Terre de roses
Elles manient leurs armes avec précision et doigté. Elles, ce sont ces combattantes du Kurdistan qui partent en guerre contre Daech. Terre de roses raconte leur combat de l’intérieur.
Les guerrières du Kurdistan
Quand elle était enfant, la réalisatrice Zayne Akyol avait pour baby-sitter une jeune kurde qui l’a laissée pour s’engager au PKK. Ce parti des travailleurs kurdes était à l’origine un mouvement de guérilla marxiste-léniniste.
Depuis 2005, il revendique plutôt l’auto-gérance du peuple apatride le plus nombreux au monde : 36 millions répartis entre la Turquie, l’Iran, l’Irak et la Syrie. Le PKK est considéré comme terroriste par la Turquie mais aussi par les Etats-Unis, le Canada et l’Union Européenne.
Terre de roses, la patrie des kurdes
La cinéaste, d’origine kurde elle aussi, a été profondément marqué par cet engagement. Suffisamment pour décider de consacrer à Gulistan et à ses camarades guerilleras son premier long métrage. A seulement 23 ans. Pour le faire, elle a négocié avec le PKK de suivre leur groupe de combattantes au quotidien dans les montagnes et le désert où elles s’entraînent.
Terre de Roses suit donc au jour le jour un bataillon de soldates qui ont rompu avec leur famille et leur vie d’avant pour s’engager pour la cause. Celle des kurdes mais aussi des femmes de la région. Féministes, militantes, elles dénoncent les inégalités et les discriminations. Elles représentent 40% de l’effectif de cette armée en quête de démocratie et d’auto-gestion.
Terre de roses, la guerre contre Daech
Elles s’opposent à Daech avec leurs armes, dans les tranchées. Et préfèrent mourir que de devenir leurs prisonnières. L’une d’elle raconte que « 40 guerilleras kurdes ont préféré sauter d’une falaise que d’être séquestres par Daech ».
Pour lutter, elles s’entraînent tous les jours, font du sport, montent et démontent leurs mitraillettes. Elles apprennent la patience et l’observation des ennemis depuis leurs tranchées, guettant le moindre mouvement. Entre temps, elles s’amusent entre elles, partagent leurs repas et se réunissent parfois avec les divisions masculines avec lesquelles elles peuvent mener l’affront.
Un témoignage précieux
On ne verra pas vraiment de scènes de combat dans ce documentaire fort. Seulement celles d’une guerre de position, d’observation où il faut apprendre à détecter les moindres signes de l’ennemi.
Terre de Roses est aussi un reportage confidence de ces combattantes, de leur engagement et parfois même leur testament. Un objet douloureux mais nécessaire qui porte un nom poétique. Il est à la fois la traduction de Gulistan, le prénom de la baby-sitter, et de la région du Kurdistan où cette armée s’entraîne.
Un combat au long cours
Plongée dans l’intime de ce bataillon de femmes féministe, ce film ne prend toutefois pas assez la peine de décrypter l’idéal pour lequel elles se battent, ni l’idéologie qui les guide. Film hommage à ses femmes fortes, ce document rare perd de sa force par manque d’explications. Il ne prend pas non plus de recul historique, auprès d’autres combattantes.
Peut-être faut-il attendre le second volet. Zayne Akyol est repartie avec sa caméra sur ce terrain miné pour filmer la reprise de Raqqa, l’ex fief de Daech.
Documentaire de Zayne Akyol, avec Rojen Béritan, décédée depuis en Syrie, et Sozdar Cudi qui continue à combattre pour cet idéal démocratique en créant une université à Makhmour.
2016 – Canada/ Allemagne – 1h26
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Terre de Roses a été primé aux festivals de Valladolid (Espagne), de Milan (Italie) et de Locarno