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L’économie du couple – Cannes 2016

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L’argent peut-il ruiner un couple? Et cela, même s’il n’est pas à l’origine de sa séparation? Voilà le propos de L’économie du couple, le nouveau film de Joachim Lafosse. Il a été présenté à la Quinzaine des Réalisateurs le 13 mai 2016 et sort en salle le 10 août 2016.

Le couple et l’argent

Dans les couples modernes, non arrangés, l’argent n’occupe plus une place centrale. Il continue pourtant à s’inviter souvent au coeur de la relation. Il n’en est pourtant que très rarement question au cinéma, surtout en tant que sujet principal d’un film. Dans L’économie du couple, le réalisateur Joachim Lafosse s’intéresse justement à sa puissance de destruction. Il scrute la séparation d’un homme et d’une femme entravée par des comptes d’apothicaire.

Cédric Kahn (Boris) et Bérénice Béjo (Marie)

Marie et Boris ont passé 15 ans de leur vie ensemble. Ils ont eu deux petites filles, des jumelles. Ils partagent une jolie maison que Marie a acheté et que Boris a aménagé avec goût et amour. Mais voilà, Marie et Boris ne s’entendent plus et ils ont décidé de se séparer.

Séparés mais cohabitants

En l’état, ils sont pourtant contraints de vivre sous le même toit. Boris n’a pas de travail et donc pas les moyens de trouver un logement décent. Marie, elle, ne supporte plus cette situation. Mais, elle refuse les conditions du départ que fixe Boris, à savoir lui verser la moitié du montant de cette fameuse maison dont il considère avoir hautement augmenté la valeur grâce à ses travaux.

Bérénice Bejo (Marie), Margaux Soentjens et Cédric Kahn (Boris)

 

Leurs relations sont à couteaux tirés. Marie, très rigide sur ses positions et l’éducation qu’elle entend donner à ses filles, semble résolue dans ses décisions : elle n’aime plus Boris et ne souhaite que son départ. Boris est plus flou sur ses envies. Il est prêt à retenter une vie à deux, heurté par les règles que lui impose son ancienne compagne.

L’économie du couple, un huis-clos étouffant

Joachim Lafosse qui a co-écrit ce film avec Mazarine Pingeot, Fanny Burdino et Thomas van Zuylen, a filmé cette séparation en un huis-clos. La maison y représente une sorte d’enclos confortable mais générateur de tensions. Comme les quatre protagonistes du récit, le spectateur a l’impression de vivre dans une cocotte-minute où chaque discussion, chaque regard sera (ou pas) l’étincelle qui provoquera la prochaine explosion.

Cédric Kahn (Boris) et Bérénice Béjo (Marie)

D’explosion, à part celle de ce couple et de cette famille, il n’y en aura peu, Boris et Marie optant plutôt pour des discussions froides, des bouderies réciproques, de longs silences qu’ils n’arrivent plus à rompre, des agressions sourdes, des piques ou des jugements cruels. Et à ce jeu, Marie, butée, fermée, est la plus forte. Boris, lui, joue la résistance passive et la provocation, et Cédric Kahn parvient à lui donner une énergie physique fort bienvenue.

L’agonie d’un couple, des questions en suspens

Cette dissection de la fin d’un couple qui se heurte à des problèmes matériels n’est toutefois pas rébarbative, parce que le film est assez court (1h40) et qu’il est entrecoupé de quelques scènes marquantes fort bienvenus : celle du dîner entre amis sur la terrasse ou celle, plus émouvante encore, de la danse familiale sur Bella de Maître Gims (une prouesse donc!).

La danse familiale avec Bérénice Bejo (Marie), Cédric Kahn (Boris) et les jumelles Jade et Margaux

Malgré tout, Joachim Lafosse ne signe pas son meilleur film. Dans le genre malaise familial et manipulation des proches, A perdre la raison, était autrement plus fort. La faute à un scénario imparfait qui ne montre jamais  les raisons qui ont uni Marie et Boris et qui laisse en suspens des points pourtant pertinents : on ne comprend jamais quel est le métier de Boris (architecte? homme à tout faire?). Bricole-t-il par amour comme il le prétend ou par nécessité comme le laisse à penser la mère de Marie ? Et, puisque Marie vient d’hériter d’une grande maison, pourquoi ne s’en servent-ils pas en attendant de trouver un compromis? Pourquoi ne la vend-elle pas? Pourquoi a-t-elle besoin d’emprunter?

La cacophonie des acteurs

Enfin, si Cédric Kahn est convaincant en mari dérouté et en père plutôt cool, Bérénice Bejo ne laisse jamais évoluer son jeu qui se résume à être butée, complètement fermée à tout, comme elle l’était déjà dans Le passé d’Asghar Farhadi, un rôle qui alors le nécessitait et lui a valu le prix d’Interprétation féminine au Festival de Cannes 2013. Ici, elle devrait pouvoir baisser la garde, avoir des doutes, des failles, ce qu’elle ne parvient pas à faire. Du coup, on saisit mal ce qui les a uni et finalement, ce qui cause leur séparation, même si l’on comprend bien que l’argent n’en est pas la cause mais seulement le révélateur.

De Joachim Lafosse, avec Bérénice Béjo, Cédric Khan, Marthe Keller, Jade et Margaux Soentjens…

2016 – France/Belgique – 1h40

L’économie du couple de Joachim Lafosse a été présenté à la Quinzaine des Réalisateurs 2016 et sortira en salle le 10 août 2016.

© Versus production – Les films du worso -Fabrizio Maltese

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