Revoilà nos amis découverts en novembre 2011 et venus directement du Suède. « Petit-point a des points, Gros-Pois a des pois et ils sont très heureux comme ça », nous dit la voix-off au début de chacune de ces six nouvelles histoires.
Pour grandir
Comme ces courts-métrages sont conçus pour grandir, ils relatent tous une expérience du quotidien des tout-petits : attraper la varicelle, changer vite ses chaussures mouillés quand on a marché dans une flaque d’eau, se faire à manger si l’on a faim et que le frigo est vide, ne pas se perdre en forêt quand on part à la cueillette de champignons…
Ou bien encore s’amuser en regardant des clowns au cirque puis essayer de les imiter et enfin, fêter la nouvelle année dans une fête disco, entouré de tous ses amis.
Trop malins!
A chaque fois, le contexte plonge les deux petits héros dans une situation inédite et dont ils vont devoir se sortir grâce à leur inventivité toujours un peu loufoque.
C’est rigolo, charmant tout comme le sont les deux marionnettes principales et la maison dans laquelle ils habitent. Ou le ton avec lequel l’histoire est racontée. L’idéal pour apprendre tout en se divertissant.
Dorothy Malherbe dirige l’Etoile Cosmos de Chelles (dans le 77) et revient sur les 12 dates marquantes de son année. Enrichissant!
1er janvier 2014
L’année commence avec une bonne nouvelle : la TVA sur les billets de cinéma passe de 7 à 5,5%. La restauration elle de 7 à 10%. Les pouvoirs publics semblent avoir compris qu’en temps de crise, c’est le cinéma qui sauve de la morosité, pas le sucre. On peut toujours cumuler les 2 en prenant double ration de pop corn…
2 février 2014, 22h34.
Soirée de clôture du 7ème festival de cinéma que nous organisons avec le ciné-club de Meaux. Je viens de passer 3 jours aux côtés de Pierre Salvadori, cinéaste délicieux et disponible. L’homme m’a raconté ses 400 coups avec Marie Trintignant et Guillaume Depardieu, ses œuvres fétiches, son amour pour Lubitsch.
Ce soir là, Nathalie Baye et Audrey Tautou ont fait le déplacement pour lui. Cette dernière me confie que lorsqu’elle a un coup de blues, il lui suffit de revoir un film de Pierre pour goûter de nouveau à la légèreté. La femme est telle que l’actrice : mutine, drôle, touchante. On parle de Jean-Pierre Jeunet, du tournage de Coco avant Chanel, de son gigot de 7 heures.
Il y a un mois, à la même table, je partageais mon gâteau basque avec Jean-Paul Rappeneau, ce soir, je mange du brie de Meaux, autour d’un bon Sancerre avec Audrey Tautou. Je ne vois pas ce qui pourrait m’arriver de mieux cette année ?
1er mars 2014
J’apprends par la radio la mort d’Alain Resnais. Chacun y va de ses commentaires, forgés par d’innombrables anecdotes, toutes plus passionnantes les unes que les autres sur l’homme, ses sources d’inspiration, sa troupe, etc.
Je revois alors avec une certaine délectation la scène qui m’a sans doute le plus fait rire dans sa filmographie : celle où le personnage d’Agnès Jaoui expose son sujet de thèse (« les chevaliers-paysans de l’an 1000 au lac Paladru ») au personnage joué par Jean-Pierre Bacri, dans On connait la chanson. Elle porte en son sein tout ce qui fait, à mon sens, la singularité de son cinéma : une certaine ineptie du genre humain sur laquelle on ne peut poser qu’une profonde bienveillance.
16 avril 2014
Sortie en salles de Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ? A priori, au 16 avril : rien ne laisse présager son succès. Je prends donc le film à l’affiche qu’en 2ème semaine. Je parie même avec un ami qu’il ne dépassera pas les 5 millions d’entrées. 4 mois plus tard, je l’ai toujours à l’affiche…
Et même si je ne parviens pas à cautionner le phénomène (pour ses défauts de forme, pour le message qu’il véhicule, pour ses clichés), je salue malgré tout et presque toujours la capacité d’un film à faire se déplacer les foules en salles. Et rien ne me fait plus plaisir qu’un public fébrile, haletant, excité, dans une salle de cinéma, à l’unisson du même « purgatoire ».
21 mai 2014
Le Festival de Cannes porte un coup de projecteur sur l’un des films les plus intéressants de cette année : Maps to the stars de David Cronenberg. Un portrait au vitriol d’Hollywood qui pose les nouveaux enjeux du métier de comédien : quelle carrière pour les actrices dépassant la cinquantaine ? Les dérives du succès chez les très jeunes comédiens propulsés au rang de stars…
Le film m’impressionne, m’émeut, me réconcilie avec Cronenberg (que je boudais un peu depuis son biopic sur Freud). La prestation de Julianne Moore relève de la prouesse. Il y a de la Gloria Swanson de Sunset Boulevard dans son jeu. Avec ce film, c’est certain, elle entre au panthéon des plus grandes actrices américaines.
