L’aventura
Sur un vieux tube de Stone et Charden, Sophie Letourneur poursuit son exploration des vacances en Italie, en famille cette fois. Répétitif, scato et pas drôle, le film ouvre l’ACID le 14 mai.
Vivement l’Eclipse !
Il y a deux ans, Sophie Letourneur, à la fois actrice principale et réalisatrice, et Philippe Katerine, partaient en couple en vacances dans Voyages en Italie. Il formait un couple lunaire, sympathique et amusant – pas très aventureux mais amoureux. Les mêmes, quelques années plus tard, emmènent leurs enfants en Sardaigne. Cette fois, il n’y a plus le charme de la découverte mais bien celui d’un ennui mortel à suivre une famille de bobo-beaufs français au pays de la pizza et du tiramisu (en Sardaigne on rappelle) !
Un peu comme on s’est lassé des spectacles humoristiques de Florence Foresti au fur et à mesure que sa fille – devenue sa principale source d’inspiration – grandissait, ces tribulations de Français en Italie n’ont plus grand intérêt. Leur fils est pénible et coincé, comme le film, au stade anal. La mère est débordée et constipée ; le père -pourtant le plus drôle habituellement – absent. Seule, la fille (jouée par Bérénice Vincent) trouve un attrait – et c’est la seule originalité du film – en vivant et racontant, en même temps, ses vacances. Mais au bout de dix minutes, même cet effet-là est énervant et fleure la mauvaise bonne idée.
En attendant le divorce
La routine a tué leur couple qui se parle à peine – et se séparera sans doute dans le prochain opus. En attendant, ils peinent à se supporter en visitant la Sardaigne – enfin ce qu’elle en filme, c’est -à-dire leur chambre d’hôtel, quelques pales et la table des restaurants où ils mangent -. Et pourtant, ce seront leurs meilleurs souvenirs de vacances, à la hauteur de ceux que Sophie Letourneur garde des siennes, lorsqu’elle était enfant. Mais à force de ne vouloir montrer que les moments les plus banals, où il ne se passe pas grand chose, on s’enlise dans le caca du petit, la fatigue de la mère, l’énervement de la grande sœur et l’ailleurs du père.
La banalité du bien
Le miroir est-il trop fidèle pour qu’on lui accorde le moindre intérêt ? C’est ce que Sophie Letourneur prétend. Ce n’est qu’en partie vrai, le cinéma ne fonctionnant pas uniquement sur l’identification, mais aussi sur l’envie d’y apprendre ou d’y comprendre des choses de la vie.
Et puisque L’Aventura est le 3ème volet d’un triptyque qu’elle consacre à « faire famille », on ne peut que regretter qu’après l’excellent Énorme sur la grossesse qui, pour le coup, n’enfonçait pas de portes ouvertes, et au contraire, renouvelait complètement le discours sur le sujet, les suites soient de moins en moins convaincantes.
Si filmer la banalité d’une famille en vacances ne dit rien d’autre que notre incapacité à nous réinventer, on le savait déjà.
De Sophie Letourneur avec Philippe Katerine, Sophie Letourneur, Bérénice Vernet, Esteban Melero…
2025- France – 1h40
L’Aventura de Sophie Letourneur sera présenté le 14 mai 2025 en ouverture de l’Acid Cannes. Sa sortie nationale est prévue le 2 juillet 2025.
