Il y a deux ans, le remake de la série télévisée des années 1960 et 1970 par Nicolas Vanier avait réuni près de 3 millions de spectateurs. Ce deuxième épisode sobrement titré Belle et Sébastien, l’aventure continue, plus maitrisé fera-t-il mieux ?
En 1969, le réalisateur Nagisa Oshima poursuit son exploration des laissers pour compte de la société japonaise. Avec Le petit garçon, il filme, à hauteur d’enfant, un fait divers saisissant.
Avec Les merveilles, la réalisatrice italienne Alice Rohrwacher remporte le Grand prix du Festival de Cannes 2014. Et s’impose comme une des figures à suivre du cinéma italien naturaliste et féministe.
Snow Therapy de Ruben Östlund ausculte au scalpel comment un couple, une famille éclate. A cause d’un rien qui pourtant signifie beaucoup, l’essentiel même.
Chez les Bélier, on ne s’entend pas ! Et pourtant, personne ne parle… ou presque. A part Paula, la fille, tout le monde est sourd, mais ce n’est pas une raison pour ne pas communiquer. Et Paula est chargée d’échanger avec le monde extérieur.
Couper les ponts
Même si l’ambiance de la ferme où ils habitent est chaleureuse, enjouée, lourde aussi parfois, Paula a les préoccupations de son âge : le lycée, les garçons et sa nouvelle passion, le chant chorale.
Mais, comment faire comprendre à sa famille sourde qu’elle a une voix extraordinaire ? Et que si elle veut essayer de construire son avenir avec, c’est à Paris que cela se joue, c’est-à-dire loin des siens qui ont tant besoin d’elle ?
Peu de mots, beaucoup de notes
Avec un enjeu pareil, on pouvait s’attendre au pire et pourtant, c’est le meilleur qui surgit à l’écran. La Famille Bélier est un de ces très belles surprises qui va enjoliver la période des Fêtes. C’est avant tout une comédie très forte en émotions, où l’on passe sans cesse du rire aux larmes.
Ce film, qui mixte langue de signes et paroles, a, en plus, la chance d’être porté par de merveilleux acteurs, Karine Viard, François Damiens, qui ne disent pas un mot, Eric Elmosnino qui, lui, parle trop et la magnifique Louane Emera, à la voix sublime révélée par The Voice et au charme un peu bourru touchant. Et rythmé par des répliques efficaces comme « quand il n’y a plus aucun espoir, il reste Michel Sardou ». Joyeux !
D’Eric Lartigau, avec Karine Viard, François Damiens, Eric Elmosnino, Louane Emera…
Le film commence par une fuite. Une mère, manifestement angoissée, attend avec impatience que le père quitte le terrain vague où ils sont installés, dans une caravane. Dès que la voiture disparaît, elle court à perdre haleine avec ses trois fils pour prendre un train. Elle fuit, la peur au ventre.
Sans mère
A juste titre, car Paco, le père de deux de ses enfants va s’arroger des droits qu’il n’a pas. Et cela sans aucune discussion possible. La preuve : ses fils, il va les kidnapper et les faire vivre dans la clandestinité et dans la précarité pendant 11 ans. Onze longues années durant lesquelles ils ne seront jamais plus en contact avec leur mère, ni avec sa famille, ni même avec la société… Et cela au mépris des décisions de justice qui le condamnent.
Cédric Khan prend plaisir à filmer cette longue errance, cette vie sauvage comme il l’appelle. Paco, en rupture totale avec notre société de consommation, s’y connaît en arbres, en plantes, en survie à l’état sauvage. Il aime la promiscuité avec les animaux, partager avec eux son logis, sa nourriture, il a peu de besoin si ce n’est de refuser le monde tel qu’il est.
Un père tyran
Ses deux fils auront donc le même mode de vie que lui, et cela sans discussion possible : pas d’école, presque pas d’habits, peu d’objets personnels, pas d’amis non plus… mais, ils seront éduqués, par Paco lui-même : ils sauront lire, compter etc… Penser est un autre défi. Car, Paco déteste la contradiction. Dès que ses fils seront en âge de se rebeller, d’aspirer à une vie plus normale, d’être amoureux aussi, cet idéal de vie commencera à se fendiller.
