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Mon nom est clitoris

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De la sexualité masculine, on sait à peu près tout. De la sexualité féminine, à peu près rien. Mon nom est clitoris de Lisa Billuart Monet et Daphné Leblond en offre une exploration salutaire.

A la découverte du sexe féminin

Il fallu un voyage en Turquie et une longue discussion sur leur propre sexualité pour que deux amies, ex-étudiantes en cinéma, décident d’y consacrer un film. De la difficulté d’en parler dans un contexte banal est venue cette envie de confronter des jeunes femmes de leur âge à ce sujet crucial.

Chaque jeune femme se livre sur sa sexualité depuis son lit, dans un dispositif simple qui facilite les confidences

Douze d’entre elles âgés de 20 à 25 ans ont ainsi accepté de répondre face caméra aux questions des deux réalisatrices, Lisa Billuart Monet et Daphné Leblond, toutes depuis leur lit. Leurs réponses sont entrecoupées de scènes pédagogiques sur la représentation du clitoris par exemple. Ou sur la terminologie qui définit traditionnellement la femme et sa relation au sexe.

A la découverte d’un corps caché

Le film débute par une séquence savoureuse où toutes tentent de dessiner un clitoris. « Le seul organe du corps humain, féminin et masculin, uniquement dédié au plaisir », rappelle l’une d’entre elle. Peut-être, mais il a été tellement caché longtemps – la révélation de sa forme complète date de 1998 !- qu’il n’est pas facile à croquer ! Il est d’ailleurs encore régulièrement occulté des planches d’anatomie. 

Le clitoris, cet oublié de la représentation du sexe féminin

Se succèdent ensuite dans une chronologie évidente les souvenirs et les réflexions de ces jeunes femmes sur la découverte de leur sexualité. Elles abordent aussi les tabous qu’elle véhicule contrairement à la sexualité masculine et le manque que cette absence de connaissances, de discussions à son propos à susciter chez elles. Et cela, qu’elles soient hérétos ou lesbiennes.

Sans tabous

Ces tabous, cette absence d’échanges sur le sujet entre elles aussi ont compliqué leur découverte de leur sexualité dont elles parlent plus librement aujourd’hui. Plusieurs soulèvent même que le fait que la société impose/suggère à l’homme de les « révéler » alors qu’elles se connaissent si mal, procure de fait une inégalité dans l’accès au plaisir. Elles expliquent aussi que le vocabulaire (les préliminaires par exemple) privilégie la pénétration, qui n’est pas, pour aucune d’entre elles, source que d’un plaisir rare, voire très périphérique.

Une partie du vocabulaire jugeant qui conditionne les femmes dans leur épanouissement sexuel

Cette exploration simple, cette parole libérée est d’autant plus passionnante qu’elle est le fait de femmes jeunes d’aujourd’hui. Elles n’en sont pas à l’heure du bilan (et donc possiblement des regrets). Leur discours n’est pas entaché des éventuelles perturbations de la maternité. Ici, on parle d’éveil, d’éducation, de découvertes trop hasardeuses de son corps et du « travail » que toutes ont eu à faire pour accéder, puis revendiquer leur plaisir.

Mon nom est clitoris, une révélation !

Il ressort de ce film à la parole vraie un partage d’expériences et d’échanges riche mais trop rare. Et surtout l’acceptation, enfin, que la sexualité féminine n’est pas le continent noir freudien mais une terre trop mal connue. Elle mérite pourtant qu’on s’intéresse à elle tout simplement, de manière bien plus fréquente et systématique que jusqu’à présent. Sans l’entacher du moindre jugement moral. Pour le plaisir de toutes, bien sûr, et de tous ceux qui s’y intéresseront.

Un clitoris au pochoir… une histoire de coeur et de cul!

Mon nom est clitoris a été sélectionné dans une dizaine de festivals internationaux. Il a reçu le prix France TV des Images et des Elles au Festival International du Film de Femmes de Créteil 2020 qui s’est tenu à huis clos à cause du Covid.

De Lisa Billuart Monet et Daphné Leblond

2019 – France/ Belgique – 1h17

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