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Le redoutable

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Le redoutable est à la fois un sous-marin des années 1960 et le réalisateur révolutionnaire Jean-Luc Godard. Enfin, d’après Michel Hazanavicius qui revient encore avec une parodie.

La fin d’un mythe

Anne Wiazemsky a connu Jean-Luc Godard très jeune, pour le tournage de La Chinoise. Elle devient même rapidement sa femme.

Louis Garrel (Jean-Luc Godard) et Stacy Martin (Anne Wiazemsky)

Elle a confié ses souvenirs dans un livre, Un an après dont est inspiré le sixième long métrage de Michel Hazanavicius.

Le redoutable et la chinoise

Le film fait l’ellipse sur leur rencontre et sur le tournage de La Chinoise pour raconter l’après. Leur vie en commun, elle la jeune petite fille fraîche de François Mauriac, lui le réalisateur révolutionnaire d’abord dans son art, puis dans son engagement politique. Alors qu’il est en plein doute sur son cinéma après l’échec de La Chinoise, Godard se concentre sur sa jeune femme et surtout sur les mouvements étudiants.

Louis Garrel (Jean-Luc Godard)

On est à la veille de 1968 et Paris grouille d’assemblées, de manifestations etc… Le cinéaste y participe à plein, y perdant souvent ses lunettes et pas mal de son crédit. Révolutionnaire absolutiste, il adopte un parti pris radical soutenu par personne à part lui. Mais plus il est isolé, plus il se radicalise. La vie commune devient impossible.

L’histoire d’un amour

Le redoutable est avant tout et surtout l’histoire d’un amour entre une toute jeune femme et un homme à l’approche de la quarantaine. Elle est fraîche, il est aigri et vieillissant. Elle est un peu soumise, lui se veut résistant.  A tout. Sauf à ses doutes.

Louis Garrel (Jean-Luc Godard)

Du coup, il est insupportable, irritant, autoritaire et cassant. Et jamais ni attachant, ni sympathique. Le redoutable devient vite le portrait d’un homme talentueux mais ultra-chiant, en grande dépendance affective mais jamais généreux, dont la radicalité devient insupportable. Il sombre, certes, mais ne coule pas.

Hazanavicius anticipe les 50 ans de Mai 68

Une fois encore, Michel Hazanavicius montre qu’il est malin. Ici, il se « paie Godard« . Mais, s’il s’attaque à un mythe, il ne le fait évidemment pas par le cinéma, mais par son engagement politique. Mais, le cinéma qui l’a révélé et qu’il a révélé à sa manière, n’est jamais loin.

Louis Garrel (Jean-Luc Godard)

Mai 68 gronde et le Festival de Cannes a lieu en mai justement. Avec une année d’avance, Michel Hazanavicius célèbre à sa façon l’événement politique et l’édition interrompue du Festival. Interruption dont est en grande partie responsable Godard.

Une parodie, encore

Il le fait avec humour montrant constamment le grand écart auquel est contraint le cinéaste et qu’il vit mal : Jean-Luc vit comme un grand bourgeois, alors que Godard prône la révolution et le soutien aux ouvriers et aux étudiants.

Louis Garrel (Jean-Luc Godard) et Stacy Martin (Anne Wiazemsky)

Il interrompt un Festival qui pour certains représentaient un aboutissement en étant luxueusement logé dans la maison de vacances de Pierre Lazareff. La scène qui suit, l’engueulade dans la voiture, étant une des plus réussies à cet égard.

Sauve qui peut 

Les comédiens sont épatants. Louis Garrel est un Godard idéal, et sa fraîche compagne interprétée par Stacy Martin est parfaite, dans le rôle pourtant ingrat d’un godiche bousculée par un homme acariâtre qu’elle finira par quitter.

Louis Garrel (Jean-Luc Godard) et Stacy Martin (Anne Wiazemsky)

Le film, parodique, fonctionne essentiellement sur cette idée : bousculer un mythe du cinéma. C’est malin pour être sélectionné au Festival de Cannes, mais sorti de ce contexte, qui s’y intéressera?

De Michel Hazanavicius, avec Louis Garrel, Stacy Martin, Berenice Bejo, Gregory Gadebois…

2017-France- 1h47

Le redoutable de Michel Hazanavicius a été présenté en compétition officielle au 70e Festival de Cannes le dimanche 21 mai 2017. Il concourt pour la Palme d’or.
Sortie prévue le 13 septembre 2017.

© Les Compagnons du Cinéma – Photo Philippe Aubry
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