On connaît la fin puisque ce film est adapté d’un fait divers de 2008, vécu par la famille Fortin. Le père sera dénoncé, les fils retrouveront furtivement leur mère, ils refuseront qu’elle porte plainte, le père sera très peu condamné, les fils continueront à le défendre. Ce qui reste un vrai scandale judiciaire.
Un point de vue contestable
Cédric Kahn refuse de prendre parti. Selon ses dires, il a lu les deux livres parus en même temps, celui écrit par la mère, et celui écrit par le père et ses fils. Fasciné par la cavale, il déclare avoir voulu adopter le point de vue des fils. Ce qui revient inévitablement, puisqu’ils n’ont pas revu leur mère pendant 10 ans, à prendre celui du père.
En les élevant dans la nature, sans lien avec la société, sans autre opposition que le vent qui souffle, la pluie qui tombe, le froid qui perce, ou le soleil qui tape, le père les a fait grandir sans jamais leur proposer une alternative à leur mode éducatif, sans contradiction possible. Il imposait, eux disposaient, n’avaient au final aucun moyen de s’opposer, de se défendre.
Scandaleux…
Ce père est un tyran, non pas parce qu’il est marginal mais parce qu’il impose son point de vue, avec agressivité comme le montre une des rares scènes de confrontation qu’il a avec son ex-femme devant un juge. Dès qu’elle conteste, dès qu’elle exprime une autre idée, ou tout simplement son ras-le-bol de la vie errante, il hurle, n’écoute jamais et impose sa loi.
Malgré les qualités qu’il peut avoir – l’énergie typique de la mise en scène de Cédric Kahn, la beauté avec laquelle il filme la nature, la puissante prestation de Mathieu Kassovitz, toujours très bon acteur -, ce film est une aberration. Il fait l’apologie d’un hors-la-loi, d’un tyran domestique qui a complètement embrigadé ses fils dans son idéal de vie à lui, au mépris de leurs goûts et de leurs personnalités.
et sectaire
Ses enfants sont dressés, imprégnés, n’ont aucun libre-arbitre comme ils l’auraient été s’iles avaient grandis dans une secte. Si cela avait été le cas, nul doute que Cédric Kahn n’aurait certainement pas fait un film sur eux, surtout pas en adoptant leur point de vue. Car, le seul qui vaille dans cette histoire est celui de la mère.
Sur le même fait divers, un film, La belle vie, est déjà sorti en avril. Et justement, s’il magnifiait lui aussi la vie sauvage, il traitait plus directement de la tyrannie du père, de sa manipulation, de sa folie et surtout de sa mise en échec par la jeune amoureuse de son second fils et par la poésie qu’il s’en dégageait. Un juste retour des choses…
De Cédric Kahn, avec Mathieu Kassovitz, Céline, Sallette, David Gastou, Sofiane Neveu….
Sur le papier, le film ne s’adresse pas aux enfants. Il a pourtant reçu le prix du jury jeune au Festival de Locarno. Et son ton est si frais, son histoire si tristement joyeuse qu’il peut incontestablement répondre à certaines angoisses ou questions qu’ils se posent inévitablement.
Déjouer la mort…
Claudia, 22 ans, vit seule à dans une grande ville mexicaine en tant que démonstratrice dans un supermarché. Victime d’une appendicite, elle se retrouve à l’hôpital, aux côtés de Martha.
Martha a 46 ans, quatre enfants à charge, une maladie grave et incurable mais une joie de vivre à toutes épreuves. Martha invite bientôt Carla à rejoindre sa folle maisonnée… et petit à petit, dans le chaos ambiant, Claudia va réussir à y trouver sa place.
…par la joie de vivre
Le film pourrait être le récit très triste d’une maman qui se sait condamnée et qui laisse derrière elle une tribu qui n’a pas fini de grandir. En fait, c’est une véritable ode à l’entraide, à la joie de vivre, à la révélation des talents et forces de chacun, le tout raconté avec un charme enjoué et inaltérable, sous la caméra délicate d’une jeune réalisatrice mexicaine. Claudia Sainte-Luce signe ici son premier film, multi-récompensé, inspiré de sa rencontre avec la vraie Martha.
