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Put your soul on your hand and walk

Derrière ce titre étrange, se cache un film politique coup de poing sur la vie quotidienne à Gaza fin 2024 et début 2025. Signé par Sepideh Farsi, il est présenté à l’Acid Cannes et sera un des évènements du 78e Festival de Cannes.

La mort en direct

Lorsqu’elle a vu l’horreur à Gaza, le sang de la réalisatrice d’origine iranienne Sepideh Farsi n’a fait qu’un tour. Elle voulait témoigner de cette horreur et a tenté de rallier Gaza par l’Egypte. Ce qui était impossible, les médias occidentaux n’étant même pas autorisés à pénétrer dans la zone.

Fatem Hassona, son sourire éclatant, en prison sous les bombes à Gaza

Grâce à un ami, Sepideh Farsi est mise en contact avec Fatem Hassona, une palestinienne qui vit avec sa famille dans le nord de Gaza, en proie aux bombardements réguliers. La jeune femme étudie la photographie et sort quand elle le peut, témoigner de l’état des rues et des hôpitaux, de la misère et du fatalisme des gens et des enfants. Fatem Hassona parle suffisamment anglais pour entretenir une conversation régulière avec Sepideh Farsi qui la filme sur son téléphone portable.

Gaza au quotidien

Leurs entretiens débutent à l’automne 2024. En fonction de la connexion internet de Fatem Hassona et des voyages dans le monde de Sepideh Farsi, elles échangent sur la vie à Gaza, les attaques, la difficulté à trouver de l’eau et de la nourriture, l’absence de légumes ou de fruits frais, la faim, la peur, la religion – sujet sur lequel elles s’opposent- la politique, les destructions, les morts, les abris etc. et de l’aspiration de Fatem Hassona à sortir de sa prison de Gaza même si elle affirme vouloir y revenir ensuite. Sepideh Farsi lui parle de l’exil, elle qui a dû quitter l’Iran pour des raisons politiques et après un séjour en prison.

Au fur et à mesure, le sourire de Fatem s’attriste, elle maigrit, sa peau devient celle d’une jeune femme mal nourrie. Elle perd espoir tout en continuant à s’en remettre à Dieu et en réajustant ce voile qu’elle porte durant chaque échange. Puis, la conversation s’arrête brutalement, le 16 avril 2025, lorsqu’elle et sa famille sont tuées par une attaque israélienne.

La dernière témoin

Par la simplicité du dispositif et du témoignage direct, le film de Sepideh Farsi est d’une puissance inouïe, même si, soyons honnête, les captures d’écran et les problèmes de connexion sont à la longue un peu pénibles à regarder. Mais, ils n’entravent pas la force des mots de Fatem Hassona et ni celle des photographies – les siennes souvent- qui interrompent régulièrement leurs échanges.

Sepideh Farsi a aussi pris soin d’aérer les conversations téléphoniques par des morceaux de sa vie à elle qui, par opposition à ceux de Fatem Hassona, semblent dérisoires même si elle parient par moments à raconter son exil d’Iran, son emprisonnement, sa relation au religieux etc. Documentariste avertie, elle s’était illustrée avec son neuvième film, La Sirène, animation sur l’absurdité de la guerre entre l’Iran et l’Irak au début des années 1980.

Le film, sélectionné à l’Acid Cannes avant la mort de Fatem Hassona et sa famille, prend bien sûr une autre dimension depuis.

De et avec Sepideh Farsi, Fatem Hassona..
2025- France/Palestine/Iran – 1h50

Put your soul on your hand and walk de Sepideh Farsi est sélectionné à l’Acid Cannes où il sera présenté le jeudi 15 mai. La date de sa sortie en salle n’est pas encore annoncée.

Sepideh Farsi participera à une table-ronde intitulée Filmer la guerre organisée par l’Acid. L’équipe du film Militantropos (qui traite de la guerre en Ukraïne) sera présente au débat. Samedi 17 mai à 15h au Café des Cinéastes.

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