26 juin 2014
Convention Mars films au Pathé Beaugrenelle. Plus de 200 exploitants se réunissent pour assister au catalogue de sorties que le distributeur a prévu sur l’année et pour voir des films que le public n’a pas encore eu le privilège de découvrir. Je vois 2 films. L’un sera LA comédie de cette fin d’année 2014 : la Famille Bélier.
L’autre seramon coup de cœur de l’année : Un homme très recherché d’Anton Corbijn. Un thriller haletant sur la paranoïa post-11septembre avec Philip Seymour Hoffmann au sommet de son art, pour un dernier coup de chapeau.
Je repars ce jour là avec le DVD de Blue Jasmine de Woody Allen et la peluche du Dernier loup, le prochain film de Jean-Jacques Annaud. Rien à dire : Mars films sait soigner son catalogue, ses exploitants et son public.
Juillet
La Coupe du monde de football occupe toute l’actualité. Et le public semble préférer en cette moiteur estivale son poste de télévision à la salle de cinéma. Les soirs de match sont tellement déprimants pour les exploitants de cinéma qu’on se prend à boire des Mojitos fraise en terrasse ou jouer à « Colin-Maillard » (ou à « touche-pipi », selon votre envie) en projo avec des critiques de cinéma. C’est moche, je sais. On pallie à l’ennui comme on peut.
12 août 2014. 7h30.
Le réveil sonne. France Inter m’apprend le décès de Lauren Bacall. Je ne vois pas pire nouvelle pour commencer une journée.
Je suis en train de sentir à cet instant précis que l’âge d’or hollywoodien s’éteint. Je me prends à faire la liste de ses dernières figures encore en vie : Kirk Douglas, Dorothy Malone, Olivia de Havilland, Louis Jourdan, Leslie Caron … Mais la dernière grande figure féminine, féline et masculine, c’était elle : the « Look ». Elle avait à la fois cette dignité glaçante et cet aplomb racé. Pas de doute : Hollywood vient de perdre sa dernière muse.
1er septembre 2014
J’ai 30 ans. Et parmi la multitude de cadeaux que mes proches ont eu la générosité de m’offrir, je suis touchée par deux présents symboliquement forts et précieux : deux films annonces en 35 mm de Jonathan le Goelan et Quai des orfèvres. Le film pellicule me « fout » le frisson. Plus que si Ryan Gosling avait fait lui-même le déplacement…
2 octobre 2014
Congrès annuel des exploitants, organisé par la Fédération Nationale des Cinémas Français.
3 jours à Deauville entourés de professionnels de la profession, 24 discours , 200 bandes annonce, 10 coupes de champagne, 6 restos, 20 DVD, 2 maux de tête, 1 plateau de fruits de mer, 1 mug Mickey, 54 fous rire, 3 larmes, 2 soirées qui se finissent tard (ou très tôt, enfin…), 4 photos « dossier » prises entre collègues dans un photomaton, 2 discussions qui refont le monde, 1 barbe-à-papa, 1 sourire à Tahar Rahim, 2 nuits d’hôtel dans un 3 étoiles. Pour le reste… Ce qui se passe à Deauville, reste à Deauville.
21 novembre 2014
Je lance au cinéma, l’Etoile Cosmos de Chelles (77), avec le concours des commerçants de Chelles un nouveau concept : Beaujolais, jazz et cinéma. Le public vient découvrir le Beaujolais nouveau en écoutant du jazz et file en salles en fin de soirée voir Michel Petrucciani de Michael Radford, un film sur l’un des plus grands musiciens de jazz. La soirée est un succès. La convivialité et le fédéralisme sont les meilleurs remèdes à la crise.
17 décembre 2014
Sort en salles LA comédie de l’année : la Famille Bélier. Touchante et bien écrite, elle devrait vous réconcilier (pour le pire et pour le meilleur) avec Michel Sardou… J’ai parié une bonne bouteille de Bourgogne avec un collègue que le film serait un succès proche de celui d’Intouchables. Si tout se passe comme je le prévois (je l’espère ?), le bouche-à-oreille devrait prolonger sa gloire jusqu’en 2015. Et le rire, pour commencer l’année, c’est tout ce dont on aura besoin.
Certains enfants n’aiment ni la neige, ni le froid ! Ce programme de quatre courts-métrages inédits est fait pour eux. Il commence doucement par le petit conte très tendre, en collage et en aquarelle, d’un éléphant qui rêve de s’acheter un vélo.
L’Afrique en 3 temps
Les trois autres films montrent tous des facettes différentes de l’Afrique.
Dans le deuxième segment, au rythme endiablé des tams-tams, un petit garçon reçoit une lettre avec un flocon de neige et il imagine que la neige recouvre son village de case. Le graphisme et le dessin sont les plus beaux et les plus inventifs de toute la série et jouent constamment sur la surprise.
