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Reprises : un été 2019 très masculin

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L’été est traditionnellement la période des reprises… de films d’hommes, uniquement. Sur 67 films annoncés, un seul, est l’oeuvre d’une réalisatrice, Yannick Bellon.

Le patrimoine, un bastion d’homme

Un sur 67 ! Le ratio est clair. La cinéphilie, l’Histoire du cinéma se conjuguent à un seul genre : masculin. Sur les 67 reprises annoncés en cet été 2019, une seule est réalisée par une femme : Quelque part quelqu’un de Yannick Bellon. Et sans doute, parce qu’elle nous a quitté il y a peu. Sans vouloir en rajouter, sa ressortie est fixée au 28 août 2019, en pleine rentrée du cinéma. Elle aura ainsi toutes les chances de passer inaperçu.

L’affiche originale de Quelque part quelqu’un de Yannick bellon

Au contraire de tous ceux qui (re)-débuteront leur carrière dès le 3 juillet 2019. Eux seront donc copieusement annoncés et soutenus par la presse, pas encore en vacances, ni submergée par toutes les sorties du Festival de Cannes à venir, ni accaparée par le festival de Locarno, la Mostra de Venise, d’Angoulême ou les autres festivals de fin d’été.

Reprises de l’été : le désert des réalisatrices

Et les réalisateurs choisis ne laissent pour la plupart aucun doute sur l’orientation très masculine de la cinéphilie estivale. Sont ainsi honorés par des rétrospectives : Mario Bava (trois films), Dario Argento (deux films + un documentaire qui lui est consacré), Lucio Fulci (quatre films), trois références du giallo italien (des films de genre donc, plus appréciés par les hommes).

L’un tombe (Roland Dubillard), l’autre pas (Loleh Bellon) dans Quelque part quelqu’un de Yannick Bellon

En juillet encore, deux Fritz Lang (d’inspiration indienne), six Jim Jarmush (en plus de The dead don’t die sorti en mai), un Terrence Mallick, un Richard Kelly et un Jean-Luc Godard. Enfin, plus grand public mais néanmoins masculin, onze films de Charlie Chaplin (dont on honore les 130 ans de la naissance -sic!) et Les aventures de Rabbi Jacob de Gérard Oury. A la toute fin juillet,  21 films renouvellent un peu l’offre : 3 Douglas Sirk, 10 Ozu et 8 Mizoguchi.

Le cercle vicieux de l’invisibilté des réalistrices

En août 2019, le nombre de reprise diminue drastiquement (53 en juillet, 14 en août) mais ce sont encore les réalisateurs qui sont à l’honneur. Raoul Ruiz : 4 films; Francis Ford Coppola : 1 film; Ettore Scola : 1 film;  Francesco Rovira Beleta : 1 film ; Federico Fellini : 1 film, André Cayatte : 1 film; Buster Keaton : 1 film.

Loleh Bellon (Raphaëlle) et Roland Dubillard (Vincent) dans Quelque part quelqu’un de Yannick Bellon

Il faudra attendre le 28 août 2019 pour que le seul film d’une réalisatrice s’affiche au tableau des reprises. Quelque part quelqu’un d’ Yannick Bellon sauve peut-être l’honneur. Mais sa présence met aussi en lumière la difficulté pour les réalisatrices, même pour les plus grandes, d’exister. Encore plus dans l’aspect mémoriel du cinéma. Or, si leurs films sont déjà moins vus quand ils sortent, qu’on ne les programme plus une fois sortis, ils ne seront jamais connus, donc pas restaurés, et donc jamais (re)vus. Ce qui contribue à les effacer un peu plus des publications, des journaux, des livres et dictionnaires et finalement de nos mémoires. Réveillons-nous contre ce cercle vicieux injuste, cette vision tronquée de notre Histoire !

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