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Catherine Deneuve, prix Lumière 2016

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Catherine Deneuve a été sacrée du Prix Lumière 2016 à Lyon. Une récompense méritée au regard d’une carrière riche et exigeante qu’elle a élégamment dédiée aux agriculteurs français. Quelle audace !

La Reine Catherine

En huit ans, c’est la première fois qu’une femme est sacrée du Prix Lumière. Et Catherine Deneuve est l’heureuse élue. A l’issue d’une cérémonie enjouée et élégante, à l’image de la star, Roman Polanski, avec qui elle avait tourné Répulsion, lui a remis le prix. Le trophée est la copie d’un boîtier caméra en laiton qu’utilisaient les Frères Lumière.

Catherine Deneuve et Roman Polanski au Prix Lumière 2016

Avant de recevoir cette récompense qu’elle a « dédiée à tous les agriculteurs de France » – ceux qui ignorent sa passion pour les plantes ont dû être surpris – Catherine Deneuve a reçu plusieurs hommages de personnalités qu’on sait proches d’elle. Le plus vibrant, intime est venu de Vincent Lindon. Il a loué son originalité et son goût pour la vie, « la vie qu’elle place toujours avant le cinéma » a-t-il dit. En rappelant qu’elle est pour lui, « un peu plus qu’une femme mais jamais moins qu’un homme ».

« Catherine Deneuve, l’homme que j’aurais aimé être », dixit Gérard Depardieu

Quentin Tarantino, lui, a raconté leur première rencontre, quand il a reçu de son jury la Palme d’Or à Cannes et qu’elle l’a félicité. Par un simple « Congratulations » alors qu’il bafouillait un « I don’t know what to say ». Natalie Dessay et Lambert Wilson, en solo ou en duo, et à quelques notes justes près pour lui, ont célébré sa carrière en chanson, en interprétant notamment des extraits des Parapluies de Cherbourg et des Demoiselles de RochefortDaniel Auteuil qui n’était pas présent l’a embrassée à sa façon. Thierry Frémaux a rappelé via les mots d’Arnaud Desplechin que Catherine Deneuve est, à travers ses rôles, « le plus grand réalisateur européen ».

Catherine Deneuve (Nelly) dans Le Sauvage de Jean-Pierre Rappeneau

La cérémonie s’est conclue par des premières images tournées par les frères Lumière. Ont suivi un karaoké géant sur Dieu est un fumeur de havanes de et avec Serge Gainsbourg.  Et, enfin la projection de l’haletante comédie Le sauvage de Jean-Paul Rappeneau. Il en a profité pour rappeler que pour lui « Elle est la grâce, le mouvement et la vitesse ». En revoyant le film, on comprend pourquoi. 

La (master-) class Deneuve

Un peu plus tôt dans la journée, Catherine Deneuve avait donné une master-class au Théâtre des Célestins de Lyon. Un rendez-vous public un peu décevant, où elle a pourtant été drôle, précise mais plutôt pas très bien interrogée par Thierry Frémaux et surtout par Bertrand Tavernier, plus passionnés par leur cinéphilie que par la sienne.

Catherine Deneuve arrive pour sa master-class au Théâtre des Célestins

Elle a pourtant rappelé qu’elle continue à aller au cinéma trois à quatre fois par semaine, qu’elle aime le cinéma français et du cinéma asiatique. A peine a-t-elle expliqué que le plus difficile pour une actrice est de choisir ses rôles, qu’elle mise surtout sur le metteur en scène et l’histoire qu’aucun de ses deux interviewers n’a enchaîné sur ses décisions de tourner avec Raul Ruiz, Marco Ferreri, Manoel de Oliveira, Gaêl Morel… Non, on tourne toujours autour des mêmes : Jacques Demy, Luis Bunuel, Lars von Trier, François Truffaut (dont elle parle au présent)…

Catherine Deneuve, l’incarnation de la Française

Aurait-elle pu vivre à Hollywood, elle qui y a tourné deux films ? « Non, j’ai vite eu envie de revenir en Europe et d’ailleurs je n’ai pas refusé de carrière là-bas », explique-t-elle, an ajoutant qu’elle se sent très française, « plus française que parisienne ».

Chiara Mastroianni et Catherine Deneuve à l’issue de la remise du prix Lumière

Elle s’amuse de ses incartades dans des domaines qui ne sont pas le sien, comme ces virgules amusantes sur la mode signées Loïc Prigent, parle de sa soeur Françoise. On parle ensuite de la présentation de la Grande bouffe à Cannes. Elle signale alors qu’elle n’était qu’accompagnatrice de Marcello Mastroianni et donc peu concernée, mais la discussion sur le sujet enfle. Sans raison. Elle a juste le temps de glisser qu’elle est « spontanée pas provocatrice ». « Vous n’êtes pas Donald Trump », répond alors étrangement Bertrand Tavernier. « A part la mèche », rétorque-t-elle aussitôt avec un art de la répartie bien senti.

Une autre auteur.e du cinéma français

Elle prétend ensuite qu’elle ne fait pas le choix des films d’auteurs contre les succès commerciaux que selon elle, on ne peut jamais anticiper. mais qu’elle s’est laissée portée par ses envies, quelques compagnonnages aussi avec André Téchiné ou Christophe Honoré. « Je cherche mon chemin »avoue-t-elle, sans être relancer. Elle rechigne ensuite à être cataloguée comme femme engagée même si son parcours prouve parfois l’inverse. « Jamais pour un homme politique, rétorque Thierry Frémaux. « Non, d’ailleurs vous seriez étonné si je vous disais pour qui je vote », glisse-t-elle.

Milos Forman, Catherine Deneuve et Chiara Mastroianni dans Les bien-aimés de Christophe Honoré

Dans son métier, elle regrette « de ne plus pouvoir les rushs », regrette quelques films – notamment Il était une fois… la légion de Dick Richards – mais elle assume se prépare à ses rôles sans coach,  avoue avoir appréhendé à tourner avec sa fille Chiara dans Les Biens-aimés de Christophe Honoré même si ce fut simple, salue Milos Forman qui y jouait son mari. Et affirme se faire « une si haute idée de la réalisation « , qu’elle ne passera jamais derrière la caméra.

Costa-Gavras et Catherine Deneuve rue du premier film, à Lyon

Elle l’a pourtant fait le lendemain en réalisant son premier court-métrage : un remake de la Sorties des Usines Lumière. Elle l’a tourné dans la fameuse rue du premier film, passage obligé de tout invité d’honneur du Festival Lumière de Lyon.

© Festival Lumière / Jean-Luc Mege – Olivier Chassignole – Lea Rener

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