Six mesures en faveur de la parité femmes-hommes

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Françoise Nyssen, la ministre de la Culture, a tranché et annoncé six mesures en faveur de la parité femmes-hommes dans le cinéma français. Mais aussi l’ouverture en 2019 de chantiers divers pour en améliorer la diversité.

« Agir pour passer de l’indignation à la révolution»

L’attente flirtait avec l’impatience. Mais, les six mesures et les futurs chantiers annoncés en conclusion des Assises sur la parité, de l’égalité et la diversité dans le cinéma, qui se sont tenues au CNC du 18 au 20 septembre 2018, marquent une avancée notoire. Et c’est Françoise Nyssen, la ministre de la culture, tutelle du CNC, qui est venue les annoncer en personne.

Il fallait « ne pas laisser retomber la vague qui s’est levée l’an dernier. Ne pas laisser revenir le calme, après la tempête, comme si de rien n’était. Comme si Weinstein n’avait jamais existé. Comme s’il n’y avait que lui. Comme si l’égalité des droits sur le papier signifiait l’égalité des chances dans la réalité… ». Ainsi Françoise Nyssen a-t-elle commencé son discours.

six mesures en faveur de la parité femmes-hommes dans le cinéma français- Cine-Woman
Françoise Nyssen, Ministre de la Culture

Pour éviter l’éventuel retour de bâton ou encore l’immobilisme, la Ministre a choisi de passé à l’action. « Agir pour convertir le choc des consciences en choc des comportements. Agir pour passer de l’indignation à la révolution. Prendre des engagements et les tenir », a-t-elle ajouté.

Des Assises et des avancées en faveur de la parité femmes-hommes

L’idée de ces Assises, organisées avec le Collectif 50/50 pour 2020 qui a absorbé l’association Le Deuxième Regard, a germé au Festival de Cannes 2018. Ce Collectif avait alors réuni avec succès des intervenantes du monde entier à parler parité femmes-hommes dans le cinéma. Il avait aussi obtenu que les responsables des choix artistiques de la Sélection Officielle, de la Quinzaine des Réalisateurs et de la Semaine de la Critique, respectivement Thierry Frémaux, Paolo Moretti et Charles Tesson, s’engagent par la signature d’une Charte à rendre public et paritaire leur comité de sélection et leur jury. Depuis, les festivals d’Annecy, Locarno, Toronto, Venise… l’ont signé.

Les six premières mesures 

Mais, il fallait faire plus. Beaucoup plus. L’annonce de ces six premières mesures en faveur de la parité femmes-hommes par la Ministre de la Culture sont un premier grand pas en avant. Quelles sont-elles ?

1) La plus importante est la création d’un bonus de 15% des aides accordées par le CNC aux films qui intègreront autant de femmes que d’hommes dans les postes d’encadrement (réalisation, scénario, chef de poste technique…) de leur équipe de tournage. Un barème de 8 points est mis en place pour le mesurer. Le bonus sera ouvert en 2019 à partir de 4 points. « Aujourd’hui, moins d’un film sur 6 serait éligible, ajoute-t-elle. Ce chiffre nous oblige ».

Ce système disparaitra une fois la parité installée.,. Mais c’est déjà celle qui fait l’objet de plus de moqueries sur les réseaux sociaux. Ce système de « soft quotas », déjà expérimentés ailleurs en Belgique et en Espagne notamment, est une grande première en France. Il entérine un changement radical des mentalités en imposant le mot et le principe de quota, terme que la Ministre a prononcé et donc revendiqué.

2) Quantifier ces inégalités que « certains contestent encore », a rappelé Françoise Nyssen, en rendant obligatoires les statistiques de genre (notamment de la composition des équipes et sur la masse salariale) à partir des dossiers d’agrément des films,

3) Lier toutes les entreprises de cinéma en France à « une charte des bonnes pratiques en faveur de l’égalité » qui couvre l’accès aux responsabilités, les salaires, la lutte contre le harcèlement… Le texte sera prêt début 2019.

4) Décliner cette charte dans les conventions entre le CNC et les régions dès 2019, instaurer la parité dans les commissions d’attribution des aides, des données genrées et renforcer l’accompagnement des réalisatrices.

5) Augmenter la part des films de femmes dans les programmes de restauration et de numérisation. Actuellement, il ne concerne que 7% des demandes déposées au CNC.

6) Renforcer la présence des films de femmes dans les programmes d’éducation à l’image et la formation des enseignants à ce sujet. Pour que les filles se sentent légitimes et disent « demain, ce sera moi ».

Trois autres chantiers seront lancés en 2019 :

  • Améliorer la visibilité des films réalisés par les femmes en salle par des incitations à la distribution et à la promotion,
  • S’attaquer à l’égalité femmes/hommes dans le secteur de la production audiovisuelle
  • Conduire une réflexion plus large sur la diversité, qui dépasse l’égalité femme/homme.

Accueilli avec enthousiasme, ce programme innovant est donc à envisager comme une première étape, comme une prime à l’exemplarité qui pourrait devenir plus contraignant afin d’atteindre cet objectif affiché de 50/50 pour 2020 !

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