Nouvelles familles
Dans le troisième, un pêcheur rapporte de ses filets un Tulkou et décide de l’adopter. Mais, une fois au sec, cette créature des eaux dépérit. Si le sujet n’est pas très clair, le travail sur les matières est réussi.
Enfin, et c’est le clou du spectacle, Dimitri à Ubuyu, raconte la migration d’un oisillon qui échoue en plein désert. En cherchant ses parents, il se découvre une nouvelle famille. Sans être très original, le seul film parlant du programme révèle un nouveau talent, celui de la jeune Agnès Lecreux. A 26 ans, elle réalise ici son premier film en stop-motion, à partir de marionnettes en latex. Il met aussi en lumière la qualité de l’animation à la française, le film ayant été entièrement réalisé à Rennes, en Bretagne.
De Olesya Shchukina, Natalia Chemysheva, Mohamed Fadema et Sami Guellaï, Agnès Lecreux et Fabien Drouet…
Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? C’est un peu la devise de Pat et Mat, deux voisins-copains qui adorent faire du bricolage.
Des as du bricolage…
L’un comme l’autre ont un savoir-faire approximatif mais une imagination débordante. Et toute expérience de la vie quotidienne se transforme en une catastrophe difficile à anticiper. Mais, heureusement, ce sont aussi leurs idées farfelues qui finissent par les sauver. Ou pas.
Qu’ils soient dans la salle de bains, dans leur jardin en train de manger des saucisses, de jouer aux cartes ou bien en plein ménage à passer l’aspirateur (ce qu’ils détestent) ou dans leur grenier à regarder les étoiles, rien au départ ne permet de présager ce qui va leur arriver et c’est tant mieux !
… Décalés
Ces cinq courts-métrages signés du tchèque Marek Benes, le fils du créateur des personnages nés en 1976 et toujours diffusée à la télévision, sont une suite de gags plus amusants les uns que les autres, mais traités avec le plus grand sérieux. Pat comme Mat sont deux marionnettes toute simples, vêtues à l’ancienne et coiffées pour l’un d’un bonnet rayé et pour l’autre d’un béret.
Et, justement, c’est le décalage entre leur allure banale, leur environnement classique et leurs idées farfelues qui crée cet humour burlesque et attachant. Vite de nouveaux épisodes qu’on continue à rire d’aussi bon cœur !
« Coucou, c’est l’heure du film ! », prévient Hippolyte Girardot de sa voix chaleureuse, juste avant de nous présenter Nounourse, Le chat, Lapinou, Oiseau et Cochonou. Ce sont les cinq vedettes des huit courts-métrages qui vont suivre.
Coucou II
Mais, nous les connaissions déjà pour les avoir suivis dans Qui voilà ? On retrouve avec plaisir leur dessin sommaire et original, leur mise en scène simple dans un décor le plus minimaliste possible.
Ces cinq petits copains vont vivre huit moments classiques de la vie quotidienne : les courses au supermarché, l’après-midi chez mamie avec une cousine, s’habiller pour aller jouer dehors… Leur expérience va permettre aux tout-petits de s’identifier et de découvrir que leurs peurs, leurs pleurs, leur jalousie ou des situations décrites et partagées par tous.
Questions existentielles
Chaque petit film, dont le début comme la fin sont dûment signalés par le conteur, répond ainsi à une question que chacun s’est un jour posé : qui décide ? qui s’est perdu ? qui est mort ? La mamie de qui ? qui est le plus joli ? à qui est le pantalon ?
En évitant d’être moraliste et en restant toujours à hauteur d’enfants, ce programme très pédagogique d’origine suédoise permet aux plus jeunes de grandir tout en se distrayant.
De Jessica Lauren, avec la voix d’Hippolyte Girardot
De 2004 à 2011, Pilot, un studio d’animation russe, a lancé un vaste projet baptisé La montagne des joyaux. Il réunit 52 courts-métrages de 13 mn chacun imaginés à partir de contes folkloriques issus des quatre coins de cet immense pays pour en illustrer la diversité culturelle.
En voici quatre, remis dans leur contexte puisqu’ils commencent tous par une petite présentation du peuple et de l’origine géographique qu’ils illustrent. Le Rossignol est un conte traditionnel tatar sur le prix inestimable de la liberté, Histoires d’ours honore l’ours, le roi de la Taïga et son pouvoir décisif sur les autres animaux. Les deux autres sont plus universels. Zhiharka raconte comment une petite fille malicieuse et intrépide arrive à déjouer la ruse d’une renarde affamée. Enfin, notre préféré tant son dessin est beau, coloré et son ambiance gaie, La maison des biquettes, décrit comment un petit garçon un peu filou, pourchassé par des loups, trouve refuge dans une maison particulièrement alléchante…
Les techniques d’animations, toutes traditionnelles, varient suivant les histoires mais la qualité est constamment au rendez-vous. Courrez voir ce programme magnifique aussi amusant qu’instructif tant il permet une première approche fort intelligente de ce pays grand comme un continent. Une suite, issue de la même série et baptisée, L’ogre de la Taïga, sortira sur les écrans en février.
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