Les Tops 5 de Laurette Polmanss
Les choix de Laurette Polmanss
Laurette Polmanss n’a pas été des plus faciles à convaincre. Elle s’est faite désirée avant de se prendre au jeu. « C’était ludique » a-t-elle fini par admettre. Il était inutile de la brusquer mais son avis, ses goûts importaient beaucoup à Cine-Woman. Que l’auteure du si beau scénario de La belle saison de Catherine Corsini se prononce, nous dise ce qui l’inspire et ce à quoi elle aspire en tant que cinéaste, voilà qui nous emplissait de curiosité.
Laurette Polmanss est diplômée de la prestigieuse Femis, promotion 1999, section réalisation. Elle a réalisé quatre courts-métrages, tous repérés et certains primés. Ses films parlent des femmes. Le premier, Tout est trop grand (2000) a pour héroïne une petite fille de 8 ans quand les deux films suivants abordent la maternité, l’idée dans Une fille normale (2007) et l’expérience dans Anna (3 kg 2) (2002).
En prélude à ses choix, Laurette Polmanss a noté. « Bien évidemment, je me méfie du concept de « film de femme »! Un film est avant tout un film, et devoir chercher cinq films » de femmes » qu’on aime, c’est une étrange façon de réfléchir : ici, ce sont des films que j’aime tout court, indépendamment de savoir si ils ont été réalisés par des femmes. Mais leur choix a été rapide et facile, en réalité ». Les voici donc :
Mes 5 films de femmes préférés
1 – Le bonheur d’Agnès Varda
Un film aussi lumineux esthétiquement qu’il est sombre dans son propos, et dont le titre m’a toujours paru ironique.
Un homme y aime sa femme, précisément parce qu’elle est SA femme. Il en rencontre une deuxième, qui lui ressemble comme deux gouttes d’eau, aussi bien physiquement que de caractère (seule différence: le frisson de l’interdit, de l’adultère, qui crée l’illusion de la nouveauté). La première, bouleversée, se suicide. L’homme souffre (un peu, pas trop), puis la seconde prend la place de la première, et ils revivent tout à l’identique… Le bonheur, ici, c’est l’absence de changement et la perpétuation du même. Un conte cruel et vertigineux.
2 – Les petites marguerites de Véra Chytilova
Une pépite de la Nouvelle Vague tchécoslovaque.
Les petites marguerites font apparemment n’importe quoi, avec une liberté réjouissante, pendant tout le film : elles font tourner en bourrique les hommes qui ont la mauvaise idée de tomber amoureux d’elles, mettent le feu à leur cuisine, sèment la pagaille dans un banquet, et parfois, mangent du papier (car bien souvent, elles n’ont pas grand chose dans leur frigo). Un de mes films « de chevet », et il en serait de même s’il avait été réalisé par un homme.
3- Jeanne Dielman, 23, quai du commerce, 1080, Bruxelles de Chantal Ackerman
D’une telle évidence, dans une sélection de « films de femme », que ça frise la lapalissade…
Mais comment ne pas la citer, Jeanne Dielman? Radicale, dérangeante, éprouvante, indispensable.
4 – Papageno de Lotte Reiniger
Et tous ses films! Des merveilles de grâce et de poésie.
Papageno ne durant que dix minutes et étant par chance en accès libre sur youtube, je le regarde régulièrement, toujours avec le même plaisir. Parfait antidote à la morosité.
5 – Beau travail de Claire Denis
Il y a cette phrase un peu sexiste de Truffaut (et pourtant j’aime beaucoup Truffaut!), « Le cinéma c’est l’art de faire faire de jolies choses à de jolies femmes ».
Cinq prestations d’actrices inoubliables
1 – Tippi Hedren dans Les oiseaux d’Alfred Hitchcock
2 – Delphine Seyrig dans Baisers volés de François Truffaut
3- Bulle Ogier dans La Salamandre d’Alain Tanner
4- Françoise Lebrun dans La maman et la putain de Jean Eustache
5- Isabella Rossellini dans Two lovers de James Gray