Cine Woman

Dégradé

13 femmes sont coincées dans un salon de coiffure à Gaza. Voilà Dégradé, un huis-clos courageux mais décevant signé des charismatiques jumeaux Tarzan et Arab Nasser.

Un huis clos 100% féminin 

Plus que leur film, ce sont les réalisateurs Tarzan et Arab Nasser qui sont fascinants. Sorte de Demis Roussos jeunes et minces, à la chevelure et à la barbe abondantes, couverts de reliques, de tatouages et de maquillage, les frères Nasser ont incontestablement un look. Artistes plasticiens audacieux et réputés, multi-primés, sont-ils des cinéastes inspirés?

Dina Shebar (la future mariée) et Victoria Balitska (la gérante du salon de coiffure)

Leur premier long-métrage est plutôt courageux. Tout s’y passe dans un petit salon de coiffure de Gaza où une douzaine de femmes de condition sociale et religieuse différentes viennent se faire belles, c’est-à-dire coiffées, épilées, maquillées… L’une des employées n’a pas à la tête à ses clientes. Dehors, son amant a provoque un bras de fer avec les autorités locales à propos d’un lion. Leur réponse, très armée, risque de provoquer le chaos dans tout Gaza.

Dégradé : la chronique d’un gynécée

À la fois menacées par l’extérieur et protégés par ce gynécée, les femmes du salon se laissent aller à des confidences sur leur vie, leurs hommes, leurs enfants etc… Tout en devant faire face au chaos ambiant qui leur vaut des coupures d’électricité, d’être enfermées derrière un rideau fermé sans issue possible, sans même savoir si elles en sortiront, un jour, vivantes ou mortes. Un état de tension qui maximise leurs rivalités et leurs confidences.

Hiam Abbas ( a femme divorcée)

Sur le papier, le film s’annonçait passionnant. Les premières photos confirmaient cette hypothèse tant la lumière est soignée, les couleurs des décors soigneusement passées mais belles, les femmes du salon séduisantes et les actrices intéressantes, Hiam Abbas en tête. Un huis clos 100% féminin, en plus, avait tout pour nous plaire.

Dégradé : une guerre utérine ultra-virile mais hors champ

Sauf qu’on n’en comprend pas les enjeux. Rien n’explique que le fameux lion qui sème la terreur a été volé au zoo par une famille de mafieux et que se joue à l’extérieur un rapport de force viril, pour le coup, entre cette famille ultra-puissante et les autorités locales du Hamas. Une guerre utérine dans une zone déjà occupée.

Le salon de coiffure plongé dans le noir

En l’absence d’explication sur ce contexte si particulier et que les frères Nasser veulent dénoncer, on comprend mal comment préparer son mariage ou son maquillage du soir devient un acte de résistance.

Dégradé : un acte de résistance  

Du coup, on finit par avoir l’impression de la chronique d’un gynécée, à l’évidence plus fermé qu’à l’habitude, où les conversations des femmes révèlent l’intimité de leur vie qu’elles veulent bien dévoilées. Rien de plus.

Tarzan Nasser et le lion

Reste leur démarche militante, courageuse, qui leur a valu plusieurs fois la prison et un exil de leur pays et de fait, l’impossibilité de tourner à Gaza, ni d’y montrer leur film. Il paraît que toutes les salles de cinema y ont été détruites par les islamistes. Dans ces conditions, faire un film devient pour le coup un acte de résistance nettement plus courageux que de porter du vernis à ongles, non?

De Tarzan et Arab Nasser, avec Hiam Abbass, Maisa Abd Elhadi, Manal Awad..

2015 – France/Palestine/Qatar – 1h23

Le film était présenté à la Semaine de la Critique 2015 et y a remporté une mention spéciale.

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