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Les habitants

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Raymond Depardon est un homme de concept. La preuve avec Les habitants, son nouveau documentaire qui donne la parole aux français. Tout simplement.

Aux quatre coins de la France

Raymond Depardon et sa compagne/ productrice Claudine Nougaret ont repris les routes de France et donner la parole à ceux qui la peuplent. Et ça donne : Les habitants, un documentaire qui aurait pu être passionnant.

Raymond Depardon a toujours eu d’excellentes intuitions, de bonnes idées et un peu de chance aussi.
D’abord réputé comme photographe-reporter, il est aussi devenu un réalisateur de documentaires marquants comme Partie de Campagne ou Reporters.

Les habitants : une évidence

Son talent est aussi d’imposer ses principes à ceux qu’il filme en posant sa caméra dans un milieu, un peu comme un appareil photo, sans jamais intervenir, ni poser de questions. En laissant l’événement arriver, les choses se faire. Et comme il choisit bien ses univers et généralement des lieux clos ou des situations particulières, il finit toujours par s’y passer quelque chose, une question de temps comme pour une photo.

La caravane

Dans Les habitants, il décline ce même principe d’une simplicité désarmante. Avec sa compagne et productrice, ils ont aménagé une vieille caravane, modeste, et l’ont installé, entre mars et juillet 2015, sur la place fréquentée d’une dizaine de villes de province, de celles qui ne font jamais ou presque l’actualité. Partis de Charleville-Mézières, ils sont ensuite allés à Nice, Bayonne, Sète, Cherbourg, Saint-Nazaire etc. et fini à Villeneuve St Georegs en grande banlieue parisienne.

La vie comme elle est

Dans la caravane, une table autour de laquelle deux personnes vont accepter de converser. Des couples, des copines, des potes, des vieux, des jeunes, des mères ou des pères et leur fils – mais pas de père et fils- livrent ce qui fait leur vie, de ce qui leur chante.

Des 90 « couples » filmés, Depardon obtient 45h de rushs qu’un montage drastique réduit à moins d’1h30.
Et c’est là que sa mission s’arrête, à nous, spectateurs de faire la synthèse ou l’analyse de ce qui vient d’être livré, brut.

Les femmes prennent la parole

C’est d’ailleurs ce que je reproche à Depardon : de ne jamais finir le travail, de laisser le spectateur se débrouiller avec cette masse brute sans aucun décryptage. Or, la matière est épaisse et mérite d’être travaillée, d’autant plus qu’elle a été triée (montée) en amont.


Du coup, Cine-woman, fidèle à son positionnement, va plutôt s’intéresser aux femmes et à ce qu’elles disent ici.
Et le constat n’est pas rose, même si rien n’est dit sur le ton de la plainte mais seulement  d’une certaine résignation.

La douleur de l’intime 

Plus que les hommes qui abordent surtout leur envie de prendre des responsabilités dans toutes les zones de leur vie, les femmes parlent de l’intime, de leur foyer. Et ce n’est pas brillant.

Avec un fatalisme sidérant, elles disent leur difficulté à accepter, parfois à aimer, leurs hommes tels qu’ils sont : imparfaits, parfois violents, absents, partis, radins… L’homme serait-il aussi mauvais? Est-ce juste une parole qui se révèle?

La colère des femmes

Quasiment toutes abordent la souffrance de leur vie, la dureté de leur condition, la douleur de l’intime et du couple, même si elles semblent, malgré tout, continuer à y croire. C’est effrayant!

Même Depardon en est étonné, puisque le seul commentaire qu’il s’autorise dans le dossier de presse est celui-ci : « La grande surprise est venue des femmes qui ont une analyse très sûre de leur situation et expriment clairement une colère que l’on n’entend pas souvent ».

Documentaire de Raymond Depardon

2015 – France – 1h24

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