Love me tender
Love me tender est une adaptation épurée mais fort bien tenue d’une autofiction de Constance Debré, menée par la réalisatrice Anna Cazenave Cambet. En sélection officielle à Un Certain Regard 2025.
Le prix de la liberté
Pendant vingt ans, Clémence a eu un mari, un enfant, un métier d’avocate, un appartement et un mode de vie bourgeois. Puis, elle s’est délestée de tout – sauf de son fils Paul – pour vivre son homosexualité et de sa plume. Quand Laurent, son époux, comprend qu’elle veut divorcer et qu’elle lui préfère les femmes, il se sert de Paul pour l’entraver dans sa nouvelle vie. Et la justice comme les institutions lui donnent raison, à lui.

Anna Cazenave Cambet filme avec sobriété le parcours de cette femme qui cherche à être heureuse et libre mais que son entourage et la société renvoient constamment à ses choix de vie. Elle est pourtant bien née Clémence, armée pour se défendre puisqu’elle était avocate et très aimante avec son fils. Sa colère reste contenue, même quand il y aurait de quoi sortir de ses gonds. Elle finit par prendre cette épreuve comme un chemin de vie, le sien. Elle parle aussi bien de ses désirs fugaces, de ses relations qu’elle tente de construire avec ses amantes, avec son père, avec son fils et du mur auquel elle fait face. Ce qui fait qu’à la fin, on aimerait la retrouver vingt ans plus tard, pour connaître la suite…
Choisir et subir
Anna Cazenave Cambet traite d’un sujet plutôt inédit et révoltant, cette liberté de choix de vie qu’on accorde encore si mal aux femmes, aux mères. Et peut-être encore plus dans un milieu très bourgeois. Pour cela, elle s’est largement inspirée de la vie de Constance Debré et de sa deuxième autofiction qui porte le même titre que le film, Love me tender.

La réalisatrice adoucit les contours de la plume au vitriol de Constance Debré. Elle gomme au passage la violence, non pas des situations, mais des propos de la romancière pour qui l’amour, même maternel, est aussi doux qu’il est féroce et donc emprunt de rapports de domination auxquelles elle n’échappe pas, même dans ses relations amoureuses.
Grâce à ses interprètes – Vicky Krieps parfaite et Antoine Reinhardt ou Monia Chokri moins présents -, Anna Cazenave Cambet – qui avait signé De l’Or pour les chiens, sélectionné à la Semaine de la Critique en 2021 – n’en adoucit que la forme. Ce qui rend le film – moins coup de poing que le livre – plus acceptable et résolument dans l’air du temps.
D’Anna Cazenave Cambet
Avec Vicky Krieps, Antoine Reinhardt, Monia Chokri…
France – 2025 – 2h10 environ
Love me tender d’Anna Cazenave Cambet a été retenu en sélection officielle du 78e Festival de Cannes 2025 – section Un Certain Regard. Sa date de sortie n’est pas encore connue.