Un feel-good movie qui aborde les problèmes les plus graves sans les enjoliver et selon le précepte suivant :« ce qui ne tue pas rend plus fort ». Une superbe leçon de vie.
De Claudia Sainte-Luce, avec Ximena, Ayala, Lisa Owen, Sonia Franco…
On avait laissé Mathieu Amalric réalisateur en pleine introspection sur son métier, charmé les formes voluptueuses et opulentes des danseuses New Burlesque qu’il a largement contribuées à remettre au goût du jour. Depuis, on le croisait régulièrement comme acteur. Le revoilà donc et pour la quatrième fois derrière une caméra.
Dans les griffes d’une prédatrice
Amalric a choisi d’adapter un roman de Georges Simenon et s’amuse des codes du polar, pas tant pour les détourner que pour les pousser dans leurs retranchements. L’argument est simple, une histoire d’adultère qui tourne mal, très mal. Lui est un concessionnaire de machines agricoles qui a a réussi, marié, père d’une petite fille.
Il est revenu depuis quelques années dans la région de son enfance et y retrouve Esther, une amie de lycée, mariée elle aussi et devenue la pharmacienne de la petite ville de province où tout ce beau monde habite. Dès qu’elle le revoit, Esther le veut. Elle l’aura. Au prix fort.
Bien monté
Ce qui est le plus réussi dans ce drame provincial qu’Amalric s’applique pour le coup à détourner en choisissant des lieux non pas emblématiques mais plus modernes, comme cette superbe maison où il habite, c’est le montage scrupuleux du film. Un montage original du récit tout d’abord où se mêle l’histoire de l’adultère, l’enquête policière puis le jugement et cela sans temps mort.
Mais surtout, Amalric a utilisé une astuce qui dynamise le récit : les dialogues sont légèrement décalés et amorcent ce que l’on voit à l’écran, l’oral devançant de quelques secondes la preuve apportée par l’image. Ce qui parvient en même temps à renforcer le suspense et impulse un rythme particulier au film.
Manque de passion
Jamais Amalric réalisateur, n’avait jamais tant fait la preuve de son talent. Pour la première fois, il ne base pas du tout son film sur une seule idée maligne (la révélation du New Burlesque par exemple) mais multiplie les qualités pour se parer de tous les atouts : la musique est envoûtante, la prise de vue intéressante et le jeu des acteurs à l’unisson, sauf et surtout au début, Stéphanie Cléau, sa partenaire à la ville et au scénario. Mais, c’est surtout la structure narrative et son montage décalé qui donne tout ce sel à cette Femme d’à côté, sans toutefois la passion dévorante du film de Truffaut.
De et avec Mathieu Amalric, Léa Drucker, Laurent Poitrenaux, Stéphanie Cléau…
Le papillon, le film précédent du réalisateur Philippe Muyl, a eu tellement de succès en Chine qu’un producteur français installé là-bas lui a proposé d’en imaginer un remake chinois. Muyl a préféré imaginer un autre récit, plus ancré dans la culture locale et co-écrit avec une actrice chinoise.
Deux facettes
Le promeneur d’oiseau qui est avant tout une magnifique promenade entre Chine urbaine et traditionnelle, s’ancre complètement dans la réalité actuelle. Renxing, 10 ans, est l’enfant unique et donc archi-gâtée d’un couple happé par sa réussite sociale et professionnelle. Elle habite à Pékin et ne voit jamais son grand-père, Zhigen.
Au hasard d’agendas professionnels surchargés, Renxing se retrouve à la charge de son grand-père. Ensemble, ils partent pour le village natal de Zhigen qui s’est enfin décidé à tenir la promesse qu’il a faite à sa femme, morte il y a plusieurs années.
Racines
Le film raconte le contexte mais aussi le long périple qui va permettre à la petite fille de découvrir son grand-père, ses racines et une autre culture que celle de la ville tentaculaire qu’est devenue Pékin, de sa solitude et de ses nouvelles technologies. La découverte de la campagne chinoise profonde est vraiment merveilleuse, plus intéressante que l’histoire familiale dopée à l’extrême de bons sentiments inutiles.
De Philippe Muyl, avec Li Bao Tian, Yang Xin Yi, Li Xiao Ran, Qin Hao
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