Dîtes-lui que je l’aime
En entendant Clémentine Autain parler de sa mère décédée jeune, Romane Bohringer trouve un écho à sa propre histoire. Elle l’affronte dans un film hybride. Dîtes-lui que je l’aime était en sélection officielle hors compétition au 78e Festival de Cannes.
En mal de mère
Guérit-on d’avoir eu une mère trop fragile, défaillante, absente ? Jamais semblent répondre dans un même chœur la femme politique Clémentine Autain et l’actrice réalisatrice Romane Bohringer.

De leurs histoires aux forts points communs, Romane a fait un film, en s’appuyant en partie sur le livre que Clémentine a adressé à sa mère, l’actrice Dominique Laffin : Dîtes-lui que je l’aime, qui donne aussi son titre au film. Il débute par leurs points communs. L’une comme l’autre ont donc eu une mère défaillante, dépendante l’une à l’alcool, l’autre à l’héroïne et chacune dotée d’une forte envie de liberté.
Une enfance entachée
Dominique Laffin était une actrice en vue, qui a interprété une vingtaine de rôles – dont un dans le film Dîtes-lui que je l’aime de Claude Miller – avant de mourir à 33 ans. Romane Bohringer ne revient ni sur son enfance, ni sur sa carrière. En revanche, elle s’attarde sur les souvenirs traumatisants que Clémentine Autain a gardé de son enfance : des réveils nocturnes où elle est seule à la maison, des vacances gâchées par les débordements alcooliques de sa mère… Et ce sentiment qu’elle ne vivra jamais cette relation mère-fille qu’elle envie tant aux autres.

Pour les traiter, Romane Bohringer imagine un dispositif où elle envisage de faire jouer Clémentine Autain par des actrices. Mais les castings s’avèrent moins convaincants que la réalité. La femme politique entreprend donc la lecture de passages de son livre qui seront, eux reconstitués en image par une actrice : Eva Yelmani, qui interprétera à la fois les deux mères disparues : Dominique Laffin et Marguerite Bourry.
Sur les traces de Marguerite Bourry
Concernant sa propre histoire, Romane Bohringer imagine deux autres dispositifs. Celui de se filmer et de donner à son fils un rôle de détective fictif qui donne une certaine légèreté au propos – une gêne aussi- mais qui n’a pas grand intérêt. Au regard du sujet, il aurait fallu que ce soit sa fille qui soit l’interprète dans cette idée de transmission de mère en fille.

Le film prend véritablement sa force quand en fouillant dans les rares archives que lui a laissé sa mère, Marguerite Bourry, Romane reconstitue son histoire effroyable. Mais ce n’est qu’un temps du film, malheureusement noyé dans les apparitions foutraques de trop de dispositifs mis en place.

La simplicité de la mise en scène aurait aidé le film à gagner en force. Il se disperse déjà dans cette double histoire – ce qui était intéressant- et dans des gimmicks soi-disant rigolos qui ne font que perturber le message. Dans une veine proche, Little girl blue de Mona Achache s’appuyait sur un dispositif simple mais tellement puissant qu’il exprimait bien mieux cette nécessité d’assimiler cette transmission maternelle tellement néfaste pour mieux la rompre. En revanche, les séances de psy avec Josiane Stoleru sont savoureuses.
De et avec Romane Bohringer et Clémentine Autain, Eva Yelmani, Josiane Stoleru…
2025 – France – 1h32
Dîtes-lui que je l’aime de Romane Bohringer était présenté hors compétition dans la sélection officielle du 78e Festival de Cannes. Sa sortie en France est prévue le 10 décembre 2025.