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Maryam Goormaghtigh

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Questionnée par la partie iranienne de ses origines, la réalisatrice Maryam Goormaghtigh rencontre trois jeunes hommes persans qu’elle décide de filmer. Ainsi nait Avant la fin de l’été, un road-movie dans une France exotique, présenté en ouverture de l’ACID 2017.

Abolir les frontières

« Documentaire ou fiction ? Surtout ne me posez pas la question, avertit la réalisatrice Maryam Goormaghtigh. Pour moi, ce film est le résultat d’une longue histoire entamée il y a quatre ans ».

La réalisatrice Maryam Goormaghtigh

Maryam Goormaghtigh habite alors à Paris et prend des cours de persan à l’Inalco. « Ma mère iranienne ne nous a pas transmis sa langue. A l’époque, j’avais besoin de recoller avec l’Iran », reconnaît-elle. En sortant de cours, dans un bar, Maryam rencontre un groupe de trois garçons qu’elle surprend à parler persan. Elle s’incruste, ils deviennent amis. Elle commence à les filmer.

D’aussi loin qu’elle se souvienne, Maryam a toujours aimé les images. Fixes d’abord puisqu’elle voulait être photographe, comme un de ses oncles. Animées quand à 15/16 ans, elle a enfin réussi à sa payer une caméra en économisant chaque sou que sa mère lui donnait. Et depuis, elle ne l’a pas lâchée.

Maryam est née et a grandi près de Genève dans une famille cosmopolite. Son père est franco-belge et sinologue, sa mère est iranienne et archéologue. Petite, elle a aussi vécu en Alsace et à Hong-Kong puis a étudié en Suisse et à l’Insas à Bruxelles. Très vite, elle commence à « faire des images ». Puis des films, « des documentaires surtout car l’écriture m’angoisse » précise-t-elle « souvent des road-movies ».

Maryam Goormaghtigh filme l’errance

Bibeleskaes du nom d’un plat alsacien, son premier court-métrage était une errance contemplative co-réalisé avec Blaise Harrisson. Le second, Lonesome cowboys, une balade vers la mer à bord d’une Ford Mustang. Son premier 55 minutes, Les fantômes de Jenny M. est plus statique mais raconte la vente et dépeçage de la maison de sa grand-mère.

Avant la fin de l’été de Maryam Goormaghtigh

Avant la fin de l’été, présenté en ouverture de l’Acid, est un voyage que deux amis proposent à leur compatriote Arash qui a décidé de quitter la France pour rentrer en Iran. « Tous les quatre nous nous sommes connus à peu près en même temps, il y a quatre ans, raconte Maryam Goormaghtigh. « J’ai tout de suite eu envie de filmer nos soirées, sans savoir ce que j’en ferai. Avec le temps, ces images sont devenus un film que nous avons fait ensemble. Nos discussions ont nourri les dialogues, les situations. Ils ont joué et je les ai filmés ». A travers une France provinciale et exotique que ces trois amis regardent avec la distance de leur origine lointaine.

Une France exotique

Maryam leur dessine un parcours de Paris à Portbou, dans le sud, la trame d’une errance durant laquelle ils vont se confier. Le tournage n’a duré que deux semaines et demie. Sans d’autres moyens qu’une voiture, une caméra et un nécessaire à camping…

Maryam Goormaghtigh à la caméra

Grâce à son sens du cadrage – « j’adore ça » dit –elle- et à la richesse de leur regards et de leur dialogue, ce film vaut à Maryam d’être sélectionné à l’Acid 2017 et même de faire l’ouverture. «Le tremplin idéal, une sélection qui abolit les frontières entre fiction et documentaire » et lui a permis d’intéresser le distributeur Shellac.

Retour en Iran ? 

En attendant l’effet cannois sur son film – elle se dit surtout ravie de partager sa sélection avec ses trois amis- Maryam participe à une websérie sur les fashion geeks. Elle continue son projet expérimental Division 7 qu’elle filme depuis sa fenêtre qui plonge sur un carré du Père Lachaise. Et envisage sérieusement de donner une suite à ses héros iraniens en allant les filmer là-bas, en Iran où Arash vit plus heureux.

Avant la fin de l’été de Maryam Goormaghtigh sera présenté en ouverture de l’ACID 2017 à Cannes, le jeudi 18 mai 2017.

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