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Une vie

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En adaptant Une vie de Guy de Maupassant, Stéphane Brizé dresse le portrait d’une femme que la pureté de l’âme conduira à sa perte.

27 ans dans la vie d’une femme

Jeanne Le Perthuis des Vauds était bien née mais mal armée pour la vie. Quand elle retrouve sa famille aimante à la sortie du couvent, elle se choisit un mari. Julien de Lamare s’avérera pingre alors qu’elle a l’argent, peu attentionné et surtout très volage.

Yolande Moreau (la baronne), Judith Chemla (Jeanne) et Jean-Pierre Drroussin (le baron)

Sa mère, la baronne,  lui conseille de pardonner les écarts du mari. Jeanne passe l’éponge mais commence à perdre ses illusions. Et il en sera ainsi toute sa vie. Et cela d’autant plus qu’elle se retrouve seule, après la mort la mort de ses parents et que son fils, qu’elle gâte trop, grandit.

Une vie, un roman cruel mais juste de Maupassant

Après Mademoiselle Chambon d’Eric Holder, Stéphane Brizé adapte à nouveau un roman, Une vie de Guy de Maupassant. Et s’il échappe aux écueils de l’adaptation d’un classique et aux lourdeurs des films historiques, il n’évite aucun de ses tics à lui.

Judith Chemla (Jeanne), Nina Meurisse (Rosalie) et Swann Artaud (Julien)

Il signe ainsi une œuvre singulière qui s’inscrit dans la continuité de ses films précédents modestes mais subtils, touchants : La loi du marché, les très belles Quelques heures de printemps ou même le film qui l’a fait connaître Je ne suis pas là pour être aimé.

Toute une vie bien gâchée

Jeanne est donc la fille d’un châtelain de province, à l’aise et dont les ambitions sont proportionnelles à ses moyens. Elle grandit choyée dans une famille saine, aimante, seule aussi. Elle n’a ni frère ni sœur et ne voit pas grand monde au dehors.

Swann Arlaud (Julien) et Judith Chemla (Jeanne) au temps du bonheur

Son âme est pure, sincère et elle a foi en son prochain. En l’homme et en son mari aussi. Mais dès qu’elle l’épouse, sa vie ne devient qu’une succession de désillusions que son fils Paul parviendra à atténuer enfant, à aggraver adulte.

Une vie étouffante, des plans serrés

Stéphane Brizé la suit donc au plus près pendant 27 ans. Il la filme en gros plan souvent à moitié de dos et caméra à l’épaule. Le cadrage carré, les plans serrés, la caméra proche et mouvante contribuent beaucoup à la sensation d’étouffement qu’on ressent en suivant le film. Trop, jusqu’à manquer d’air.

Swann Arlaud (Julien) et Judith Chemla (Jeanne) au temps des désillusions

Pas d’issue possible dans cette vie contrainte, pas de respiration si ce n’est quelques moments de bonheur, signifiés par une lumière plus vive, vite rattrapés par des ambiances sombres.

Une vie, un film humain avant tout

Comme toujours, le dernier film de Stéphane Brizé se mérite plus qu’il faut se donne. Mais, ses images et son ton, subtil, jamais appuyé, élégant, modeste restent longtemps même si l’on regrette parfois que le réalisateur ne se laisse pas plus aller.

Judith Chemla (Jeanne)

Cette réalisation précise impose aux acteurs d’être parfaits et ils le sont, même si le casting est inattendu : Judith Chemla, Jean-Pierre Darroussin, Yolande Moreau imposent leurs talents avec grâce et retenue. Une nouvelle réussite pour Stéphane Brizé dont on rêve qu’il se débride, s’amuse un peu la prochaine fois.

De Stéphane Brizé, avec Judith Chemla, Jean-Pierre Darroussin, Yolande Moreau, Swann Arlaud, Nina Meurisse …

2016 – France – 1h59

Une vie de Stéphane Brizé a reçu le Prix Fipresci de la critique Internationale à la Mostra de Venise 2016.

© TS-Productions-Michaâl-Crotto

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