Des preuves d’amour

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Un couple lesbien attend un enfant. Rien n’est simple. Des preuves d’amour est un premier film sincère d’Alice Douard, présenté à la Semaine de la Critique, le 17 mai, journée mondiale contre l’homophobie. 

Etre mère sans enfanter

Céline et Nadia s’aiment et se sont mariées dès qu’elles ont pu. Elles attendent un enfant. Mais pour que Céline, qui ne le porte pas, soit considéré comme sa mère, elle doit l’adopter après sa naissance. Un avocat pourrait aider à garantir la procédure qui est lourde. Pour y parvenir, les deux femmes doivent obtenir une quinzaine de lettres de témoignages qui prouveront que Céline s’occupe bien du bébé. Pour constituer le dossier, elles font le tour de leurs proches en commençant par la mère de Céline,  la redoutable pianiste Marguerite Orgen.

Des preuves d'amour d'Alice Douard - Cine-Woman
Nadia (Monia Chokri) et Céline (Ella Rumpf)

Le film d’Alice Douard inspire, de toute évidence,  de son expérience personnelle. Il n’évite pas totalement l’écueil de la tournée des amis et de la famille avec son lot de situations embarrassantes donc parfois drôles. Mais, il s’en sort plutôt bien en ce sens que chaque rencontre donne lieu ou à peu près à une avancée dans ce long chemin vers l’adoption de sa propre fille et vers la peur de devenir parent. Les discours décourageants succèdent aux clichés sur l’accomplissement personnel d’avoir des enfants,  ou à l’inévitable pamphlet homophobe, volontaire ou non, mais toujours blessant. 

La peur de devenir parent

A cela s’ajoute la mère de Céline, impressionnante, peu disponible et qui n’a pas brillé dans sa relation affective avec sa propre fille. Elle a choisi sa carrière au détriment de son enfance (est-ce toujours aussi manichéen?). Le dossier reste épineux. Suffisamment pour que Céline prenne conscience de leur peur, à elle et à Nadia,  à devenir parents, peur qu’il va falloir dompter pour accueillir cet enfant. 

Des preuves d'amour d'Alice Douard - Cine-Woman
Céline (Ella Rumpf)

La sincérité du propos donne tout son sel à ce film qui n’esquive aucun sujet, aucune étape même médicale de cette fin de gestation, ni même les premières minutes de la vie d’un nouveau-né et des soins affectueux et médicaux qui vont avec. C’est plus rare qu’on le croit – souvent c’est l’accouchement qui prime, ici plutôt les à-cotés ( les monitorings, les cours de préparation à l’accouchement, le soin du cordon ombilical etc.) -. Ce qui renforce cette impression de vécu par la réalisatrice.

Le duo d’actrices – Ella Rumpf et Monia Chokri – profite de cette sincérité pour naviguer à merveille dans cette histoire de couple confronté à une des plus grandes épreuves qu’il aura à subir. Il est bien épaulé par des actrices puissantes de la génération précédente : Noémie Lvovsky et Anne Le Ny. L’expérience est agréable à regarder, confortable même si plus de conflits auraient donner plus d’émotions et donc de puissance au film. 

D’Alice Douard, avec Ella Rumpf, Monia Chokri, Noémie Lvovsky, Anne Le Ny…
2025 – France – 1h37

Des preuves d’amour d’Alice Douard était présenté à la Semaine de la Critique, en séance spéciale. Il concourt à la Caméra d’Or. Sa date de sortie française n’est pas encore connue.

 

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