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Place publique

Un nouveau film d’Agnès Jaoui, est-ce toujours un événement? Place publique a un tel air de déjà vu qu’il relève plus de la redite que de la surprise. Décevant.

Un train de retard

Pas question de brûler ce qu’on a aimé. Le duo Jaoui-Bacri a brillé pour la pertinence de son observation du comportement humain et la finesse de ses dialogues. Parfois par son audace.

Deux succès du duo Jaoui-Bacri

 

On connaît la chanson, Le goût des autres restent des films intelligents, émouvants, drôles, des références de qualité du cinéma français. Ce ne sera sans doute pas le destin de Place publique qui arrive trop tard.

La fin d’un mythe

Castro est un animateur de show télévisé à la fois populaire et à bout de souffle. Il débarque, imbus de lui-même et de son personnage public, dans la maison de campagne de sa productrice pour une soirée entre amis. Le film se passe essentiellement côté coulisse, enfin côté préparatifs et dans le temps imparti à cette soirée et à son organisation.

Helena Noguerra (Vanessa) et Jean-Pierre Bacri (Castro)

On suit donc les arrivées des invités, essentiellement la garde rapprochée ancienne ou actuelle de ce présentateur TV, et celles intempestives de quelques intrus.

Place publique : un défilé de personnages

Ce principe donne lieu à une présentation plutôt maline des personnages. L’ex-femme de la vedette TV, une humaniste utopiste toujours prête à déclencher une pétition (Agnès Jaoui) est par ailleurs  la sœur de la productrice ambitieuse du show (Léa Drucker impeccable). Ce qui semble improbable, tout comme son ancien mariage avec le type de la télévision.

Léa Drucker (Nathalie) et Agnès Jaoui (Hélène)

Leur fille, en rébellion, vient d’écrire un livre dans lequel elle règle ses comptes avec ses deux parents. Leurs conjoints respectifs ne sont en revanche que des ombres de personnages : Helena interprète une bimbo qui voudrait être prise au sérieux, et l’effacé nouveau mari de Jaoui le bon sens. Il y a aussi un rappeur qui cartonne sur YouTube, un chauffeur méprisé, un mari amoureux et incompréhensible, un utopiste en pleine crise de la cinquantaine. Et de très bons musiciens qui font des reprises latinos de premier plan.

Place publique : une attaque en règle de la célébrité

Mais ce film choral, bizarrement conçu à partir d’un flash-back qui se veut intrigant mais qui est inutile,  s’enlise dans ses (trop) nombreux personnages sans avoir grand chose à raconter. Ou plutôt si! Le film se veut être une attaque au vitriol d’un système médiatique à bout de souffle. Mais justement à quoi bon tirer sur une ambulance?

Jean-Pierre Bacri (Castro) et Yvick Leterrier (Biggistar)

Thierry Ardisson qui sert de modèle à Jean-Pierre Bacri n’est plus que l’ombre du présentateur-vedette qu’il a été. Et les auteurs ne savent pas bien traiter la nouvelle garde de la notoriété rapide que dont les stars du web et de YouTube qu’ils caricaturent sans finesse ni originalité. Il y aurait pourtant beaucoup à dire.

Les anciens et les nouveaux

On peut aussi reprocher à Agnès Jaoui de d’affubler sans cesse des mêmes types de rôle. Celle de l’ancienne gaucho idéaliste qui n’a pas conscience que le monde a changé.

Frédéric Pierrot, Léa Drucker (Nathalie) et Agnès Jaoui (Hélène)

Bacri lui, hérite d’un rôle différent certes mais qui souffre, comme tout le film, la comparaison avec le Sens de la fête. Et la causticité ici n’apporte rien, sinon un rejet complet du personnage alors que le chef d’entreprise dépassé du film de Toledano et Nakache finissait par devenir sympathique.

Léa Drucker (Nathalie)

De bonnes nouvelles toutefois : la présence de Kevin Azaïs (Manu) qui parvient à exister dans son rôle ingrat de chauffeur. Et surtout Léa Drucker qui campe une productrice télé – on songe sans cesse à Catherine Barma– opportuniste et amoureuse. La preuve que le duo Jaoui-Bacri n’a rien perdu de son talent à valoriser des acteurs. Vivement qu’ils retrouvent aussi leur inspiration!

D’Agnès Jaoui, avec Jean-Pierre Bacri, Agnès Jaoui, Léa Drucker, Kevin Azaïs, Nina Meurisse, Sarah Suco, Helena Noguerra, Migel Mirtchev, Frédéric Pierrot…

2018 – France – 1h38

© Guy Ferrandis – SBS Films

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