Nino
La veille de ses 29 ans, Nino apprend qu’il est gravement malade et il n’a que 3 jours pour sortir du déni. Un premier film de Pauline Loquès doux sur la prise de conscience mais qui manque de corps pour rester inoubliable.
Trois jours et la vie
Nino, le premier film de Pauline Loquès, raconte une errance, celle des trois jours que traverse Nino, entre l’annonce de son cancer et le lancement de son traitement. Et c’est peu dire qu’ils sont intenses !
J – 3
Décidément la veille de ses 29 ans, ce n’est vraiment pas son jour à Nino. Non seulement il apprend sans vraiment le comprendre que ses problèmes de gorge sont beaucoup plus graves que prévus, lui qui a déjà beaucoup de mal à s’exprimer. Mais il perd ses clés, son concierge est absent le condamnant à une errance de trois jours.
D’ici le début de sa prise en charge médicale, il a à accomplir deux missions de la première importance : récupérer son sperme pour le congeler car le traitement peut le rendre stérile et trouver quelqu’un pour l’accompagner à l’hôpital le lundi suivant (dans 3 jours donc). Mais comment se concentrer pour récolter sa semence quand sa vie est en danger, qu’on a la tête ailleurs, à la fois à la fête et à sa survie ?

Comme c’est aussi son anniversaire, il va voir sa mère, ses potes, une ex…. Mais c’est une vieille copine de collège qui saura l’écouter, être la plus attentive à ce maelström de problèmes auxquels il doit faire face, lui qui ne sait pas vu grandir.
Un jeune homme empêché
Ce premier film de Pauline Loquès a incontestablement un ton, un objectif aussi. Il s’agit de raconter l’empêchement d’un homme jeune au moment où il est propulsé dans le monde adulte. Brutalement interdit d’insouciance, Nino doit, en accéléré, se trouver des alliés, des appuis pour faire face à la montagne de problèmes qui lui tombe sur le nez, alors qu’il se semble pas armé pour y faire face. A vrai dire, et même si l’enchaînement des obstacles passe plutôt bien à l’écran, on saisit mal son attitude récurrente de ne jamais réussir à imposer ce qu’il a à dire, à demander. L’urgence est telle qu’on imagine qu’à un moment il saura dépasser ses freins pour y parvenir. Mais non !

De ce personnage en retrait de lui-même, le comédien québécois Théodore Pellerin tire le meilleur. Dans sa confrontation avec sa mère par exemple ou dans la scène d’ouverture – un vrai dialogue de sourd- avec le médecin qui le reçoit. Il a d’ailleurs été récompensé du Prix Fondation Roederer de la Révélation, décerné par le jury de la 64e Semaine de la critique.
Mais d’autres scènes sont plus faibles : celle avec son ex dont la réalisatrice ne tire rien. Quant à celles de la fête et du babyphone, qui sont toutes deux d’excellentes idées et deux temps forts, elles auraient méritées d’être menées à leur terme, à rester moins suspendues. Par exemple, en permettant à Nino d’évoluer plus qu’il ne le fait, en devenant peut-être autre chose qu’un malade docile, pudique et finalement rassuré par l’affection de son entourage.
Malgré ces défauts, Pauline Loquès signe un film très délicat, pudique et prouve qu’elle prend bien sa place parmi les débutantes révélées dans ce 78e Festival de Cannes.
De Pauline Loquès avec Théodore Pellerin, William Lebghil, Salomé Dewaels, Jeanne Balibar..
2025 – France – 1h37
Nino de Pauline Loquès a été présenté à la 64e Semaine de la Critique. Son interprète, le québécois Théodore Pellerin, a reçu le Prix Fondation Roederer de la révélation. La sortie en salle du film est annoncé au 17 septembre 2025.