Sirât
Sirât d’Oliver Laxe est un film de sensation et de fin du monde. Puissant et dérisoire. Prix du jury ex-æquo au 78e Festival de Cannes.
Voyage au bout de l’enfer
Le sirât serait le pont entre le paradis et l’enfer, mais aussi le chemin physique et spirituel qui te pousse à mourir. Le cadre est posé.

Pour certains, le paradis, ce sont les raves, ces grands rassemblements technos en pleine nature où la musique et quelques substances mènent à la transe. Luis (Sergi Lopez) s’y retrouve avec son fils cadet, Esteban, à la recherche de sa fille Mar dont il est sans nouvelles depuis cinq mois. Quand l’armée vient déloger les fêtards, il suit un groupe de franco-espagnols déjà partis vers un nouvel Eden, une nouvelle rave cachée quelque part dans le désert marocain.
Luis n’a ni les codes, ni le véhicule qui convient. Il finit par s’intégrer au groupe et à poursuivre la route. Mais cet éden recherché n’est qu’une illusion et sa quête va devenir un enfer.
Road-movie vers la fin d’un monde
Sirât est un film de sensation qui se vit d’abord au rythme de la musique techno, puis de la puissance des paysages désertiques marocains et enfin des expériences radicales que subit le groupe.

Photographe conquis par la puissance des images, Oliver Laxe filme les paysages avec un sens du cadre et de l’esthétique formidables. Dès les premiers plans du film, ceux de l’installation des enceintes pour la rave party dans les falaises cuivrées de l’atlas marocain, on est fasciné par la puissance des lieux choisis : très verticaux au départ, vertigineux ensuite puis complètement plats et blancs – comme un lac salé- ensuite.
Expérience sensorielle
Mais, cette recherche esthétique se fait parfois au détriment de l’argument vain de son histoire. Certes, il y est question de vie et surtout de mort. Mais, on ne saura jamais rien du passé de ses personnages, ni du père, ni des ravers. Puisque le principal propos du réalisateur est de partager une expérience sensorielle puissante, rythmée par les beats de la musique techno puis par les conditions extrêmes de la route.

Moins taiseux que le remarquable Viendra le feu, son troisième long métrage, prix du jury à Un Certain Regard en 2019, Sirât reste une expérience rare car extrême de cinéma, et la confirmation qu’il faudra désormais compter avec le charismatique Oliver Laxe et son cinéma contemporain, radical, sensoriel.
A noter : le fait d’avoir vu le film interrompu par la panne d’électricité géante à Cannes, qui est, de plus, intervenue en plein milieu d’un moment chargé d’émotions a sans doute réduit l’impact sensoriel du film.
D’Olivier Laxe avec Sergi Lopez, Bruno Nuñez, Stefania Gadda, Joshua Liam Henderson, Tonin Javier…
2025 – Espagne/France – 1h55
Sirât d’Oliver Laxe était en compétition officielle au 78e Festival de Cannes. Il a reçu le prix du jury ex-æquo. Sa sortie en salle est prévue pour le 3 septembre 2025.