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Partir un jour

Partir un jour, la comédie musicale d’Amélie Bonnin, ouvre le 78e Festival de Cannes. Ce premier film était pas taillé pour, malgré son petit charme et Juliette Armanet.

Débuts désenchantés

La cérémonie d’ouverture du 78e Festival de Cannes a été de très haute tenue. Une Madonne présidente, un maître de cérémonie qui célèbre l’humanité toute entière – femmes incluses ! – et des invités de marque : Leonardo di Caprio, Robert de Niro, Mylène Farmer et Quentin Tarantino aux côtés d’un jury très cosmopolite :  tout était parfait, avec des discours engagés, bienvenus.

Raphaël (Bastien Bouillon) et Cécile (Juliette Armanet)

Restait ensuite à ouvrir cette 78e édition avec un film à la hauteur. Ce n’est malheureusement pas le cas de Partir un jour, cette comédie musicale et premier film d’Amélie Bonnin, un projet trop léger, pas assez ambitieux pour l’enjeu, même s’il ne manque pas de charme.

Panique en cuisine

Cécile (le prénom compte), vient de remporter Top Chef. A 15 jours de l’ouverture de son tout premier restaurant, son père, patron d’un routier en province, fait une énième crise cardiaque. Son compagnon la somme d’aller le voir. Mais le père est un roc. Il est déjà sorti de l’hôpital puisque sa vie, c’est sa cuisine.

Fanfan (Dominique Blanc) et Cécile (Juliette Armanet)

Cécile retrouve donc sa vie d’adolescente, celle qu’elle vivait avant de devoir prendre des responsabilités : l’ouverture du restaurant et l’éventuelle naissance d’un enfant puisqu’elle découvre en même temps qu’elle est enceinte. Évidemment, ce séjour qui ne devait être qu’une simple visite va vite de transformer en un éventuel retour aux sources et aux amours latentes.

Cordon bleu

La première bonne idée d’Amélie Bonnin est d’avoir réellement centré son action dans ce lieu un peu oublié qu’est un relais routier, même s’il est dommage qu’elle ne traite pas plus cet élément-là au lieu de se concentrer sur les intrigues familiales et amoureuses, un peu répétitives, de son héroïne.

Cécile (Juliette Armanet)

La seconde est d’avoir confié le rôle principal à Juliette Armanet qui se révèle très à l’aise derrière une caméra et même sur des patins à glaces. Elle tient littéralement le film et est la seule à interpréter les chansons, c’est-à-dire en y mettant du sens et de l’émotion.

Casseroles

Car, justement, une des faiblesses du film est la partie chantée. S’il était amusant d’insérer des chansons populaires pour tracer les émotions de ceux qui accueillent à nouveau dans leur vie la transfuge de classe qu’est devenue Cécile, le principe ne fonctionne pas très bien. Parce que les chansons sont mal choisies. Il n’y a aucune unité dans ces choix, seulement une opportunité de texte.

Raphaël (Bastien Bouillon) et Cécile (Juliette Armanet)

Stromae, ça fonctionne (et ça tombe bien puisque c’est une des premières scènes) , Céline Dion aussi (à cause du contexte) et Partir un jour des 2 be 3 encore. Mais les autres non, et encore moins quand les titres sont interprétés par Bastien Bouillon  (dont la teinture blonde n’est pas toujours raccord) ou François Rollin qui chantent faux et sans émotion. Dominique Blanc est sauvée par la partie italienne de sa chanson, celle qui exprime ses regrets.

Manque de saveur

Saluons aussi quelques scènes plutôt réussies : celle de l’enduro – tiens encore une, après Vingt Dieux et La Pampa, à croire que tous les mecs de province font de la moto – et celle de la patinoire.

Le reste manque d’envergure. On s’ennuie tant les situations sont répétitives – le père râleur dont la fille ne saisit ni l’affection, ni son rôle de modèle, le mec amoureux mais pas courageux etc. – et que la seule nostalgie ne suffit pas à remplir.

Alternative

Parfois, la production annuelle ne permet pas un choix de film d’ouverture plus judicieux. Ce n’est pas le cas cette année où le film, même imparfait de Cédric Klapish, La venue de l’avenir, avait tout pour jouer parfaitement ce rôle.

D’Amélie Bonnin avec Juliette Armanet, Bastien Bouillon, François Rollin, Dominique Blanc…
2025 – France – 1h38

Partir un jour d’Amélie Bonnin a ouvert le 78e Festival de Cannes. Il ne concourt pas à la Palme d’or, puisque présenté hors compétition. Il est sorti le 14 mai 2025. Ce film concourra au Prix Alice Guy 2026.

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