Yves Saint Laurent

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L’ombre du génie

Impossible de passer à côté du premier biopic sur Yves Saint Laurent, couturier inspiré. Et pourquoi le faudrait-il d’ailleurs ?

Le premier des deux

Deux films sur Saint Laurent étaient en préparation en même temps. L’un, officiel, conforme à la volonté de Pierre Bergé, compagnon de vie et de business de YSL, est signé du comédien Jalil Lespert et brillamment interprété par Pierre Niney et Guillaume Gallienne.

Pierre Niney est Yves Saint Laurent, ici tout jeune

L’autre, moins autorisé, intitulé Saint Laurent est réalisé par Bertrand Bonello ; il est annoncé pour le Festival de Cannes 2014 mais ne sera en salle que le 24 septembre 2014. Avec Gaspard Ulliel dans le rôle titre. Encore, une bataille larvée comme celle de La guerre des boutons, en 2011 ou celle concernant une autre icône de la mode française, Coco Chanel en 2009.

Devoir de mémoire

« YSL » poursuit, à la manière souhaitée par Pierre Bergé, le « culte » de la mémoire du couturier. Il y avait déjà leur Fondation, l’hommage à l’Opéra Bastille, l’exposition des plus belles robes au Petit Palais en 2010. Il y aura ce film.

Charlotte le Bon est Victoire, la première muse d'YSL

Le réalisateur, Jalil Lespert, l’assume immédiatement. Le film commence par la dissolution de l’héritage par Pierre Bergé, la mise en vente aux enchères de leur passion commune, des œuvres d’art qui ont décoré leur foyer. Par un flash-back, débute alors l’histoire de ce créateur de mode de grand talent, né et grandi en Algérie, à Oran, où on le cueille juste avant son départ pour Paris. Yves est un enfant de bonne famille, dont la mère très coquette, très raffinée aurait façonné son goût pour l’élégance.

La rencontre d’une vie

Garçon timide et dégingandé, un peu maladroit, Yves Saint Laurent n’est heureux qu’en dessinant des robes. A Paris, il devient très jeune l’assistant de Dior et le remplace à sa mort en 1957. C’est à cette époque qu’il rencontre Pierre Bergé qui en tombe amoureux et à qui il devra son salut financier et commercial par la suite (grâce à une astuce, Bergé réunira de l’argent pour créer sa maison de couture).  

Charlotte Le Bon, Pierre Niney et Guillaume Gallienne

La suite est plus connue… et leur vie commune, maintes fois racontée par Pierre Bergé, peut se résumer en une collaboration professionnelle très fructueuse, une vie commune riche et passionnante mais pas toujours idyllique, – YSL étant diagnostiqué maniaco-dépressif, puis dépendant aux drogues et amoureux volage-.

L’ultime acte d’amour de Bergé

Si l’on comprend dès le départ que le film est celui voulu par Bergé, on en accepte évidemment les limites. Non pas qu’il cache la face sombre de son talentueux compagnon, mais il a tendance à se donner le beau rôle, celui d’un compagnon entièrement dévoué à la cause et au talent de son amant, indispensable faire-valoir de ce génie qu’il a révélé.

Pierre Niney en YSL, 20 ans plus tard

Pourtant, le film vaut aussi mieux que cela. Non seulement l’interprétation des acteurs est exceptionnelle, mais on apprend avec intérêt comment YSL trouvait l’inspiration, conquis par la belle Victoire (jouée par Charlotte le Bon), future épouse de Roger Thérond, l’œil de Paris Match. Leur relation de muse influente à créateur amoureux est très savamment décrite, bien qu’elle ait suscité la jalousie la plus aigüe de Pierre Bergé.  Dommage qu’elle disparaisse un peu sèchement,  et celles qui lui ont succédé ( Loulou de la Falaise, Betty Catroux) sont traitées avec beaucoup plus de légèreté.

La France éternelle des années 1950

Enfin, la reconstitution de la vie créative dans la France des années 1950, avec  Bernard Buffet, le jeune intrigant Karl Lagerfeld ou d’autres, est très bien décrite et finalement rarement traitée au cinéma, alors que la France continue à rayonner dans le monde sur cet acquis.

De Jalil Lespert, avec Pierre Niney, Guillaume Gallienne, Charlotte le Bon, Laura Smet, Marie de Villepin…

2014 – France – 1h40

Le plus : Ce sont les robes originales détenues par la Fondation Pierre Bergé – Yves Saint Laurent qui ont été prêtées et utilisées pour les défilés du film. Il était impossible d’en fabriquer des copies car certains tissus n’existent plus aujourd’hui. Les robes ne pouvaient être portées que 2h d’affilée à cause des problèmes liés au frottement ou à la transpiration.

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