Barbara, mémoires interrompus

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Barbara fut si secrète qu’on ne la connaît qu’à travers ses chansons. La compagnie Les Affinités électives a eu la belle idée d’adapter au théâtre ses mémoires inachevés, Il était un piano noir…

Barbara avant Barbara

S’il y a une longue dame brune au Studio Hébertot, elle n’est pas habillée d’une robe noire. Non, celle qui apparaît et tient seule la scène pendant plus d’une heure, porte une chemise blanche, parfois même une veste orange. Normal, puisqu’au moment où elle lui donne vie, Barbara n’est encore que la jeune Monique Serf, celle qui se débat avec une enfance pas facile, un père incestueux, une mère flottante, une adolescence tumultueuse mais un projet affirmé : chanter.

Barbara, mémoires interrompus - Cine-Woman
Catherine Pietri, interprète idéale de Barbara                                                    ©FabienneRappeneau

La route qu’elle va emprunter pour y parvenir est sinueuse, semée d’embûches et d’anges tombés du ciel. Quand elle se raconte, Barbara est au crépuscule de sa vie et fait preuve tour à tour d’un recul, d’un humour et d’une émotion jamais feints. De quelques obsessions inattendues aussi. C’est ainsi qu’a voulu la faire connaître Catherine Pietri qui l’interprète. C’est elle qui s’est chargée de l’adaptation et a pioché dans ses souvenirs les séquences et anecdotes qui en disent le plus, qui parlent le mieux d’une femme finalement devenue pianiste, chanteuse, raconteuse avec un univers affirmé : le sien.

Barbara par fragments

Catherine Pietri ne chante pas, mais la musique de certaines des chansons les plus connues prend part d’une façon délicate au récit. Elle lui a en revanche très justement emprunté son phrasé précipité, saccadé et sa présence altière qui rendait Barbara aussi familière qu’inaccessible.

Barbara, mémoires interrompus - Cine-Woman
Catherine Pietri campe une Barbara plus vraie que nature                            ©FabienneRappeneau

Sa singularité était évidemment sa force, et Catherine Pietri nous offre des clés pour en comprendre certains rouages. Elle en compose un portrait joyeux bien que peu épargné par la douleur, une personnalité volontaire que les vents contraires ont aussi construite et qu’on prend plaisir à découvrir de manière inédite… quand elle veut bien se laisser aller à se raconter. C’est original, bienvenu et émouvant.

Barbara, mémoires interrompus, d’après Il était un piano noir de Barbara
Avec Catherine Pietri, mise en scène par Frédéric Constant.

Au Studio Hébertot, les samedis à 16h30 et les lundis à 21h.
Du 9 novembre 2024 au 20 janvier 2025.

©Fabienne Rappeneau
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