Berlinale 2018 – Jour 3
Un jour « avec » suit souvent un jour « sans ». Un jour avec fête donc mais pas que… Berlinale 2018, jour 3 !
Fanny, Chagall, Ewa, La Callas et Roberto Zucco
Le jour 3 commence… comme un lundi ! Le 19 février 2018, 8h et déjà sur le pont. Sur le Potsdamer Brücke, à la découverte d’un ancien quartier et d’un nouvel hôtel.
Aujourd’hui, la journée, la semaine commencent par deux films d’un même programme suisse Ondes de chocs. Il s’agit d’une série de films inspirés par des faits divers et qui traitent leurs conséquences. Il y en aura quatre réalisés par de grands cinéastes suisses et diffusés en juin sur Arte. Deux sont présentés à la Berlinale.
I love Ursula Meier et Fanny Ardant
Je dois y être! Je dois? Oui car un des films est réalisé par une de mes réalisatrices préférées, la suissesse Ursula Meier. Ondes de choc – Journal dans ma tête est un long métrage court – il dure 1h 10 – mais il a tout d’un grand film. Et est porté par une grande actrice, Fanny Ardant.
J’enchaîne avec un deuxième volet du même programme. Mathieu, réalisé par Lionel Baier. Sujet fort, très fort mais moins subtilement réalisé.
Jour 3, jour J pour Ewa
Après les films, les talents. Ewa organise sa réunion annuelle et c’est pour ça que je suis à Berlin.
Le réseau a été créé il y a 5 ans, au Collegium Hungaricum et la réunion du jour a lieu au même endroit, au milieu des bâtiments de l’Université Humbold.
Pour sentir un peu l’ambiance étudiante, je choisis le Café Chagall, installé sous une voie de chemin de fer. Dingue, un tripot avec un plafond comme celui de l’Opera de Paris!
Et un plat du jour maison, végétarien et bio pour moins de 8€.
Jour 3 : on bosse !
Au Collegium Hungaricum, la réunion d’Ewa débute. Des réalisatrices et productrices de toute l’Europe assistent à une conférence très pratique pour apprendre à mieux pitcher leurs projets et à communiquer de manière percutante sur les réseaux sociaux.
Trois cinéastes viennent ensuite présenter leur futur film : le premier s’intitule Fuck the crisis, let’s sing and dance! , le second est une fiction sur la jeunesse de la Callas ( j’adooore) et le troisième une plongée au sein d’une communauté scientifique dans le Montana. Tous ont l’air passionnant, mais les réalisatrices s’emmêlent dans d’innombrables détails sans être capable d’en tirer l’essentiel et le potentiel. La coach guide et vise juste à chaque fois.
Teaser sur facebook
Deuxième atelier là aussi fort intéressant sur la manière de concevoir des teasers pour les réseaux sociaux. Avec deux règles : être visuel et court pour être efficace.
Troisième atelier, discussion plutôt sur la difficulté d’être une femme chef op avec des témoignantes et échanges d’expérience riches. Et une morale : dans le cinéma, une femme libre travaille à la marge. Le système est rarement fait pour elles, et elles doivent s’y fondre si elles sont ambitieuses, sans garantie d’y parvenir toutefois. Et c’est partout pareil en Europe.
A l’Ambassade de France
Petit cocktail, félicitations aux organisatrices, et je rejoins Catherine Lecoq qui m’a gentiment invitée à la soirée de l’Ambassade de France. Le bâtiment moderne dessiné par Christian de Porzamparc est idéalement situé sur la Pariser Platz, face à l’Académie des Arts et à l’Ambassade Américaine, à quelques mètres de la Porte de Brandebourg.
Quelques êtes connues : Cédric Kahn venu présenter son film La prière en compétition, Serge Toubiana, le président d’Unifrance qui rend hommage à Daniel Toscan du Plantier, décédé à Berlin il y 15 ans, la productrice Sylvie Pialat, des collègues, des producteurs, des programmateurs de festivals. La nouvelle Ambassadrice en blouson de cuir rose entame une série interminable de discours en allemand. Elle décore aussi le président du Salon du livre de Francfort qui a honoré la France et la francophonie lors de sa dernière édition.
Regard de tueur
Catherine me présente l’Ambassadrice qu’elle connaît pour avoir organiser la venue de Jane Birkin à l’automne. Et d’autres de ses connaissances : une écrivaine, une journaliste de l’AFP et l’acteur Stefano Cassetti : Roberto Zucco!
Il a gardé le même regard habité que dans le film de Cédric Kahn, les yeux très clairs et l’allure intemporelle d’un italien charmeur. Ce qu’il fait à Berlin? Il y habite depuis six ans et débute une pièce de théâtre d’Albert Serra cette semaine avec Helmut Berger et Ingrid Caven. C’est bien? Il est flippé : c’est la première fois qu’il fait du théâtre –Helmut Berger aussi paraît-il. Il doit jouer en italien et en allemand qu’il parle mal. Le sujet de la pièce? Du sexe dans des chaises à porteurs à l’époque de Louis XIV dans une clairière.
Di dove sei? demande une actrice autrichienne venue spontanément à nous – on rigole fort -. Du lac de Garde! Elle se pâme! De Salo, exactement. Elle l’ignore. C’est peu connu, me dit-il. Pardon? La République, le film de Pasolini… Non, je t’assure, les gens ne connaissent pas. Pourquoi n’est-il pas resté? Après trois jours, l’Italie c’est ennuyant. Et la France où il a vécu 10 ans? Aussi! Il y revient pourtant et a tourné trois films en 2017 dont un avec Valeria Bruni-Tedeschi et un autre avec Marion Cotillard. Et Berlin, pourquoi? Pour apprendre l’anglais… et pour faire la fête!
« C’est dingue ces soirées cinéma sans acteurs, sans talents » se lamente Catherine. Elle a raison, le cinéma c’est une bonne histoire mais aussi des stars. Le jour 3 se termine. A demain pour le Jour 4.