille
Du coup, les événements se succèdent comme des mini-tranches de vie qui la rapprochent peu à peu du dénouement final, la confrontation avec sa famille, son mari.
Et puis, Lulu est un peu trop godiche, un peu trop cruche, pour qu’on s’attache à son personnage. Et bizarrement, Karine Viard, d’habitude assez subtile dans ses compositions, renforce encore cet aspect-là.
Par touches
Ce qui n’empêche évidemment pas quelques bons moments : le dîner romantique avec Bouli Lanners, la teinture de cheveux avec Claude Gensac… et le final étonnant, différent de la BD dont le film est adapté.
De Solveig Anspach, avec Karin Viard, Bouli Lanners, Claude Gensac, Corinne Maseiro…
De Delphine de Vigan, on connaît surtout (et on aime) les romans – « Les heures souterraines », « Rien ne s’oppose à la nuit » – , ceux portés à l’écran par d’autres – « No et moi » réalisé par Zabou Breitman. Moins son travail pour le cinéma. On lui doit la co-écriture du scénario de « Tu seras mon fils » réalisé par Gilles Legrand.
Performance
La voilà réalisatrice d’une comédie sentimentale qui se veut moderne puisqu’elle aborde frontalement des sujets peu abordés au cinéma, à savoir la performance sexuelle des femmes et leur volonté de s’améliorer « pour devenir le meilleur coup de Paris ».
C’est en tout cas la volonté d’Emma (interprétée par Laurence Arné), une jeune première de la classe qui vient de décrocher un boulot génial de journaliste dans un magazine économique. Elle a tout pour plaire, elle est brillante, très belle, devient très vite la chouchoute du patron. C’est aussi une bombe sur laquelle tous les hommes se retournent… mais qui est une véritable limace au lit. Bref, un super mauvais coup.
De la bombe
Serait-ce donc pour cela qu’à à peine 30 ans, elle est encore célibataire ? Que sa vie est ratée ? Puisqu’Emma est avant tout une bonne élève très consciencieuse, elle va s’appliquer à devenir une bombe sexuelle avant de découvrir que la performance ne vaut rien si elle n’est pas accompagnée d’amour…
On a rarement une comédie plus téléphonée que celle-là. Dès le décor posé, on sait exactement ce qui va se passer d’ici la fin du film et c’est évidemment un handicap sérieux à l’intérêt qu’on lui porte.
Postulat nul
Passons sur les clichés sur la presse (c’est étonnant comment la vie des rédactions de journaux sont filmées de manière édulcorée, fantasmée), sur les définitions très caricaturales des personnages, sur la réalisation très banale de ce film pour aborder le problème de base : comment peut –on partir avec un postulat aussi con ?
La fameuse Emma a beau avoir une confiance en elle relative, avoir été élevée dans le culte de la performance, elle est bien trop intelligente et de son temps, pour avoir cette ambition débile de vouloir être le n°1 du sexe à Paris. Surtout si c’est pour découvrir que quand on aime, on donne plus et mieux.
A sauver
Les (quelques) bonnes idées du film : avoir confié le rôle à Laurence Arné, une quasi inconnue pour ceux qui ne sont addicts ni aux one-woman show, ni aux séries françaises – elle joue dans Workingirls, diffusée sur Canal+. Elle tient son rôle avec tenue, à l’aise aussi bien dans les scènes drôles que plus émouvantes.
Quelques gags valent aussi le détour et notamment, la révélation François Morel en sexologue hyper convaincu. Et saluons l’écriture des dialogues, très cash qui tranchent un peu avec l’aspect très attendu, pas du tout surprenant de l’histoire.
Pas sûr que Delphine de Vigan, même aidée de Chris Esquerre à l’écriture, soit faite pour la comédie.
De Delphine de Vigan, avec Laurence Arné, Eric Elmosnino, Valérie Bonneton, François Morel…
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