Cine Woman

Bird people

Anaïs Demoustier dans le RER

Le fantastique du quotidien


BIRD PEOPLE Bande-annonce par diaphana

Voilà 7 ans qu’on attendait des nouvelles de Pascale Ferran, prometteuse réalisatrice, fer-de-lance d’un certain cinéma français au féminin. Mais, depuis son adaptation et la déclinaison en série TV de Lady Chatterley et l’homme des bois de D.H Lawrenc, rien. Juste du militantisme pour alerter sur les « films du milieu », ceux qui méritent plus qu’un financement à l’arrache sans avoir une vocation purement commerciale. Sept ans de réflexion pour écrire cette première envolée vers le cinéma fantastique.

Non-lieux

Après une séance d’introduction inspirée bien qu’imparfaitement mise en scène, qui permet à une caméra mobile de révéler ce qui se passe dans la tête des usagers du RER B, tout le film ou presque se passe, tel un huis –clos post-moderne, dans à l’aéroport de Roissy et dans l’hôtel Hilton qui jouxte un des aérogares.

C’est dans ce « non-lieu », moderne, relié au monde par les nouvelles technologies et la possibilité immédiate de prendre l’avion, que l’on va suivre Gary (Josh Charles), en pleine crise existentielle, et Audrey (Anaïs Demoustier) en pleine recherche d’un sens à donner à sa vie.

Tombé de haut

Gary, tout d’abord, puisque c’est à lui qu’est consacré le premier et le plus long chapitre du film, est un ingénieur de haut vol, qui passe sa vie dans les avions, de San Francisco à Dubaï. Tout va bien pour lui : les contrats tombent, il est marié et père de famille. Mais, en pleine nuit, alors qu’il est en long transit, les angoisses, la fameuse middle-age crisis le rattrapent. Il quitte tout et tous, sans autre explication qu’il ne supporte plus sa vie et commence à errer dans sa chambre d’hôtel, à l’aéroport avant de partir en voyage.

Audrey, elle, est une jeune femme de chambre du Hilton. Elle a délaissé ses études, travaille par nécessité, sans conviction mais avec implication. Dans ce second chapitre du film qui lui est consacré, sa vie va brutalement prendre un sens inattendu. Ne demandez pas lequel. A la demande de Pascale Ferran, on ménagera le suspense…. Qui a d’ailleurs peu d’intérêt tant il n’est inexpliquable, inexpliqué et incompréhensible.

La fascination du vide

Impossible aussi de ne pas imaginer que Gary et Audrey vont se croiser. Là, encore l’attente est déçue puisqu’aucun des personnages ne suscite jamais suffisamment d’empathie pour qu’on envisage son avenir.

C’est peu dire que le film de Pascale Ferran est décevant. Non seulement il est vide de sens, de suspense, de signification, bref d’un scénario, mais il est long, très long pour expliquer le vide avec, en plus, quelques fausses pistes inutiles (le personnage joué par Roschdy Zem auquel une petite séquence est consacrée sans suite par exemple).

Un vent

A l’exception d’une idée développée dans le générique (décrite plus haut) et de deux scènes intenses – la rupture sur Skype et les dessins du moineau par le jeune japonais – , rien ne vient sauver ce quatrième long métrage du naufrage. Et surtout pas la séquence de survol de la zone aéroportuaire sur l’inévitable Major Tom de David Bowie. On passe donc…

A noter : la première apparition de la jeune chanteuse Camilla Jordana en femme de chambre

De Pascale Ferran, avec Anaïs Demoustier, Josh Charles, Roschdy Zem…

2012 – France – 2h07

Le film était sélectionné au Festival de Cannes 2014, dans la section Un certain regard. 

© Archipel  ©Carole Berthuel

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