Cine Woman

Lore

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De Cate Shortland

Comment échapper à l’emprise de son éducation et est-on à jamais responsable des crimes de ses parents? C’est à cette double question que la réalisatrice australienne Cate Shortland tente de répondre ici. Et pour cela, elle va au bout de sa démarche en prenant comme héroïne, Lore, une jeune allemande, fille d’un haut dignitaire nazi.

A la fin de la seconde guerre mondiale, sa famille au complet est contrainte à la fuite. Très vite, les parents disparaissent et laissent à Lore, alors adolescente très privilégiée, la lourde charge de protéger ses quatre frères et soeurs en les amenant près d’Hambourg où réside leur grand-mère. Dans un chaos total, la jeune fille et les siens doivent traverser le pays comme ils le peuvent, souvent à pied, affamés, en se cachant des militaires allemands ou russes. Un jeune homme lui vient en aide, mais il est juif. C’est-à-dire atout ce que ses parents lui ont appris à détester, à mépriser… Au fur et à mesure de leur longue errance, Lore et ses frères et soeurs vont découvrir un monde, la guerre, qu’ils ne soupçonnaient même pas, et commencer à avoir une nouvelle vision de leur univers étriqué. Mais, auront-ils les réponses à leur question? Rien n’est moins sûr…

Inspiré du roman anglais La Chambre noire de Rachel Seiffert, l’histoire de Lore est évidemment exemplaire, captivante et on regrette que ce sujet soit finalement assez peu traité au cinéma. En collant au plus près de son héroïne, la réalisatrice a pris le parti d’un traitement très « auteuriste », multipliant les très gros plans pour ne pas perdre son personnage. C’est vraiment dommage… Une juste distance aurait permis d’éviter ce maniérisme inutile ici et aurait donné une dimension plus universelle à un sujet qui le méritait amplement. Là, elle navigue entre une nature hostile mais superbement filmée et des plans mal définis où l’on se perd. Ainsi, ce film devient-il une oeuvre et non pas la référence qu’il méritait d’être. Ce qui ne l’a pas empêché de recevoir le Prix du public au festival international de Locarno en août 2012.

Avec Saskia Rosendhal, Kai Malina, Ursina Lardl.

2012 – Allemagne/Australie – 1h48.


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